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Derniers jours du paradis (Les)
Robert Charles Wilson
Denoël, Lunes d’Encre, roman traduit de l’anglais (Canada), science-fiction, 346 pages, juin 2014, 20,50€

Ne trouvant pas le sommeil, Cassie reste à la fenêtre de l’appartement à regarder dans la rue. Alors que l’on est au milieu de la nuit, elle voit un homme et il semble aussi l’oberver. Est-ce un hasard ? Lorsqu’il traverse dans sa direction, Cassie s’inquiète. Quand il se fait faucher par une voiture et qu’elle voit de la couleur verte s’échapper de son corps, elle comprend. L’Hypercolonie les a retrouvés !
Il ne lui reste plus qu’à réveiller son frère, Thomas, à alerter le plus proche membre de la Correspondence Society et à fuir. Bien sûr, ça tombe juste la nuit où sa tante Nerissa n’est pas là !



Bienvenue dans un monde paranoïaque, un monde différent du nôtre qui n’a plus connu de conflit majeur depuis la guerre de 14, qui s’est d’ailleurs conclue bien plus vite que dans notre temps. Robert Charles Wilson nous plonge dans une société proche de la nôtre, mais aux différences subtiles que l’on peut facilement oublier, sans les fréquentes petites piqûres de rappel. Pourquoi cette évolution différente ?
L’auteur imagine au-delà de l’atmosphère, une couche propice à relayer les ondes : la radiosphère. Son emploi devient la norme pour envoyer des messages, transférer de l’information... Toutefois, il peut exister des modifications sensibles entre le départ et l’arrivée, comme si quelque chose cherchait à influencer le cours de l’humanité. Seuls quelques êtres sont au courant de ce détail et surtout que la radiosphère n’est pas une simple couche inerte aux étonnantes propriétés. Il s’agit des membres de la Correspondence Society qui ne gardent contact que par lettres, car ils se savent en danger depuis qu’en 2007, l’entité qu’ils nomment l’hypercolonie a chargé des simulacres de tuer ceux qui étaient au courant de son existence.
La connaissance signifie vivre aux abois, se passer des médias modernes car ils donnent à l’hypercolonie le moyen de vous espionner et être toujours prêt à tout quitter. Mieux vaut donc tout ignorer pour profiter de son existence.
Il existe une certaine réflexion sur les bienfaits de l’hypercolonie, car elle se sert des communications pour éviter que la planète ne soit mise à feu et à sang. But louable, alors pourquoi donc la combattre ? Pour le libre arbitre, le droit de laisser l’humanité suivre sa propre voie, même si elle est mauvaise ?

Les personnages du roman ne sont pas sans s’interroger, les avis sont partagés. « Les derniers jours du paradis » nous offre d’ailleurs une conclusion très forte, avec son lot de regrets.
Toutefois, le chemin pour y parvenir s’avère un peu confus. Si la fuite du groupe de Cassie est claire, tout comme les recherches de sa tante et son oncle pour les retrouver, le rôle des simulacres prête à confusion. Robert Charles Wilson pèche par sa volonté d’en faire de trop en imaginant un parasite à l’hypercolonie. De plus, cette dernière dont le temps ne semble pas un facteur déterminant, change du tout au tout en quelques années, alors que cette période ne doit être qu’un battement de cils à son échelle. Ses motivations à l’opposé ont de quoi surprendre et embrouiller encore plus les visées des deux camps.

Toutefois, fidèle à son habitude, Robert Charles Wilson nous livre un roman solide par son raisonnement (il suffit de voir comment il explique l’existence des simulacres) et bien sûr par l’idée séduisante du destin de l’humanité dicté par une conscience étrangère. Point de culte à son encontre, elle préfère rester dans l’ombre.
Autre point fort : l’atmosphère de paranoïa permanente gardant les personnages sous tension et une conclusion où l’on prend vraiment conscience du phénomène.

« Les derniers jours du paradis » n’atteint pas le niveau des meilleurs romans de Robert Charles Wilson. Les excellentes idées sont au menu, le déroulement est passionnant, ses personnages ne laissent pas indifférents, mais certains côtés s’avèrent confus, laissant quelques regrets aux lecteurs. Il faut avouer que l’on attend tellement de cet auteur que les travers sont remarqués. Mais reconnaissons que, même avec ses faiblesses, « Les derniers jours du paradis » figure sur le dessus du panier dans la production actuelle.
La collection Lunes d’encre ne s’y trompe pas, traduisant chaque nouvel ouvrage de Robert Charles Wilson, travail éditorial qu’il faut saluer.


Titre : Les derniers jours du paradis (Burning Paradise, 2013)
Auteur : Robert Charles Wilson
Traduction de l’anglais (Canada) : Gilles Goullet
Couverture : Manchu
Éditeur : Denoël
Collection : Lunes d’Encre
Directeur de collection : Gilles Dumay
Site Internet : Roman (site éditeur) ; Blog de la collection
Pages : 346
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : juin 2014
ISBN : 978-2-207-11644-9
Prix : 20,50 €



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François Schnebelen
11 novembre 2014


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