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Ad Astra (T3)
Mihachi Kagano
Ki-oon Seinen

Les armées romaines semblent incapables de ralentir l’avancée des troupes d’Hannibal. Au sénat, les discussions sont après et devant le danger, un dictateur a été choisi, mais la stratégie que leur propose Fabius est loin d’enchanter les plébéiens. Pour vaincre Hannibal, Fabius choisit tout simplement d’éviter le combat et d’isoler Hannibal de ses renforts. Son plan est simple mais périlleux : brûler les champs et vider les greniers sur son passage. Sans combat ni ravitaillement, les troupes d’Hannibal ne tarderont pas à perdre leur belle cohérence et Rome se débarrassera de cette menace sans risquer une défaite militaire. Seulement, le sacrifice demandé va bien au-delà car pour les villages qui ne respecteront pas les ordres de Rome, Fabius refuse que les légions romaines n’aillent leur venir en secours. Dans son campement, Hannibal écoute la prophétie d’un impertinent devin lui annonçant de grands malheurs à cause d’une verrue...



Les troupes d’Hannibal poursuivent leur progression sans rencontrer la moindre opposition. Devant la frustration des guerriers, les quelques villages sur leur passage sont irrémédiablement pillés et les habitants massacrés. L’inaction de l’ennemi commence à inquiéter Hannibal qui sait bien qu’une troupe de mercenaires n’a de cohésion que si il leur offre des batailles, des femmes et de l’argent. Il décide alors de prendre position dans la cité de Casinum. Pour les guider, il fait alors confiance à ce devin aux mauvaises augures. Bien mal lui en prend car ce dernier n’est autre qu’un espion à la solde de Rome. Sa mission était de l’entraîner dans des villages bien précis afin d’obtenir sa confiance avant de l’emmener dans le piège tendu par Fabius, dans la plaine de Campanie. Seulement, les choix de Fabius sont loin de faire l’unanimité au sein de l’armée. Peu comprennent pourquoi tant de villageois sont sacrifiés sans aucune chance d’obtenir une aide du dictateur. Ses officiers rongent leur frein et une rébellion se fomente peu à peu. Surtout qu’Hannibal a pris bien soin d’éviter les terres du dictateur...

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Ce tome 3 de « Ad Astra » s’attache à nous conter l’enlisement de l’armée de Carthage en Italie après sa folle progression à travers les Alpes. Nous découvrons un grand stratège romain contemporain d’Hannibal : Fabius Maximus Quintus, dit Cunctactor. Le dictateur romain va alors appliquer au jeune conquérant une féroce guerre d’usure qui sapera le moral des troupes de Carthage. Cette période n’est guère en faveur du carthaginois qui perd alors un œil à cause de maladie. Le qualificatif de dictateur peut surprendre certains lecteurs qui n’en connaissent que la définition actuelle. En fait, durant la Rome antique, la dictature est un régime décrété par le Sénat qui donne tous les pouvoirs à un magistrat temporairement. Nous sommes encore loin des excès qui donneront une autre connotation au régime dictatorial.

La stratégie de Fabius était en effet la plus adaptée face à la puissance de la cavalerie d’Hannibal. Mais Mihachi Kagano nous explique parfaitement les tenants et aboutissants d’un tel choix. Le mangaka décrit avec minutie les conséquences de l’inaction de l’armée romaine et permet au lecteur de se faire sa propre opinion : auriez-vous suivi Fabius ou plutôt Minucius Rufus qui prônait l’affrontement frontale ? Certes, on pourra s’étonner de l’incroyable confiance que met Hannibal dans le vieux devin, cette ficelle scénaristique nous permet toutefois de gagner du temps, cet épisode tenant parfaitement dans un seul tome.

Comme souvent, ce qui sauvera Hannibal sera plus les dissensions au sein du Sénat et chez les officiers romains que son génie militaire. En fait, le carthaginois se fera mener dans le piège de la plaine de Campanie sans réagir à temps. Scipion n’est ici qu’un spectateur totalement inactif. Le jeune homme nous permet surtout d’avoir une idée du désaccord au sein de l’armée romaine sur les choix de Fabius. Mihachi Kagano montre surtout que la séparation entre les classes sociales ne date pas d’hier, déjà à l’époque, les plébéiens se sentaient méprisés par les nobles et les officiers supérieurs. Minucius Rufus s’est-il opposé à Fabius par soif de pouvoir ou réellement par désaccord profond sur la stratégie suivie ? Difficile de répondre à cette question à travers ce tome, mais la seconde raison semble plutôt celle portée par le mangaka. Avec énormément de discussions entre les principaux protagonistes, les traits souvent statiques des personnages seront plus flagrants mais la lecture n’en pâtit quasiment pas car l’intérêt des dialogues prend le pas. Après les scènes de combats, Mihachi Kagano joue sur ce changement de rythme pour développer ses personnages, leur donnant plus de profondeurs, leur donnant une place de choix dans le récit, le lecteur ayant une vision assez juste de leur manière de penser et de réagir.

« Ad Astra » s’affiche comme une excellent série, très instructive et n’hésitant pas à entrer dans les détails de cette Deuxième guerre punique.


Ad Astra, Scipion l’Africain & Hannibal Barca (T3)
- Auteur : Mihachi Kagano
- Traducteur : Sébastien Ludmann
- Éditeur français : Ki-oon
- Collection : Seinen
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination : 210 pages
- Date de parution : 11 septembre 2014
- Numéro ISBN  : 9782355927188
- Prix : 7,90 €


A lire sur la Yozone :
Ad Astra, Scipion l’Africain & Hannibal Barca (T1)
Ad Astra, Scipion l’Africain & Hannibal Barca (T2)


AD ASTRA PUBLIUS CORNELIUS SCIPIO AFRICANUS MAJOR & HANNIBAL BARCA © 2011 by Mihachi Kagano / SHUEISHA Inc.
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Frédéric Leray
18 janvier 2015




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