L’histoire démarre sur les chapeaux de roues. D’emblée,, le lecteur est plongé dans un monde flashy et à l’ambiance lovecraftienne avec de drôles de créatures amphibiennes. Alors qu’il fuit avec une collègue, Grant McKay, un héros loin d’être exemplaire, nous dévoile ses états d’âme, son sentiment d’impuissance, d’échec et de tristesse, car il estime avoir trahi la confiance de ses proches. Bien sûr, nous assistons à cette fuite éperdue et désespérée sans en comprendre la raison, jusqu’à ce qu’il arrive au Pilier.

C’est alors que l’on se rend compte de la démesure du récit, car la deuxième étape nous plonge sur une Terre alternative : guerre de tranchées entre des hommes parlant allemand mais aux casques anglais et des Indiens bien plus avancés technologiquement.
Après une entame d’inspiration fantastique, la suite nage dans l’uchronie, évoquant notamment des guerriers venus d’un continent inconnu. Dans cette trame, on peut penser que l’Amérique n’a pas été découverte et que l’Europe a connu un autre destin.
Le sabotage de la machine l’a rendue incontrôlable et elle les envoie n’importe où pendant une durée aléatoire, ce qui rajoute du piment à l’histoire et permet à Rick Remender de laisser libre cours à son imagination.
C’est ainsi que les ambiances changent fréquemment et, comme si cela ne suffisait pas, le scénariste revient régulièrement sur le passé, nous apprenant petit à petit comment les personnages ont pu en arriver là. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, leur point de départ, où Grant McKay a inventé le Pilier, ne doit pas être le nôtre, car science et magie noire y cohabitent.
Les acteurs de “Black Science” ne font pas forcément de vieux os et ceux qui poursuivent l’aventure se déchirent sans cesse. Les anciennes rivalités ont la vie dure... et le voyage entre dimensions offre bien des possibilités.

Du fait de cette diversité, Matteo Scalera peut se faire plaisir et développer bien des décors différents. Le constat est le même pour les êtres des mondes visités et le côté esthétique qui se révèle très réussi. Par exemple, les armures des Indiens arborent des plumes métalliques et ces guerriers portent des tomahawks lasers. Le trait est nerveux et énergique. Intelligemment, Grant McKay est affublé d’un long nez pointu, ce qui le rend identifiable entre mille. Les clins d’œil parsèment le récit et Matteo Scalera aime semer le doute en mélangeant les codes.
La colorisation est au diapason et renforce encore le dessin. Au début, les couleurs sont criardes et concourent à nous en mettre d’entrée de jeu plein la vue. On sent qu’il y a de l’électricité dans l’air et que la suite s’annonce des plus mouvementées.

Ce tome 1 porte bien son titre, “De Charybde en Scylla” illustre bien le propos. Les affaires du groupe embarqué dans une partie de saute-moutons inter-dimensionnelle ne sont pas brillantes et la fin ne présage pas du meilleur...
Avec un scénario efficace et ouvrant sur tous les champs de l’imaginaire, des dessins inspirés et renforçant l’histoire, la série “Black Science” se révèle mouvementée, très attachante et mérite largement d’être découverte.
D’autant qu’au prix promotionnel de 10 euros le premier tome, c’était une aubaine.
A suivre dans Black Science (T2) La boîte de Pandore
(T1) De Charybde en Scylla
Série : Black Science
Scénario : Rick Remender
Dessin : Matteo Scalera
Couleurs : Dean White
Traduction : Benjamin Rivière
Éditeur : Urban Comics
Collection : Indies
Dépôt légal : 13 février 2015
Format : 17 x 26,3 cm
Pagination : 176 pages couleurs
Numéro ISBN : 978-2-3657-7591-5
Prix public : 10 € (prix le temps de la promotion), puis 15 €
Illustrations © Urban Comics, Remender & Scalera - Tous droits réservés