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Blood Brothers
Cédric Mayen, Arnaud Tribout
Oktoprod

Paris 1988, Lennon a bien réussi dans la vie. Il est cadre dynamique dans un service des ressources humaines, avec une activité qu’il maîtrise à merveille : virer ses collègues. Oui, dit comme cela, il peut paraître peu sympathique, la personne à éviter à tout prix, mais d’un autre côté, il s’en fiche complètement. Car Lennon s’est forgé une vie idéale, un job où ses chefs reconnaissent son efficacité, avec une adorable petite amie qui ferait tout pour son bonheur. Et puis il y a son petit bijou : sa voiture, une superbe 4L. Oui, Lennon a la vie idéale. De temps en temps, il fume un pétard avec Amin, le voisin de sa petite amie Léa. Bon Léa ne l’apprécie pas vu les mauvaises fréquentations du personnage, mais bon, un pote est un pote...



Mais que fait cette fille dans son pieu ? Décidément, Amin a le don pour ramener n’importe quoi chez lui... Bon, Camille est une de ses petites amies habituelles, mais aujourd’hui, Amin n’est pas d’humeur, il a besoin de se fumer un pétard et Lennon, le mec de sa voisine, est le partenaire idéal pour cette activité. Avec lui, Lennon n’a pas les grands airs de mec à costard, il sait qu’avec Amin on s’éclate avec de la bonne. Et justement, il est temps de s’occuper de ses affaires. Ses mecs avaient comme mission de foutre la trouille à la sœur d’un nouvel arrivant qui cherche à lui voler son territoire et on ne rigole pas avec ça. Seulement, ces abrutis sont allés un peu trop loin et ont carrément organisé une tournante sur la fille. Oui, la journée est définitivement pourrie.

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Pour cette nouvelle production d’Oktoprod, c’est un duo de jeunes auteurs qui est à la manœuvre. Cédric Mayen, le scénariste, est un jeune trentenaire ayant fait ses armes avec des courts-métrages pour le cinéma, avant de revenir à ses amours d’enfance : la BD et surtout les mangas. Il commence avec Arnaud Tribout à se faire la main sur « Les Mystères de Paris », avant de s’associer avec Thomas Bouveret et Arnaud Tribout sur « Element R ». Bon, j’avoue n’avoir pas été très tendre sur la critique de ce premier manga, mais Thomas Bouveret s’était montré plus que bon joueur et j’avoue que le deuxième tome s’était nettement amélioré...Il n’y aura malheureusement pas de troisième. C’est donc avec plaisir que je retrouvais ici Cédric Mayen et Arnaud Tribout, jeune dessinateur qui s’est tout de suite spécialisé dans le manga.

Incroyable les progrès que ces deux auteurs ont pu réaliser en trois ans ! « Blood Brothers » est à des années-lumière de « Element R ». Bon, certes, déjà par le sujet. Plutôt que se perdre dans de la science fiction, Cédric Mayen est revenu à un style qui a fait ses preuves en franco-belge : le polar. Ne vous fiez pas à la couverture, ce n’est pas une version française de « Starky & Hutch ». Non, le scénario de Cédric Mayen est noir, vif efficace. En finalement peu de pages pour un manga, il nous dépeint un Paris de la fin des années 80 qui aurait pu servir d’exemple à Mathieu Kassovitz pour « La Haine ». Et dire que les auteurs n’avaient que quelques années ou n’étaient même pas nés à cette époque. Pourtant, les vieux comme votre serviteur s’immergent sans problème dans leur Paris de 1988. D’une histoire qui pouvait sembler banale, les deux auteurs vont en faire une tragédie qui n’épargnera personne, où un cadre tranquille se retrouve embarqué dans les règlements de comptes entre trafiquants. L’histoire est menée tambour battant et le lecteur engloutit littéralement les 52 pages... en se demandant où sont les autres, comme en état soudain de manque.

Si j’étais très dur sur les dessins d’« Element R », je suis scotché par ceux de « Blood Brother ». Arnaud Tribout a compris l’art du manga et l’a mixé avec un style à l’européenne. Ses personnages sont expressifs et les petits défauts qui traînent sont au niveau du détail... Et en parlant de détails, on ne peut pas dire que ses planches en manquent ! Ses décors sont très riches, avec une très bonne maîtrise des effets de vitesse qui seront mis en avant dans la course poursuite en voitures qui achèvera le manga. Les dessins sont pour beaucoup dans l’ambiance, avec tous ces détails rétro, mais qui jouent parfaitement leur effet de Madeleine de Proust chez les lecteurs de mon age. Tout passe et l’ambiance très sombre est rendue avec talent. Une preuve que le manga est idéal pour les polars quand il est réalisé par des auteurs de talents.

« Blood Brothers » est très bon manga à la française, disponible à un prix dérisoire sur le site d’Oktoprod. Il faudrait être resté dans les années 80 pour ne pas en profiter.


Blood Brothers
- Scénario : Cédric Mayen
- Dessin : Arnaud Tribout
- Éditeur français : Oktoprod
- Pagination  : 52 pages
- Date de parution : 20 mars 2014
- Numéro ISBN : 9791093599007
- Prix : 5 oktocoins (entre 0,50 et 0,89€)


© 2013 - Arnaud Tribout, Cédric Mayen
Oktoprod © 2014



Frédéric Leray
3 février 2015




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