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Anti-glace
Stephen Baxter
Le Bélial’, roman traduit de l’anglais, steampunk, 274 pages, juin 2014, 22€

En 1870, l’Empire Britannique domine le monde, la découverte de l’Anti-glace, une importante source d’énergie, lui a assuré la supériorité scientifique sur ses voisins et a provoqué leur jalousie.
Lors de la Grande Exposition Universelle de Londres, le jeune diplomate Ned Vicars rencontre Françoise Michelet, une belle Française qui va l’obséder et qui le poussera à franchir la Manche pour se rendre en compagnie du journaliste Holden à l’inauguration du Prince Albert, un vaisseau terrestre.
La cérémonie ne se passe pas comme prévu et Ned et le reporter vont vivre en compagnie de l’inventeur Josiah Traveller et son domestique Pocket de folles aventures...



Sans trop rentrer dans les détails, « Anti-glace » est un vibrant hommage à deux pères fondateurs de la SF : Jules Verne et H. G. Wells. Deux romans sont plus particulièrement ciblés : « De la Terre à la Lune » lorsque le groupe de quatre se trouve à bord du Phaeton, le vaisseau volant de sir Josiah, et « Les premiers hommes dans la Lune », lorsqu’un crochet par notre astre s’impose.
Si les deux références sont limpides, j’en vois une troisième à sir Arthur Conan Doyle et son personnage du professeur Challenger.

Stephen Baxter signe là un roman de steampunk du meilleur cru. Qu’il s’inspire d’œuvres réelles n’en est que meilleur, car il le fait très bien et ce procédé nous apporte une meilleure immersion dans le roman avec ses airs connus. Par exemple, la vie à bord du Phaeton ramène immédiatement à l’atmosphère feutrée de l’obus imaginé par Jules Verne.

Toutefois, nous aurions tort de résumer « Anti-glace » à cette particularité. Stephen Baxter place son récit en 1870 lors de la guerre franco-prussienne et se sert très bien de ce contexte. Le fait que ce soit un auteur britannique ne manque pas de sel. En effet, sa vision de la France est forcément différente de la nôtre. Par exemple, Françoise Michelet est belle, Ned Vicars est aveuglé par elle et prêt à tout pour la rejoindre. Pourtant les apparences sont trompeuses, certains l’en avertissent, mais il n’écoute que son cœur. Et puis, l’écrivain fait plusieurs allusions à la puissance de l’armée française sur laquelle s’écraserait sans coup férir l’armée prussienne. Bien sûr, on sait ce qu’il en est advenu.
Stephen Baxter sait titiller notre orgueil national avec un humour so british.

Si le début sous forme de lettre d’un fils à son père a de quoi surprendre, cela relève d’une bonne idée. Elle permet de montrer la terrifiante puissance de l’anti-glace lorsque cette énergie est utilisée à des fins militaires. Rien d’étonnant donc à ce que la fin rende la pareille avec la missive de Ned Vicars à son fils.

La brochette de personnages est également savoureuse, dominée par un Ned Vicars qui sait se surpasser dans les moments difficiles. Son béguin pour Françoise l’aide à franchir des montagnes mais l’aveugle en même temps. Josiah Traveller est obsédé par la science, en perdant à l’occasion le sens des réalités. Son domestique Pocket répond bien à la tradition britannique, c’est-à-dire qu’il est fidèle et prend sur soi pour contenter son maître. Quant au journaliste, il retombe sur ses pieds à la fin, profitant d’avoir été au cœur de cette formidable épopée.

« Anti-glace » s’avère un plaisir de lecture. C’est une belle occasion de revenir plus de cent quarante ans en arrière, de découvrir un passé alternatif façonné par le pouvoir de l’anti-glace et de s’abandonner à la lecture des folles aventures du groupe de quatre. Ce livre devrait presque se parcourir assis dans un confortable fauteuil, un verre d’alcool à portée de main et, pour les fumeurs, un cigare à disposition. La plongée n’en serait que meilleure.

Le charme d’« Anti-glace » opère vite. Le steampunk, lorsqu’il est maîtrisé de la sorte, nous fait presque regretter cette période de la vapeur où finalement tout était possible...
Heureusement que Le Bélial’ nous permet la découverte de ce livre, plus de 20 ans après sa parution originale.


Titre : Anti-glace (Anti-Ice, 1993)
Auteur : Stephen Baxter
Traduction de l’anglais : Pierre-Paul Durastanti
Couverture : Manchu & Philippe Gady
Éditeur : Le Bélial’
Directeur de collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 274
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : juin 2014
ISBN : 978-2-84344-125-7
Prix : 22 €



François Schnebelen
23 juillet 2014


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