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Serpents du Muséum (Les)
Sophie Humann
Flammarion Jeunesse, Castor Poche, roman (France), 125 pages, avril 2014, 5,90€

1875. Juliette, dont la mère est morte il y a peu, est en pleine crise d’adolescence. Son éclusier de père lui fait changer d’air et, espérant lui redonner un goût des études qui lui a passé, l’envoie en vacances à Paris, chez son oncle Léon, gardien-chef au Jardin des Plantes. Pour la jeune fille, c’est l’occasion de mûrir et de découvrir la vie dans la capitale.
Mais si elle sort peu du parc zoologique parisien, un mystère va pimenter ses vacances : on a volé un serpent exotique dans le pavillon des reptiles, et un autre, qui s’est échappé, a failli la mordre.
Très vite, l’enquête s’oriente vers un bouc émissaire : le Gitan, un ancien dresseur d’ours recueilli au Parc et protégé par l’oncle Léon.



Ce petit roman de Sophie Humann est très dense, et c’est peut-être ce que je lui reprocherais : destiné à un jeune public (dès 11 ans), et sous le prétexte d’une enquête rondement menée, il brasse des thématiques fortes (le racisme latent, la xénophobie, le deuil, la crise d’adolescence...) et se fait presque documentaire. Ce sont de vraies leçons d’Histoire sur la France d’après 1870, les mouvements artistiques (au travers du peintre Jacques, et une allusion au “Déjeuner sur l’herbe” que les enfants seront bien en peine de remarquer), la société, la justice et l’hygiène de l’époque, et bien sûr tout ce qui touche au Muséum. Juliette apprend à soigner les animaux, mais elle va également fréquenter le taxidermiste du parc.

Tout cela finit par être assez technique, et je le crains, rebutant pour de jeunes lecteurs, d’autant que l’action n’est guère trépidante et que malgré la gravité des événements, tout le monde semble garder une certaine bonhomie, comme si seule Juliette avait à cœur la vérité. Lorsque celle-ci éclate, on se fait sévère comme un instituteur, on punit les coupables, on libère les innocents, et voilà.

On notera que l’auteure a fait le choix d’une narration au présent, ce qui est surprenant : l’emploi du passé, temps du récit, n’aurait-il pas été plus adapté ? Je ne peux croire que ce soit pour faciliter la lecture, tant au contraire cela surprend en regard du fond très documenté qui, comme dit plus haut, sera un repoussoir plus immédiat.

De même, tout s’enchaîne avec une déconcertante facilité après les lenteurs initiales de l’enquête, et tout s’arrange pour le mieux, voire plus, en quelques lignes, justice est faite et tous reprennent leurs esprits.

De mes yeux d’adulte, pas facile de savoir si ce petit roman plaira aux pré-ados. Sa trame facile, presque grossière, est diamétralement opposé à la rigueur d’un fond à la limite du documentaire. Côté forme, ce choix du présent au milieu d’un vocabulaire soutenu et souvent technique me reste incompréhensible.

Cette question de temps mis à part, j’ai eu l’impression de lire là un roman d’une autre époque éditoriale, datant pour ainsi dire de ma propre jeunesse, où l’accent est mis davantage sur le potentiel instructif que la lecture-plaisir. Pas désagréable, demandant un petit effort, et très loin de la littérature actuelle. Un bien ou un mal ?


Titre : Les Serpents du Muséum
Auteur : Sophie Humann
Couverture : Matthieu Bonhomme
Éditeur : Flammarion Jeunesse
Collection : Castor Poche
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 125
Format (en cm) : 18 x 12,5 x 0,9
Dépôt légal : avril 2014
ISBN : 9782081305427
Prix : 5,90 €



Nicolas Soffray
14 juillet 2014


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