Jean-Pierre Fontana nous a livré au cours des derniers numéros une histoire du fandom français. L’entretien nous révèle l’auteur, ainsi que l’homme qui se cache derrière et dont on savait finalement peu de choses.
“Demain matin au chant du colt” mêle habilement science-fiction et western. Cette poursuite d’un hors-la-loi est bien dans la tradition du western, mais l’auteur sème vite le doute avec l’ajout de technologies anachroniques, avant de nous plonger dans un autre plan de réalité, tout en conservant la thématique de base de la chasse à l’homme. L’ensemble est habile, très prenant et combine les deux genres pour notre plus grande satisfaction.
Complété par une bibliographie, ce dossier s’avère plaisant et nous permet de découvrir plus avant Jean-Pierre Fontana.
Dès l’entame, Pierre Gévart laisse penser que Hannah ne se rend pas uniquement sur Giovanella pour établir un contact avec la population indigène. Heureusement ses motivations réelles nous échappent jusqu’à la révélation finale. “Esprit de famille” est suffisamment bien tourné pour nous réserver la surprise, tout en nous amenant sur une planète à la gravité écrasante. Bien vu !
“Le dernier voyage” de Lucie Chenu est plus impersonnel. On se demande où elle désire nous amener, quel but elle poursuit vraiment avec ce personnage de Petrel qui, une fois adulte, part en voyage de découverte et atteint la mer. Puis il rentre et, alors qu’il sent la mort approcher, il manifeste le souhait de revoir la mer. C’est ce dernier périple en compagnie d’un petit-fils qui s’avère le plus intéressant car, sur le chemin du retour, ce dernier rencontre des natifs de la planète.
Une fois la dernière ligne lue, il reste un sentiment agréable, car ce texte dégage une belle atmosphère de quiétude.
Tout le contraire de “Reconnaissance” de Jean-Michel Calvez qui nous immerge au sein d’une patrouille de reconnaissance au Kazakhstan. Même avec toute la technologie emportée, il leur est difficile de différencier un civil innocent d’un terroriste. Sur le terrain, l’équipe est soumise à rude épreuve, pas vraiment aidée par les protocoles de contact mis au point dans les bureaux. Ils sont bien obligés de se débrouiller par eux-mêmes.
C’est bourré de testostérone, animé, saignant par passages. Jean-Michel Calvez nous livre là un texte choc, bien sûr inspiré par l’actualité, ce que l’on peut regretter, mais bien moins bourrin que ce qu’on aurait pu penser de prime abord.
Finalement, les membres de l’équipe de « Galaxies » qui se sont ainsi exposés à la critique se tirent bien de l’exercice.
“Les sept Boréales” de Michel Jeury met en scène une femme pour qui la carrière passe avant la vie privée. Pourtant un homme se pense son compagnon, aimerait franchir le pas, que leur couple soit officialisé et avoir un enfant ensemble. J’ai trouvé la suite assez brouillonne et en suis sorti en me demandant où l’auteur voulait venir.
Jacques Fuentealba a traduit un texte de l’Uruguayen Roberto Bayeto : “Une balade à bicyclette”, où un groupe d’enfants fait une virée à vélo dans une contrée en marge, au périmètre flou et étrange. Le plus grand sait que leur destination est dangereuse, mais ne peut se débiner. L’introduction s’avère mystérieuse, propice à éveiller notre curiosité sur le lieu où ils se trouvent et l’ensemble tient ses promesse jusqu’à la fin. Belle trouvaille !
Cette année, le Prix Alain Le Bussy a été remporté par deux nouvelles, alors qu’il n’y avait aucun lauréat en 2013. Ce numéro nous en présente une des deux, la seconde sera au sommaire du prochain. Amandine Millot séduit avec une histoire d’amour franchissant les millénaires. Le récit se place sur deux plans, séparés de 15 000 ans. Sur le premier, deux chercheurs trouvent le secret de la longévité de la vie et se l’administrent ; dans le second, la femme espère retrouver son amour perdu. C’est touchant, la part science-fictive alimente avec brio “Où es-tu ?” Une interrogation à laquelle elle n’aura de cesse de trouver une réponse et qui lui aura donné une raison de vivre durant si longtemps.
Très bien mené et touchant. Une récompense amplement méritée !
Dans la partie rédactionnelle, on retrouve les rubriques habituelles qui n’étaient pas forcément au sommaire des derniers numéros. Arvind Mishra nous livre une nouvelle “Lettre de l’Inde”, Denis Labbé consacre “Autres mondes” à Georges-Olivier Châteaureynaud et Philippe Ethuin revient sur « La fin d’Illa » (1925) de José Moselli.
Figure aussi l’article “Japon et SF : un dialogue entre 20e et 21e siècle”, qui nous relate les différentes rencontres du second symposium international de science-fiction afin de poursuivre le débat entamé 43 ans plus tôt. Ardu mais non moins intéressant.
« Galaxies » fait son numéro ! L’annonce avait de quoi surprendre et intriguer. Après lecture, on ne s’en plaindra pas, car « Galaxies n°31 » est agréable à lire. Même si le texte le plus marquant est peut-être celui d’Amandine Millot qui touchera une corde sensible au fond de nous, ne faisons pas la fine bouche et apprécions la balade.
Par contre, l’éditorial comporte plusieurs grosse coquilles, alors que Pierre Gévart salue le travail de correctrice de Lucie Chenu. Après renseignement, la faute revient à une erreur de fichier au moment de l’impression de la revue et non à Lucie Chenu qui avait détecté ces erreurs, ce qui mérite d’être précisé.
Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 31 (73 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Laurent Palmier
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : septembre 2014
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€
