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Dissonances
Carin Gerhardsen
Fleuve Noir, Thriller Policier, roman traduit du suédois, policier, 384 pages, avril 2015, 19,90€

Une jeune fille nue est trouvée devant la porte de l’appartement de John Gideon. Elle a été violée et les voisins dressent un portrait peu flatteur du monsieur en question. Chacun raconte que beaucoup d’adolescentes, voire plus jeunes encore, se rendaient chez lui. Ce réparateur de piano semble le coupable désigné.
Petra qui a connu une expérience semblable prend cette affaire très à coeur et mène l’enquête avec des oeillères pointées en direction de John Gideon. En plus, ce dernier est introuvable , ce qui renforce sa conviction. Son compagnon et collègue Jamal se méfie des apparences trompeuses et se veut plus professionnel, n’écartant aucune piste. Il sait d’ailleurs des choses qu’il ne partage qu’avec leur chef Conny Sjöberg.
L’enquête s’annonce plus délicate que prévue...



« Dissonances » est le cinquième ouvrage de Carin Gerhardsen à paraître en France et une nouvelle occasion de découvrir les protagonistes du commissariat d’Hammarby et plus particulièrement l’équipe de Conny Sjöberg. Mais l’auteure ne se cantonne pas à les décrire dans leur rôle de policier, elle nous dévoile aussi leur face plus intime en les suivant chez eux. Derrière les flics se cachent des hommes et des femmes : Jamal et Petra forment un couple, Conny Sjöberg et Sänden sont pères de famille et connaissent les tracas allant de pair. Ce suivi des personnages dans deux vies très dissemblables nous les rend d’autant plus attachants. Lire un roman de Carin Gerharsen, c’est un peu comme retrouver une famille que l’on apprécie et dans laquelle on est invité à partager les joies et les peines.

Une fois de plus, son imagination s’avère machiavélique, « Dissonances » regorge de faux-semblants. Trouver Veronica nue devant l’appartement de John Gideon en fait le coupable idéal, surtout avec les médisances du voisinage. Petra s’empresse bien sûr de le clouer au pilori, à l’inverse de son compagnon Jamal qui craint que leur relation n’en souffre.
Intelligemment, elle nous dévoile au fur et à mesure une confession que Gideon a adressée à une femme et qui le dépeint au début comme une personne peu recommandable. Aussi bien dans l’esprit du lecteur que dans celui des policiers, il semble louche et sa réputation n’apparaît alors pas usurpée.
Si la victime pouvait leur révéler ce qu’elle a subi, les choses en seraient plus simples pensent-ils. Toutefois, son témoignage serait-il digne de foi ? Carin Gerhardsen se plaît à embrouiller l’enquête et n’hésite pas à greffer dessus un drame personnel avec la fille de Sänden, un peu simple d’esprit et qui se retrouve démunie dans une situation horrible. Impuissants, les lecteurs assistent à sa détresse, à son incapacité à réagir et à faire le bon choix.
De nombreuses pistes se dessinent, souvent ne débouchant sur rien, mais comme souvent la vérité éclatera. Du moins une vérité !

« Dissonances » se révèle dur, cet ouvrage met mal à l’aise par le thème exposé, celui du viol et du désarroi des victimes qui ne savent pas comment réagir et qui souvent préfèrent se taire, à l’image de Petra. Si on peut adresser un reproche à Carin Gerhadsen, c’est la grosse ficelle utilisée pour lier les deux affaires de viol. Elle use ici de facilité, mais livre une conclusion sans pitié et propice à faire réagir.
Ce roman est aussi dur, car il met en scène deux adultes aux capacités intellectuelles limitées : la fille de Sänden, ainsi que le frère de Veronica, un jeune homme d’une vingtaine d’années et dont certains profitent du handicap d’une façon abjecte qu’il n’est pas en mesure d’appréhender.
Et comme si cela ne suffisait pas, pédophilie, meurtre... sont aussi au programme.

Avec « Dissonances », Carin Gerhardsen signe un roman fort à l’ambiance particulièrement éprouvante, surtout à la fin. Le lecteur est mis à mal par le cas relaté avec ses multiples ramifications. L’intrigue s’avère particulièrement retorse et bien vue et son déroulement abonde en chausse-trappes afin de compliquer l’affaire. Comme pour ses autres romans, « Dissonances » s’avère bien plus riche et complexe qu’on l’aurait soupçonné de prime-abord.
Carin Gerhardsen s’impose comme une auteure de thriller particulièrement inspirée, sachant remuer les tripes des lecteurs, tout en les invitant à retrouver la police d’Hammarby, devenue au fil des volumes comme une famille lointaine que l’on aime revoir.


Titre : Dissonances (Gideons Ring, 2012)
Auteur : Carin Gerhardsen
Couverture : Laurent Besson
Photos : © Istock
Traduction du suédois : Charlotte Drake et Patrick Vandar
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : Thriller Policier
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 384
Format (en cm) : 14 x 22,5
Dépôt légal : avril 2015
ISBN : 978-2-265-09813-8
Prix : 19,90 €



Pour contacter l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
9 avril 2015


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