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Autres Royaumes (D’)
Richard Matheson
J’ai Lu, Nouveaux Millénaires, traduit de l’anglais (États-Unis), récit fantastique, 285 pages, janvier 2013, 18€

Drôle, vif, sensuel, tendre, piquant, scabreux, cruel et attachant. Tout ceci dans un seul et même ouvrage ? Oui, mais quel ouvrage. Richard Matheson ose, et relève haut la main, le défi d’un récit où les émotions sont légions, souvent antagonistes et parfois simultanées. Un ouvrage qui se déguste et s’apprécie longuement.



Richard Matheson fait partie de ses écrivains que l’on ne présente plus, à la tête d’une famille de 28 romans ainsi que de nombreuses nouvelles. Alors que l’auteur est décédé en juin 2013, les éditions J’ai Lu nous présente l’avant-dernier roman de ce grand écrivain américain spécialiste de la SF et de l’épouvante.

Écrit alors que Richard Matheson avait 85 ans, « D’Autres Royaumes » est raconté par Alexandre White, ancien auteur de genre connu sous le nom d’Arthur Black, âgé de 82 ans, un parallèle plus qu’intéressant. Pressentant la sénilité à venir, Alexandre White tient absolument à coucher sur le papier l’une des rencontres les plus décisives de sa vie, probablement l’origine de toute sa carrière.
L’histoire démarre un peu avant 1918, un jeune Yankee s’engage dans l’infanterie américaine pour participer à la Grande Guerre, un peu par sens du devoir et beaucoup pour se rebeller contre un père autoritaire et malsain. Dans les tranchées, le jeune homme va se lier à un Anglais étrange qui lui vante tant, et si bien, les louanges de son village d’origine que lorsque l’Anglais est tué et Alexandre blessé, celui-ci ira y passer sa convalescence. Tout d’abord charmé par l’atmosphère du lieu, le jeune homme se retrouve vite en bute avec les superstitions des habitants. Cartésien, Alexandre éprouve les plus grandes difficultés à rester stoïque devant les multiples mises en garde de ses nouveaux voisins envers le Petit Peuple. Par esprit de contradiction, il va même se lier avec une femme qui vit seule en lisière de la forêt et que tous tiennent pour une sorcière. Mais, comme l’auteur le dit lui-même, que l’on est bête à 18 ans et Alexandre, de bévues en maladresse, vivra la plus grande aventure de sa vie.

L’essentiel du dynamisme de ce roman provient des interventions à répétition du vieil Alexandre White. Des interventions piquantes qui rendent ce vieil homme très attachant, et le jeune aussi par la même occasion. Le livre ne contient pas réellement de longueur mais « D’Autres Royaumes » ne fait pas partie de ses livres que l’on dévore en quelques heures, mais plutôt que l’on déguste à petites gorgées. Des épisodes d’action d’un grand dynamisme ponctuent aussi le récit, tandis que les descriptions, à juste dose, immergent le lecteur dans l’univers et la psychologie des personnages sans alourdir le rythme du livre.
Passant rapidement les horreurs de la guerre, Richard Matheson fait passer son lecteur du gris des tranchées à la lumineuse verdure de la campagne anglaise pour, à l’aide d’un simple pont, ramener dans le fog tout aussi anglais le pauvre lecteur qui a accepté de le suivre. Tout comme les aller-retours amour / peur / joie / déception / frayeur dans la vie sentimentale très mouvementé du principal acteur du récit.
Quand on songe que cet excellent ouvrage a été écrit par un homme de plus de 80 ans, il est impossible de douter du talent de cet auteur mort à un âge avancé, certes, mais trop tôt tout de même pour le bien de la littérature.


Titre : D’Autres Royaumes (Other Kingdoms, 2011)
Auteur : Richard Matheson
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Patrick Imbert
Couverture : Flamidon / Shutterstock © J’ai Lu
Éditeur : J’ai Lu
Collection : Nouveaux Millénaires
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 285
Format (en cm) : 13 x 20 x 2
Dépôt légal : janvier 2013
ISBN : 9782290055984
Prix : 18 €



Emmanuelle Mounier
21 décembre 2014


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