S’il y a une chose avec laquelle on ne rigole pas avec Rudolf Turkey, c’est bien son argent. Alors quand sa banque est menacée par deux petits présomptueux, son sang ne fait qu’un tour : il met au défi le directeur de sa fameuse banque d’arrêter avant lui les deux plaisantins ayant osé crier sur les toits qu’ils lui voleraient son fric. Mais dans la banque de la famille Turkey, on n’engage pas de simples petits bureaucrates, mais des hommes et femmes ayant suivi un entrainement militaire de première qualité. Seulement, cette argent ne lui fait pas que des amis et surtout Rudolf a pris le parti de suivre sa propre doctrine : travailler dur ne sert à rien pour gagner de l’argent, ce qui compte c’est se donner les moyens de réussir et devenir riche. Alors quand sa douce et tendre Mademoiselle Cornu lui confie de jeunes enfants issus d’une famille très modeste, Rudolf se retrouve face à un drôle de défi : les amuser toute une journée.

Après avoir appris le métier de mangaka en travaillant sur la série « Densetsu no Yuusha no Densetsu » comme dessinateur, Hiroko Nagakura s’est lancé dans le grand bain avec sa propre série : « Rudolf Turkey ». Le mangaka nous entraine dans une cité largement inspirée par le Las Vegas des années 50. Le style de cette série sera un bon gros délire où l’humour et l’absence totale de morale seront les règles. Car Turkey est vraiment le politicien pourri plein de fric comme on pourrait l’imaginer. Un riche héritier se plaisant dans le luxe et la luxure de Gond land. Rudolf Turkey a tout pour se faire haïr : la beauté, l’argent et le pouvoir. Mais il ne se salit jamais les mains, il a pour cela deux acolytes, deux gardes du corps passant pour de simples scribouillards mais devenant de véritables furies quand leur boss est en danger.

Hiroko Nagakura annonce tout de suite la couleur de sa série avec une première saynète présentant vraiment son personnage principal comme un gentil pourri, pour qui l’argent est la seule arme digne de ce nom. Toutefois,Turkey a bien sûr un point faible, car il découvre aussi que certaines choses ne se gagnent pas avec simplement de l’argent. Et une de ces choses est l’amour de mademoiselle Cornu. Lapin Cornu (oui bizarre comme prénom) est le reste de conscience de Turkey, ce reste de pureté qu’il cherche à retrouver mais qui le replonge dans la luxure à chacun de ses échecs, provoquant un cercle vicieux duquel Rudolf semble incapable de sortir. On sent bien que séduire Lapin est le seul véritable défi que relève Turkey, le reste n’est que divetissement.

Le style de Hiroko Nagakura est assez classique mais préférant les visages à l’européenne, avec les traits carrés plutôt que rond à la japonaise. Il met l’accent sur les expressions de ses personnages qui surjouent évidemment, caricature et humour oblige. Toutefois, nous restons dans un côté sobre et soft de shonen, la luxure n’étant que suggérée mais jamais montrée. Seul le côté politiquement incorrect des actions et des discours de Rudolf Turkey demande au lecteur d’avoir un bon recul et surtout une capacité de jugement digne de ce nom.

« Rudolf Turkey » joue intelligemment la carte de l’humour un peu lourdingue mais qui parvient à surprendre par son ton politiquement incorrect.

Rudolf Turkey (T1)
 Auteur : Hiroko Nagakura
 Traducteur  : Yohan Leclerc
 Éditeur français : Komikku éditions
 Format : 13 x 18 cm
 Pagination  : 182 pages
 Date de parution : 9 octobre 2014
 Numéro IBSN : 9791091610728
 Prix : 7,90 €

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