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Gandahar n°1
Une publication de l’association Gandahar
Revue, n°1, SF – fantasy - fantastique, nouvelles-article, novembre 2014, 118 pages, 7€

En novembre 2014 est sorti le premier numéro de la revue « Gandahar », une publication de l’association du même nom présidé par Jean-Pierre Fontana. La couverture est signée Philippe Caza qui illustre parfaitement le thème de cette première parution : les volcans.
Ce choix du dessinateur n’est bien sûr pas innocent, c’est lui qui s’était chargé des dessins du film d’animation « Gandahar » de René Laloux, une adaptation du roman « Les Hommes-machines contre Gandahar » de Jean-Pierre Andrevon. D’ailleurs, si l’on regarde bien, on trouve dans les membres honoraires de la publication Caza et Andrevon.
En charge de la revue, Jean-Pierre Fontana donne d’emblée une légitimité à cette dernière. Son expérience dans ce domaine n’est plus à prouver. Dans sa version « Mercury », « Galaxies » lui confie deux numéros par an.



La première chose qui m’a surpris en découvrant « Gandahar », c’est sa taille. Le format est nettement plus grand que pour ses homologues « Bifrost » ou « Galaxies ». En second, c’est sa finition. Pas de tâtonnement, une belle qualité nous est offerte d’emblée. Nous n’avons pas du tout affaire à un numéro 0 pour voir, mais un vrai numéro 1 pour un démarrage ambitieux. Un qualificatif qui convient bien à « Gandahar ».
L’objet est donc très séduisant, il reste à découvrir si le contenu suit. D’ailleurs, l’équipe se concentre sur les textes. Hormis un article sur les volcans, pas de partie rédactionnelle. La revue n’est donc pas liée à l’actualité.

Dans sa présentation des volcans dans les littératures de l’imaginaire, il est un peu dommage qu’André Woodcock hésite sur le ton à donner. Mi sérieux mi humoristique, son papier ne dégage pas toujours la sérénité qu’il devrait. Par contre, il est très bien illustré avec couverture de livres et anciennes cartes postales du Puy-de-Dôme.

Vivant en Auvergne, Christine Brignon a installé son récit “Étoile et le Dragon rouge” à l’ombre de ce géant. Guillaume aime rendre visite à Mathilde dans sa caverne sur les hauteurs de son village. Beaucoup disent du mal d’elle, la traite de sorcière, d’autant que les hommes apprécient sa compagnie. Qu’en est-il en réalité ?
Touche fantastique pour cette nouvelle qui nous offre une agréable incursion sur place. Une entrée en matière toute en douceur, illustrée d’une œuvre picturale de Christine Brignon.

Xavier Portebois nous donne une vision originale de l’activité volcanique. Loin d’être naturelle, elle provient de créatures se promenant dans les galeries souterraines et se jetant dans le magma. Heureusement que Théorian Cambol, secondé par deux aides, possède le moyen de calmer la colère du volcan menaçant la ville. Enfin, si le plan se déroule sans accroc...
Pyrolepsie” mêle théorie rocambolesque, aventure risquée et humour. L’ensemble se marie bien pour notre plus grand plaisir.

L’introduction de Léa Silva pour “Les hommes en blanc” manque d’accroche, elle s’avère un peu trop elliptique à mon goût, ne permettant pas au lecteur de s’immerger dans l’histoire et, comme est est très courte, une fois achevée, on est bien en peine de dire ce qu’elle raconte.

Bruno Pochesci est de toutes les revues et fanzines. Ses dernières apparitions, souvent couronnées de prix, ressemblaient à des feux d’artifices, à une débauche de trouvailles. Tout à fait ce qu’il faut pour un thème comme les volcans. Avec “Le syndrome islandais”, il est moins en verve, on ne retrouve pas la douce folie, avec un fil conducteur fort, qui l’animait dans ses dernières apparitions. Malgré tout, cette épidémie provoquée par les éruptions volcaniques et décimant la population mondiale nous procure de beaux moments de lecture. L’auteur sait agrémenter son texte de passages choc, du moins suffisamment originaux et en rapport avec l’actualité, pour que l’on en sorte avec un sentiment positif. Pas le meilleur Pochesci, mais du bon tout de même !

Dans la chaleur du bain japonais”, Cédric Girard s’attache à des scènes assez banales, mais avec des détails intrigants et propices à éveiller la curiosité sur l’identité de Ymar. C’est court mais bien tourné. Résultat vraiment sympathique.

Feldrick Rivat quitte la sphère terrestre et nous amène à la surface de Io, un des satellites de Jupiter. Il a créé une société de toutes pièces avec ses codes et sa légende vivante qui se bat au quotidien pour que son fils puisse marcher à la surface de Io et ramener une larme d’or du magma.
C’est passionnant, notamment quand il avance dans la fournaise et que la liquéfaction des métaux lui indique les températures. “Les filles de Pélé” se révèle de la bonne science-fiction, dépaysante et décoiffant. Une de mes nouvelles préférées avec celles de Julie Conseil et Martin Le Folgan.

Julie Conseil nous présente Joe, un chercheur de lave qui n’a pas grand succès. Son apprenti ou plutôt larbin le seconde pour le boulot, du moins pour lui assurer un certain confort en se chargeant de toutes les tâches. Un jour, il revient du marché avec la conviction d’avoir vu les mêmes animaux que celui sur la photo de l’ancien patron de Joe. La possibilité d’avoir un Mangeur d’Archées enchante Joe. Si c’était un coup du destin, le début de sa bonne fortune ?
Joe Lahar et les Mangeurs d’Archées” dégage une belle énergie. Il y a de l’inventivité et de l’humour pour une évasion garantie dans un cadre de space op. Bravo !

La Cendreplaine” est la première publication de Martin Le Folgan. Il nous plonge à l’époque des légions romaines avec Sabinus, centurion commandant un camp retranché régulièrement attaqué. La proximité d’un volcan crachant de la cendre complique encore son existence. Mais qui est vraiment l’assaillant ?
On va de surprise en surprise ; ce qu’on a lu au premier degré est à plusieurs reprises remis en question, avec un détail changeant le contexte. Texte prenant et bien plus fouillé que le début ne le laissait penser. Très belle surprise !

La petite fille au ballon” de Dominique Lémuri m’a rappelé sur bien des points “Étoile et le Dragon rouge” de Christine Brignon : les volcans d’Auvergne servent de décor à l’histoire, le fantastique s’immisce en catimini dans la nouvelle, la figure du dragon, pas de grands effets mais plutôt une loupe intimiste. Choix judicieux dans l’ordre de programmation avec une sortie dans la lignée de l’entrée en matière, c’est-à-dire tout en douceur et avec un certain ancrage dans la réalité.

Si l’esthétique de la revue est très réussie, l’intérieur de ce « Gandahar n°1 » se révèle aussi séduisant avec de beaux textes au sommaire. Ce ne sont pas quelques fumerolles qui se sont échappées des volcans, mais de grandes coulées de lave.
Une revue indubitablement à suivre ! Et à qui nous souhaitons une longue existence.


Titre : Gandahar
Numéro : 1
Directeur de publication : Jean-Pierre Fontana
Couverture : Caza
Type : revue
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le blog de l’association Gandahar ; Sa page facebook
Période : novembre 2014
Périodicité : trimestriel
ISSN : en cours
Dimensions (en cm) : 16 x 24
Pages : 118
Prix : 7 €



Pour contacter l’auteur de cet article :
[email protected]


François Schnebelen
6 mars 2015


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