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Killing Time
Kid Toussaint & Chris Evenhuis
Ankama - Label Hostile holster

Gyorgi Owens, serial killer condamné à perpétuité, est interviewé par une journaliste (Isabelle Bauffays) qui n’a pas froid aux yeux. Appelé la « faucheuse », l’homme se revendique accompagnateur de fin de vie pour des personnes souhaitant en finir. Il assistera le suicide de nombreuses personnes. La journaliste l’interroge sur sa vision de la vie et de la mort mais aussi sur son passé qui l’a amené à devenir le tueur qu’il est. Les choses s’assombrissent au fur et à mesure de l’interview.



Kid Toussaint est le scénariste de cette bande dessinée. Ce jeune belge est déjà l’auteur de plusieurs livres comme « Snooze » chez Clair de Lune, « A l’ombre du convoi » chez Casterman ou encore « Puzzle » chez Horizon. Chris Evenhuis est un partenaire de longue date de Kid Toussaint. Fort d’une expérience dans les jeux vidéo, ce Hollandais est aussi coloriste.

Pleine d’espoir pour ce 2eme opus du label Hostile Holster chez Ankama (après l’excellent « Le tueur de Green River »), je découvre donc ce bel objet : un point fort pour cette série qui soigne ces couvertures, ces embossages et ces choix de matières.

« Killing Time » est un one-shot comme son prédécesseur, mais pas de dimension « réelle » cette fois (« Le tueur de Green River » est écrit et dessiné par le fils de l’inspecteur chargé de l’enquête à l’époque). Cette fois-ci, l’histoire est totalement fictive. Dès la première planche, les auteurs nous mettent tout de suite dans une ambiance très polar américain : couleurs sombres, journaliste sexy et inspecteur en trench volant au vent. Et on débute sur...une histoire finalement très classique, la sexy journaliste, qui n’a peur de rien pour écrire son article, affronte le terrible Gyorgi Owens, tueur à sang froid enchaîné et ultra surveillé dans son pénitencier. Ce n’est bien entendu pas sans rappeler de nombreux romans tel que le « Silence des agneaux ». Le problème lorsque l’on s’attaque à cette forme de scénario, c’est qu’on a en tête tous les grands classiques écrits et ficelés à la perfection et donc on s’attend, si ce n’est à mieux, au moins à aussi bien. Dur challenge.

Malgré mon attention, j’ai eu du mal à suivre le scénario car il saute dans le temps de façon assez intempestive : le présent pour l’interview (qui se déroule sur plusieurs jours et casse donc un peu la tension entre les 2 protagonistes principaux), un autre présent où l’on suit les inspecteurs enquêter sur une autre affaire que l’on ne nous a pas présentée, le passé lors du récit des meurtres, doublé par des passages vus par les inspecteurs à ce moment-là et enfin un passé plus lointain sur l’enfance du tueur, le tout entre-coupé par des passages graphiquement très différents sur deux personnages que l’on ne connait pas, dans un hôpital où travaillait Gyorgi Owens. Il est donc un peu difficile de s’y retrouver et de relier les histoires entre elles. Même si le dénouement est assez surprenant, le contenu ne laisse pas beaucoup de place au suspens et reste en surface, l’auteur passe d’une époque à une autre sans nous laisser le temps de nous attacher aux personnages et sans permettre un plongeon dans l’univers du tueur.

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Du côté du dessin, il est à la hauteur du scénario : correct mais sans beaucoup d’âme. En effet, le choix d’imprimer sur du papier glacé rend au dessin une dimension comics qu’il ne méritait pas forcement. Je n’ai pas été touchée par les personnages, lisses et dignes d’une série américaine (beaucoup trop clichés). Le dessinateur fait un mélange d’ombre en points et en traces de pinceau très prononcées qui parfois ne facilitent pas la lecture. Pourtant certains passages spécifiques, où il s’intéresse à deux petits vieux, fait au trait levé (sans d’effet d’ombre et en bichromie) révèlent, seulement à ce moment-là, le vrai talent du dessinateur qui, ici, nous fait parvenir des sentiments et de la subtilité. Les dialogues sont enfin plus personnels et facilitent l’attachement aux personnages.

Je regrette donc un manque de sensibilité du trait et de la couleur, et de subtilité dans le scénario qui aurait pourtant pu poser des questions sérieuses au sujet de l’euthanasie et du rapport à la mort.


Killing Time
- Scénario : Kid Toussaint
- Dessin : Chris Evenhuis
- Éditeur français : Ankama
- Collection : Hostile holster
- Format : 20x28 cm
- Pagination : 80 pages couleurs
- Date de parution : 26 septembre 2013
- Numéro IBSN : 978-2-35910-386-1
- Prix : 13,90 €


© Ankama - Tous droits réservés



Madha
11 février 2015




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