Divisé en cinq chapitres, le bretteur peut y expliquer sa philosophie du combat, mais comme il l’enseigne à ses élèves, chacun doit s’imprégner de ce savoir. Ils n’y trouveront pas la technique infaillible, la défense impénétrable. Non, ils y apprendront les règles de base pour pouvoir vaincre à coup sûr leur adversaire, en utilisant ses points faibles contre lui, en apprenant à lire dans ses mouvements, dans ses attitudes pour anticiper ses mouvements. Cinq chapitres : la Terre ou les fondamentaux du combat à deux sabres, l’Eau ou l’éveil à l’art du combat, le Feu ou la voie de la bataille, le Vent ou les autres styles de combats et enfin le Vide ou la voie de la sagesse.

Miyamoto Musashi est certainement le plus célèbre bretteur japonais de l’ère médiévale. Né en 1584 et mort en 1645, il est reconnu pour avoir affronté plus de soixante adversaires en duel sans jamais en perdre un seul. Il tua son premier opposant dès l’âge de 13 ans et ce n’est qu’en entrant en 1640 au service du seigneur Tadatoshi qu’il stoppa sa vie de combat perpétuel. C’est d’ailleurs à ce moment, alors qu’il s’isole pour le mont Iwato dans la grotte de Reigan-do, que commence le manga de Sean Michael Wilson. L’auteur a choisi de nous offrir une illustration du célèbre écrit de Musashi, le « Livre des cinq Roues », plutôt que nous raconter la vie de cet illustre combattant. Il faut dire que ce ne sont pas les mangas qui mettent en scène Musashi qui manquent, que ce soit sous forme de biopic tout autant que de pur fiction, le plus célèbre étant certainement le manga « Vagabond » de Takehiko Inoue, ou plus récemment « Taitei no Ken » de Yumemakura Baku.
« Le livre des Cinq Roues » représente en fait les règles sacrées du bushido. Miyamoto Musashi y explique sa conception des arts martiaux, les techniques pour vaincre un adversaire. Son écrit va bien au-delà des duels au sabre car ce qu’il expose pourrait s’appliquer à n’importe quelle sorte d’affrontement dont les duels verbaux modernes ou les techniques plus violentes de commerciaux. « Le Livre des Cinq Roues » a longtemps été utilisé comme ouvrage de base dans des cours loin des dojos. Le manga reprend d’ailleurs les principaux enseignements et rappelle régulièrement qu’il ne faut pas prendre le livre à la lettre, mais qu’il faut se l’approprier et l’adapter à sa situation. Certes, la base des écrits sera formée de techniques de combat au sabre, mais l’ouvrage pourrait décrire bien d’autres sortes d’affrontements, d’ailleurs, le livre du Vent pourrait s’adapter à bien des professions.
« Le livre des Cinq Roues » est en fait tout autant un recueil d’art martiaux qu’une réflexion philosophique sur les arts martiaux. En choisissant de ne faire l’adaptation en manga quasiment que du livre, Sean Michael Wilson et Chie Kutsuwada n’ont pas choisi la facilité. Et il faut bien avouer que certains passages sont assez austères, surtout quand le discours de Musashi est très abstrait et ne permet pas d’être facilement illustré. Et certaines démonstrations s’avèrent plutôt complexes et ne permettent pas de lire ce manga d’une traite (ou il ne faut vraiment n’avoir rien à faire). Certains seront un peu frustrés car, évidemment, le manga va à l’essentiel et ne développera pas la logique de Musashi et se bornera aux grandes lignes. Mais difficile de faire autrement sans risquer de devenir définitivement trop fermé et limitant par là même le potentiel de lectorat.
« Le Livre des cinq Roues » peut être une bonne introduction à l’ouvrage de Miyamoto Musashi mais à réserver vraiment à ceux cherchant à connaître la philosophie du maître.
Le Livre des Cinq Roues
D’après l’oeuvre de : Miyamoto Musashi
Scénario : Sean Michael Wilson
Dessin : Chie Kutsuwada
Traduuit du japonais par : William Scott Wilson
Traducteur : Josette Nickels-Grolier
Éditeur français : Budo
Format : 150 x 210, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 144 pages
Date de parution : 21 juillet 2014
Numéro IBSN : 9782846173254
Prix : 12 €
© Sean Michael Wilson, 2013
© Budo Editions, 2014