Alice attérit dans une salle ronde avec une table ronde où repose une clé. Celle-ci n’ouvre qu’une petite porte, bien trop étroite pour Alice. Comment retrouver le lapin et surtout sortir de ce cul-de-sac ? En mangeant un drôle de gâteau, elle grandit version géante. En buvant une drôle de boisson, elle rétrécit de la taille d’une souris. Voila qui s’avère pratique pour entrer dans le pays des merveilles. Seulement, les curieux personnages qu’elle croise la traitent de fausse Alice, refuse de la reconnaître. Entre les deux gros jumeaux et l’étrange chenille, Alice ne comprend rien à leur discussion pour savoir si elle est celle de la prophétie, celle qui doit tuer le terrible Jabberwocky. Ce monstre a permis l’arrivée sur le trône de la reine rouge, qui tyrannise le pays des merveilles, coupant les têtes de tous ceux qui ne sont pas de son avis. Et côté tête, cette dernière est plutôt bien fournie.. en taille !
Cette version d’« Alice au Pays des Merveilles » est la fidèle reprise du film éponyme de Tim Burton. Et fidèle est vraiment un euphémisme car Jun Abe a franchement repris plan par plan le scénario de Burton. Bon, difficile de dire ce que cela signifie : un peu de fainéantise de la part de Jun Abe ou plutôt la faiblesse du scénario de Burton ? Il faut avouer qu’à l’époque de sa sortie, le film ne nous avait pas vraiment convaincu, n’allant pas au bout de sa démonstration. L’avantage du passage au manga est une prise de liberté, même partielle, et de ce côté-là, l’intelligence de Jun Abe fut de ne pas se laisser influencer par le jeu pas toujours excellent des différents acteurs du film, en particulier Johnny Depp, mais plutôt de réinventer chaque protagoniste en y ajoutant sa touche. Certes, l’ambiance, les tenues sont celles de Burton mais on sent bien le travail de Jun Abe dans chaque planche.
Ne pouvant toucher au scénario, dépendant de l’histoire de Burton, le mangaka ne peut se révéler que dans le dessin. En particulier, le chapelier va prendre une tout autre tournure sous son coup de pinceau, bien plus torturé qu’un Johnny Depp incapable de faire autre chose que du Johnny Depp. Le lecteur saura apprécier ce petit grain de folie que Jun Abe a su exploiter. De même, son Alice a plus de présence que la pauvre Mia Wasikowska qui peinait à trouver sa place. L’histoire en devient plus intéressante, même si par contre, Jun Abe pêche un peu dans le design des monstres. Que ce soit le Bandersnatch ou le Jabberwocky, le mangaka n’est vraiment pas à l’aise pour les dessiner et cela se ressentira sur le combat final qui sera loin d’avoir le panache attendu. Jun Abe n’échappera pas au happy end un peu nian nian imposé par Burton.
Cette adaptation d’« Alice au Pays des Merveilles » poursuit la liste des adaptations des œuvres de Disney, qui se montre vraiment désireux de conquérir le marché nippon, en utilisant les armes locales, bien évidemment.
Alice au Pays des Merveilles (T1 et 2)
Auteur : Jun Abe
D’après le film de : Tim Burton
Traducteur : Laëtitia Aya Citroën
Éditeur français : Pika
Format : 127 x 190, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 192(T1) et 164(T2) pages
Date de parution : 30 octobre 2013
Numéro IBSN : 9782811611866 ; 9782811611873
Prix : 8,05 €
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