Le flegme du jeune seigneur a le don d’exaspérer le maître de cérémonie et sa patience s’étiole avec les jours. Son entourage tente à leur tour d’acheter la bonté de Kira mais échoue. Dans une crise rage, Asano finit par attaquer Kira mais ne parvient qu’à le blesser. Asano sait qu’il risque gros pour son acte mais est prêt à assumer le choix du shogun et sa condamnation. Le jeune seigneur est condamné à se faire seppuku, le suicide rituel. Par cette sentence, Asano sait qu’il jette le déshonneur sur son clan, ses samouraïs seront renvoyés, devenant ainsi des ronins. Mais au moins, il se donnera la mort sans honte. Toutefois, ses fidèles serviteurs n’acceptent pas ce jugement. Non seulement le seigneur Kira s’en sort sans le moindre blâme mais le shogun refuse que le frère de leur seigneur reprenne la gestion de ses terres. Pourtant, Oishi, le premier samouraï d’Asano, semble avoir laissé tout désir de vengeance derrière lui, se livrant à la boisson et aux femmes.

Cette histoire prend sa source dans un événement s’étant déroulé en 1701. Les 47 samouraïs aux ordres du daimyo Naganori Asano décidèrent de venger leur seigneur, accusé d’avoir blessé le maître de cérémonie du shogun. En perdant son seigneur, un samouraï devient un ronin, littéralement un homme errant. Cette histoire est surtout symbolique du respect du bushido, la voie du guerrier car non seulement ces 47 samouraïs vengèrent leur maître mais se donnèrent seppuku, le suicide rituel des hommes d’honneur. Cette interprétation est évidemment sujette à contreverse, car si les uns n’y voient que l’application du bushido, d’autres n’y voient qu’une simple vengeance. En tout cas, cette histoire aura inspiré bien des auteurs, passant même le Pacifique pour être déclinée par John Sturges dans ses « 7 Mercenaires ».

Sean Michael Wilson est un auteur écossais vivant au Japon et qui écrit pour des éditeurs américains, britanniques et même nippons. Son récit est d’une grande fidélité aux faits historiques mais un format en 160 pages parait ici assez contraignant. En effet, le lecteur perçoit mal le harcèlement mené sur les deux jeunes seigneurs et l’occidental que nous nous sommes comprend parfois mal où se trouve l’insulte dans les attaques de Kira. Toutefois, l’auteur reprend le côté très enjolivé de l’histoire des « 47 Ronins », avec des personnages manichéens, qui ne laissent aucun doute sur l’issue de ce récit, si jamais il en existait un.

Les dessins d’Akiko Shimojima sont très classiques avec un défaut récurrent chez certains mangakas : la difficulté pour reconnaitre les personnages. Par exemple, les deux jeunes seigneurs ne se distinguent que par les détails de leur kamishimo. Par la suite, le lecteur n’aura parfois pas droit à l’erreur pour se repérer. Hormis ce point, les dessins nous immergent rapidement dans ce Japon du XVIIIe siècle, encore à l’ère médiévale où le respect des règles et des coutumes est encore très profond et où les samouraïs sont encore des guerriers avec un fort sens de l’honneur.

« Les 47 Ronins » est principalement pour ceux qui ne connaitraient pas ce grand classique de la littérature et de l’histoire du Japon.

Les 47 Ronins
 Scénario : Sean Michael Wilson
 Dessin : Akiko Shimojima
 Traducteur  : Josette Nickels-Grolier
 Éditeur français : Budo
 Format : 150 x 210, noir et blanc - sens de lecture original
 Pagination  : 160 pages
 Date de parution : 4 avril 2014
 Numéro IBSN : 9782846173247
 Prix : 12,30 €

© Sean Michael Wilson, 2013
© Budo Editions, 2014