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White shadow
Philip Le Roy
Rageot, thriller, 262 pages, juin 2014, 9,90€

Après « Blackzone », après « Red Code », revoilà la Brigade des Fous inventée par Philip Le Roy. Des fous, mais pas n’importe lesquels : des adolescents choisis en fonction de leurs handicaps, entraînés de manière à surexploiter leurs qualités compensatoires, exactement à la façon dont un aveugle compense en affûtant son ouïe, et reconvertis en commando de choc. Par qui ? Rien moins que par Paul Hartford, multimilliardaire converti aux thèses écologiques, versant dans l’activisme style Greenpeace et bien décidé à les utiliser pour des tâches en marge de la stricte légalité. De sortes de joyeux héritiers du fameux « Gang de la clef à molette » d’Edward Abbey et pratiquant, loin des prétoires, une justice sauvage et quelque peu expéditive à l’égard des plus terribles pollueurs de la planète, nouveaux « méchants » emblématiques en passe de détruire notre monde.



Ils sont donc une demi-douzaine de jeunes un tantinet bizarres. Trois garçons : Sem, autiste au cerveau surpuissant, Diego, trisomique ayant tout concentré dans sa musculature, et Adrien, geek dépendant mais redoutable stratège. Côté filles, ni vraiment mieux, ni vraiment pire : Gwendoline, charmeuse bipolaire, Laurie, gothique automutilatrice, et Méline, hyperactive paroxystique. À se demander comment Hartford, le docteur Sheffer et le colonel Lanval parviennent à canaliser tout ce beau monde et à en faire une équipe soudée.

Cela fonctionne pourtant – on s’en doute, pas tout à fait sans mal. Voilà la petite troupe décidée à débarrasser la planète d’un de ses ennemis jurés. Mais déquiller au fusil de sniper un sale type sur le pont de son bateau depuis le siège en mouvement d’une attraction de fête foraine, n’a pour commencer rien de facile. Investir une base secrète, libérer un prisonnier, s’attaquer aux mafias calabraises, sans se priver de tout faire exploser sur son chemin, ne l’est pas beaucoup plus. Sans compter que si l’on veut vraiment finir le travail, il faut aussi savoir se rebeller contre ses tuteurs.

« White Shadow » fait partie de ces livres – tout comme, par exemple, le « Virus 57 » de Christophe Lambert et Sam VanSteen – qui ne sont pas héritiers de la littérature, mais du cinéma de distraction ou du feuilleton télévisé. À ce titre, il ne saurait être pris au sérieux – il ne s’y prend d’ailleurs pas lui-même – et ne saurait être jugé qu’à l’aune de tels référentiels. Il permettra aux plus jeunes de passer un bon moment, sans pour autant négliger un certain aspect didactique.

En effet, bien loin de la lourdeur militantiste, et tout en restant factuel, « White Shadow » véhicule un message sur les difficultés de stockage des déchets nucléaires et l’impossibilité de mettre l’humanité à l’abri de leur influence pour la période nécessaire (de tels produits restant dangereux pour une période supérieure à cent mille ans), un problème qui, dans l’état actuel des connaissances, demeure scientifiquement insoluble. Il attire également l’attention sur la négligence criminelle avec laquelle états ou entreprises privées se sont empressés de « stocker » de tels déchets sans grandes précautions, voire même de faire sous-traiter de tels stockages à des entreprises moins scrupuleuses encore, sinon même passablement mafieuses.

Explosif, vitaminé, sans temps mort « White Shadow » dédramatise son propos avec une forte dose d’humour. En effet, de l’humour, nos activistes écologiques relookées façon fous furieux et revisitée à la manière de la version cinématographique de James Bond – leurs aventures, on s’en doute, ne sont pas plus vraisemblables – n’en manquent pas. Leurs différences, leurs attachements, leurs antagonismes marqués s’expriment grâce à un fort sens de la répartie qui donne lieu à des dialogues savoureux. Un petit coup de dénonciation ici – les wargames déshumanisants – un trait d’esprit plus loin, un coup de feu au passage, la réécriture délirante, sous forme du « bœuf et le corbeau », d’une des plus célèbres fables de La Fontaine, une poursuite en auto, une péripétie, un rebondissement, le roman avance sans temps mort. Les enfants les moins férus de lecture eux-mêmes, gageons-nous, arriveront au bout de ce petit roman sympathique sans avoir senti le temps passer.


Titre : White Shadow
Série : La Brigade des fous tome III
Auteur : Philip Le Roy
Couverture : Anja-Weber-Decker / Plainpicture
Éditeur : Rageot
Collection : Thriller
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 262
Format (en cm) : 21 x 14,5
Dépôt légal : juin 2014
ISBN : 9782700247336
Prix : 9,90 €


Philip Le Roy sur la Yozone :

- « La Brigade des fous, I : Blackzone »
- « La Brigade des fous, 2 : Red Code »
- « Evana 4 »


Hilaire Alrune
3 janvier 2015


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