Sous forme de fix-up, Laurent Genefort nous invite à découvrir la planète Garance. À travers six nouvelles, il développe l’histoire humaine sur cette planète, Lum’en servant de fil rouge entre ces différentes parties. Ces courtes interventions prêtent longtemps à caution, on se demande quel est leur intérêt, même si lors de “Colonie lourde”, une ébauche de communication s’établit. Laurent Genefort ne dévoile que lors de la conclusion pourquoi cette entité figure dans « Lum’en ». Il l’inscrit alors dans quelque chose de plus grand, montre que la civilisation humaine n’est finalement qu’éphémère, qu’elle déborde de frénésie par rapport à des intelligences qui nous restent totalement étrangères et par là difficiles à appréhender.
Il dénonce aussi le colonialisme, transposé à l’occasion à l’échelle d’une planète. L’écosystème en place ne pèse pas lourd dans la balance et l’intelligence des Pilas, l’espèce locale, est rejetée par les décideurs, car elle nuirait aux enjeux commerciaux.
Quand l’homme pose les pieds sur Garance, il faut qu’elle soit rentable, le reste n’est que secondaire. Laurent Genefort expose brillamment les différentes étapes par lesquelles passe Garance. Il choisit à chaque fois des angles différents pour aborder le sujet, ce qui évite toute impression de redite. De plus, les personnages sont loin de se ressembler, tout comme les hommes qui empruntent des voies différentes pour vivre sur Garance, mais sortir des sentiers battus n’est pas approuvé. Une seule ligne de conduite est admise : l’exploitation des ressources de la planète pour qu’elle dégage du profit et que la colonie continue à prospérer. Dans le cas contraire que se passerait-il ?
On y décèle aussi un certain fanatisme qui conduit à des mesures extrêmes. Un petit nombre de gens décide pour le plus grand nombre, croyant obéir à des desseins supérieurs. Leurs actes décideront finalement du sort de la colonie.
C’est tout cela que l’auteur développe dans ce roman de 300 pages qui se lit avec le plus grand plaisir, car il apporte une belle diversité dans son traitement, notamment avec les divers points de vue abordés.
En tant que lecteur, on se rend compte de ce que les humains manquent, la majorité portent des œillères et s’ils savaient observer, ne pas couvrir leur cité de béton, s’isolant de l’extérieur, ils auraient pu découvrir la présence de Lum’en. Mais en auraient-ils seulement eu envie ? Y auraient-il vu un profit ?
Par son propos, « Lum’en » soulève bien des questions , l’auteur pose un regard lucide sur la question de notre développement perpétuel. Ce roman nous ramène aussi à des épisodes douloureux de notre passé. Le traitement est intelligent et l’histoire bien plus développée que l’on aurait pu le penser à l’origine. Laurent Genefort nous invite à un planet opera bien maîtrisé et des plus intéressants, nous prouvant une fois de plus toute sa maestria en la matière.
Il est à noter que deux parties ont déjà été publiées sous des titres différents. Si cela n’était pas précisé en début d’ouvrage, on serait bien en peine de le remarquer, car elles s’intègrent parfaitement à l’ensemble.
Titre : Lum’en
Auteur : Laurent Genefort
Couverture : Manchu
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 320
Format (en cm) : 13,9 x 20,5
Dépôt légal : mai 2015
ISBN : 978-2-84344-135-6
Prix : 19 €
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