“Entre le premier et le deuxième point” de Natasha Beaulieu aurait pu paraître aussi bien dans « Solaris » que dans « Alibis ». Un fléau a décimé le monde et il semble qu’il y ait des zones relativement épargnées, les fameux points. La ferme d’Évariss Ertobal se situe entre deux points et les voyageurs à pieds ne manquent pas d’y passer. Ertobal a une épouse, mais sa maison abrite aussi une femme de passage qui n’est jamais repartie. Dermondo arrive, tirant une grosse malle...
L’arrière plan de l’histoire s’avère aussi intéressant que mystérieux. Il peut très bien servir de cadre à d’autres récits. Ce qui se passe dans la ferme ne manque pas de piquant, le sexe figure au rang des techniques de survie. Une nouvelle à la frontière des genres très bien écrite et passionnante, autant qu’intrigante.
Chloé Barbe nous présente Pierre, un beau paranoïaque. Depuis tout petit, il nage dedans. En grandissant, cela ne s’est pas amélioré. Maintenant qu’il a hérité de la maison de sa mère décédée, il ne lui reste plus que son frère Gary, un policier sur qui il peut heureusement compter. Un jour, un drôle d’appel : une Chinoise qui dit que son patron n’est pas content, car il n’a pas payé l’argent. Cela semble un canular, une erreur, mais avec Pierre, cela prend tout de suite de grosses proportions.
“Paranoïa pour les nuls” surprend à plus d’un titre. Ce qui arrive à Pierre fait sourire, il y a un côté absurde qui entretient l’intérêt du récit, jusqu’au rebondissement final qui offre une toute autre lecture. Chloé Barbe a parfaitement réussi son coup, elle nous balade tout du long. Belle performance !
Christine Fortier nous permet de mieux connaître l’écrivain danois Jussi Adler-Olsen. Ce qui reste peut-être le plus de cette conversation, c’est la façon dont il mène sa carrière. Il sait ce qu’il veut. Traduit dans quarante-deux langues, il a choisi 75 % des maisons d’éditions.
Norbert Spehner s’est enfin décidé à lire un fascicule qui sentait le renfermé et traînait depuis un moment dans sa bibliothèque. L’entame de son article “Hard-Boiled Canada : Les polars de David Montrose” possède une touche personnelle vraiment agréable et qui donne envie de découvrir la suite. Aucune déception à attendre, c’est du bon travail comme à l’accoutumée.
Dans sa rubrique cinéma, Christian Sauvé s’intéresse aux docu-fictions. Le crime en vitrine recense les sorties polars du trimestre, avant un ensemble de recensions d’ouvrages.
Un numéro d’« Alibis » avec trois nouvelles de haut vol, toutes différentes mais aussi prenantes les unes que les autres. Et puis l’enthousiasme de Norbert Spehner est communicant.
Amateurs de polar, noir et mystère, « Alibis » est fait pour vous. Ce serait dommage de s’en priver.
Titre : Alibis
Numéro : 53
Comité de rédaction et direction littéraire : Martine Latulippe, Jean Pettigrew
Couverture : Bernard Duchesne
Type : revue
Genres : nouvelles, entretiens, articles, critiques
Site Internet : Alibis ; numéro 53
Période : hiver 2015
Périodicité : trimestriel
ISSN : 1499-2620
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 12,95 CAD
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