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Solaris n°193
L’anthologie permanente des littératures de l’imaginaire
Revue, n°193, science-fiction / fantastique / fantasy, nouvelles – articles – critiques, hiver 2015, 160 pages, 12,95CAD

Mario Tessier n’est jamais à cours d’idées d’articles. Il nous le prouve une nouvelle fois avec “La cartographie réelle du pays des Élois et des Morlocks”. Bien sûr, le titre évoque tout de suite « La machine à explorer le temps » d’H. G. Wells et le lointain futur qu’il a imaginé. Mario Tessier nous invite à une visite guidée sur les traces de l’écrivain. Il nous montre comment ce dernier s’est inspiré de la réalité pour donner sa vision de l’avenir.
La promenade passe, entre autres, par Crystal Palace, le métro londonien... et s’avère agréable. Comme d’habitude, c’est très instructif. Ces articles se révèlent à chaque fois un rendez-vous incontournable dans « Solaris ».



Au sommaire se trouvent des noms que j’apprécie retrouver au fil des numéros : Dave Côté, Geneviève Blouin, Mathieu Croisetière et Claude Lalumière.
Mathieu Croisetière nous embarque dans une virée en forêt y chercher un sapin pour Noël. La neige rend l’opération difficile, mais ce n’est rien comparé à l’hostilité des arbres... “Le gardien” sent bon les vastes territoires du Canada, l’inquiétude monte doucement, les trois potes dégrisent vite quand ils comprennent qu’ils ne sont pas les bienvenus. Du fantastique efficace et dépaysant en diable pour les lecteurs de ce côté de l’Atlantique.

Même s’il est d’origine francophone, Claude Lalumière écrit en anglais et ce sont à chaque fois des traductions que l’on lit dans « Solaris ». Katrina vit en solitaire, elle évite de nouer des contacts, car elle voit au-delà des simples apparences. En chacun, elle discerne ce qu’aurait pu être sa vie s’il avait fait les bons choix.
Les fleurs de Katrina” s’avère redoutable, on ne comprend l’enfer que vit Katrina qu’au fur et à mesure, on partage sa joie simple de trouver dans les fleurs des compagnes lui évitant toutes souffrances. Mais la vie ne peut être si simple ! Cette nouvelle possède une logique, un côté inéluctable qui donne froid dans le dos et la conclusion est implacable, à la hauteur de ce qui précède.

Les maisons d’éternité” se présentent comme le summum de l’évolution, chaque travailleur souhaite connaître l’immortalité dans une de ses cuves. Mais est-ce encore vivre ? Quand un incident survient lors de la veille de Néféri, elle est bien obligée de se poser la question.
Deux réalités s’affrontent dans ce texte de Geneviève Blouin : celle de ceux qui entretiennent les cuves des Éternels, s’échinent en espérant connaître un jour cette félicité et celle des Éternels qui mènent une existence virtuelle mais bien plus palpitante et aux accents bien plus réels. L’auteure nous interpelle sur ce qu’est la vie, sur ce qui vaut la peine d’être vécu. Il faut reconnaître que ça fait réfléchir.

Dave Côté nous livre une drôle d’histoire, choc de deux civilisations ou pourrait-on penser de deux époques différentes. Son idée est assez folle, la motivation de Vynce à débarquer sur la planète Mélanie l’est tout autant : il rêve d’olives ! Pour ce faire, il traverse l’atmosphère de la planète en ramant à bord d’une barque ! Dans sa course à l’olive, il croise des autochtones dont on a du mal à se faire une représentation, tellement elle est changeante, mais gageons qu’il s’agit de notre société assiégée par l’équipage d’un galion, désireux de préserver l’intégrité de notre terre.
Les olives de Mélanie” (clin d’œil à une connaissance ?) déborde d’’imagination et d’une douce folie jubilatoire.

Aux côtés de ces quatre auteurs du cru, on trouve deux Français, si l’on considère que Serena Gentilhomme habite à Besançon. Cette dernière nous donne une lettre de quatre pages à lire. Milly et Florian James l’adressent à leur oncle, un parent aux abonnés absents. Ils y décrivent l’enfer vécu au contact de sa gouvernante. Court, percutant et terrifiant. “Rainbow Creek”, quatre pages qui font mouche !

Bernard Henninger signe “Cargo Zuàng Zhì”, la fiction la plus longue de ce numéro. On pourrait parler de space opera érotique, car l’histoire suit un équipage sillonnant l’espace pour contenter les appétits sexuels des équipages masculins. Les femmes obligées d’accomplir ce devoir pour la grandeur de la nation craignent ces escales où elles voient la bête qui sommeille en chacun de ces hommes reclus se réveiller.
L’espace est dominé par la Chine qui se fiche pas mal des appels à détresse émanant de vaisseaux d’autres nations. Tout ce qui compte, c’est le bien des Taïkonautes ; ce qu’ils font subir aux femmes importe peu, les intérêts supérieurs priment.
Mon avis s’avère mitigé. L’intérêt de la révolte des femmes face à leur condition et l’univers décrit avec la dirigeante toute puissante est contrebalancé par l’entrée en lice d’un Américain des plus détestables, de surcroît le pilote, et d’une surenchère dans la description des dépravations. Il n’y avait pas besoin d’en rajouter pour que cette nouvelle fonctionne. À trop vouloir en faire, Bernard Henninger a sabordé le cargo. Vraiment dommage !

Il est à noter que le volet critique littéraire est plus important qu’à l’accoutumée, car la production québécoise, décryptée dans “Les Littéranautes”, a été particulièrement abondante.

Mis à part un texte, le sommaire se révèle inspiré et il nous fait passer par bien des émotions. De plus, la balade londonienne sur les traces de Wells est très instructive.


Titre : Solaris
Numéro : 193
Rédacteur en chef : Joël Champetier
Couverture : Tomislav Tikulin
Type : revue
Genres : nouvelles, articles, critiques
Site Internet : Solaris ; numéro 193 
Période : hiver 2015
Périodicité : trimestriel
ISSN : 0709-8863
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 12,95 CAD


Pour contacter l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
1er avril 2015


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