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Kurokochi (T1 et 2)
Takashi Nagasaki, Koji Kono
Komikku éditions

Shingo Seike est un jeune administrateur de police, fraîchement promu. On lui confie une affaire sentant doucement le souffre : l’assassinat d’une jeune femme ayant un lien avec Bungo Goda, un politicien local. Mais cette affaire cache un sale coup que lui fait son supérieur puisque qu’il l’oblige à travailler avec l’inspecteur Kurokochi. Ce dernier est certainement le flic le plus pourri du Japon. Membre de la deuxième brigade, à force de fréquenter les politiciens véreux, il est devenu comme eux, voire pire. Et Shingo est chargé de trouver des éléments pour faire tomber cette honte pour la police. Mais contrairement à ce que pouvait penser le jeune administrateur, Kurokochi ne cache nullement ses petites magouilles. Chantages, bakchichs, Kurokochi mange à tous les râteliers et ne s’en cache pas, mais alors que Shingo est près à le dénoncer à ses supérieurs, Kurokochi lui révèle le but ultime de ses manœuvres : faire tomber le gouverneur Sawatari pour de multiples meurtres commis il y a 15 ans.



En venant chercher l’ancien yakuza, Takamiya, à sa sortie de prison, Kurokochi ne fait évidemment pas preuve de la moindre bonté. Son but est très simple : forcer l’ancien mafieux à faire tomber celui qui lui a couté 12 ans de sa vie. Condamné pour vol, Takamiya a en fait plongé pour sauver la peau de celui qu’il considère comme son frère de sang. Ce dernier subissait le chantage d’un journaliste, plus proche du fouineur, qui avait découvert leur lien. Jeune entrepreneur plein d’ambition, le relier au monde des yakuzas pouvait détruire à jamais sa carrière. Et pour faire taire le journaliste, Takamiya avait volé la somme permettant de payer son silence. Seulement, Kurokochi profite de leur petit entretien pour lui fair découvrir la news du jour : le corps du fameux journaliste vient d’être retrouvé. Mais pire que cela, Kurokochi lui apprend la véritable raison du chantage : ce n’était pas du tout lui, mais la malsaine habitude qu’a son ami de violer des prostituées. C’est ainsi que Kurokochi parvint à faire tomber Shinnosuke Ayakawa. Toutefois, ce n’est que la première étape du nouveau plan de Kurokochi pour faire tomber un haut fonctionnaire, mais il va aussi se mettre à dos une organisation que même lui ne peut affronter sans en payer le prix...

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En découvrant les auteurs de cette nouvelle série, on ne peut avoir que l’eau à la bouche. D’un côté, Takashi Nagasaki n’a vraiment plus besoin de démontrer qu’il n’est pas qu’un simple second couteau du très grand Naoki Urasawa, avec qui il travaille sur les série Billy Bat et Master Keaton. Et avec “Kurokochi”, le mangaka nous montre tout son humour noir, sarcastique en mettant en scène le flic le plus pourri imaginable. Vous pensiez que les policiers de la série “The Shield” était la pire honte pour les forces de l’ordre, vous n’aviez en fait rien vu. Kurokochi mange littéralement à tous les râteliers, ayant bâti sa réputation sur le chantage et l’extorsion de fonds. Kurokochi est un vicieux de première, avec un esprit tortueux, capable de monter des plans à multiples tiroirs pour faire tomber d’autres pourris. Car ce flic totalement amorale recherche toujours une forme de justice. Car ce manga possède tout de même un brin de morale même si les méthodes de Kurokochi n’en ont aucune.

Comme une bonne conscience, Takashi Nagasaki lui a associé le jeune officier de police parfait, encore plein de convictions qui va toutefois s’associer à cet inspecteur qui est son parfait opposé et, loin de le dénoncer, va finir par aller jusqu’à le couvrir. On est très loin des récits politiquement correct, même si Shingo Seike laisse penser qu’il pourrait y avoir une forme d’espoir chez Kurokochi. En tout cas, le pauvre Shingo est mené par le bout du nez par un Kurokochi qui prend des chemins vraiment tortueux pour arriver à ses fins. Le lecteur comprend alors que l’un des intérets de cette série est de pouvoir déjouer les machinations de Kurokochi et comprendre avant l’explication du mangaka par quel procédé le flic arrivera à piéger sa cible. Et il faut bien avouer que le mangaka est tout aussi vicieux que son personnage et adore nous emmener sur de fausses pistes.

Au dessin, nous retrouvons Koji Kono qui nous avait impressionné avec Gewalt. Le politiquement incorrect, ce mangaka connait, et passer de la violence comme manière de s’extérioriser au pire ripoux de la planète, le pas était facile à franchir. On reconnait vite son style avec un coup de crayon très reconnaissable pour les traits de ses personnages. Ce format semi-réaliste lui permet un surjeu tout à fait naturel chez Kurokochi, qui utilise cette exubérance pour tromper son monde. Koji Kono réussit à garder des traits japonisant là où d’autres ont tendance à trop occidentaliser leurs personnages. Koji Kono a su donner un style bien à lui à Kurokochi, souvent en mode Columbo côté tenu, mais plutôt en mode “Miami Vice” pour les bagnoles et les appartements.

“Kurokochi” est réellement jubilatoire, possédant tout ce qu’on adore dans un polar, avec sa forme de morale bien à lui.


Kurokochi (T1 et 2)
- Scénario : Takashi Nagasaki
- Dessin : Koji Kono
- Traducteur  : Yohan Leclerc
- Éditeur français : Komikku éditions
- Format : 13 x 18 cm
- Pagination  : 208 pages
- Date de parution : 19 mars 2015
- Numéro IBSN : 9782372870115 ; 978-2372870122
- Prix : 8,50 €


© Takashi Nagasaki, Kôji Kôno 2013
© Komikku éditions- Tous droits réservés



Frédéric Leray
19 avril 2015




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