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Galaxies n°28 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°28, SF - nouvelles - articles – critiques - entretien, mars 2014, 192 pages, 11€

Il faut avouer que la couverture est originale et n’est pas sans rappeler celles de la collection Robert Laffont L’âge des étoiles, illustrées par de grands noms de la bande dessinée (Moebius, Mézières, Tardi...).
En l’occurrence, il s’agit d’un extrait d’une BD de Barpov, travaillant sur un triptyque de SF.
Depuis quelques numéros, « Galaxies » s’est ouvert à la BD avec la rubrique « (S)trips » tenue par Alain Dartevelle chroniquant des albums.
Pour la première fois, une BD en sept planches “Le Trou” signée Barpov nous est présentée. Toutefois, le format n’est pas très adapté et il n’est pas facile de lire les dialogues, surtout que l’histoire est emberlificotée.



Les lecteurs de « Galaxies » ont déjà pu découvrir Aliette de Bodard et Ken Liu, que l’on peut à juste titre qualifier d’étoiles montantes de la science-fiction. À eux deux, ils ont remporté les trois principales distinctions en 2013 : un Nébula et un Locus pour Aliette de Bodard et un Hugo pour Ken Liu (cf « Galaxies 25 »). Les deux ne sont pas sans point commun, leur origine en Extrême-Orient, les deux écrivent en anglais, alors que ce n’est pas leur langue d’origine.
À l’occasion de ce dossier, une interview croisée a été orchestrée, chacun pouvant rebondir sur les propos de l’autre, ce qui constitue une manière originale de mieux nous les faire connaître.

Ken Liu nous livre une nouvelle à faire froid dans le dos. Elena créé des poupées interactives, celles-ci imitent toujours mieux la vie. Et ce ne sont de loin pas les enfants qui se les approprient ! Un drame personnel pousse Elena à chercher la perfection, comme pour compenser un manque.
Ken Liu imagine une société où une telle poupée pourrait être un substitut à un vrai enfant, sa réflexion est argumentée, se tient par son raisonnement, ce qui augmente d’autant le sentiment de malaise. “The algorithms for love”, une prospective à court-terme qui laisse des traces.

Le texte d’Aliette de Bodard est plus exigeant, il est plus difficile de s’y immerger, car il se situe dans un lointain futur, dans une société étrangère à la technologie omniprésente. L’histoire met en scène une descendante de la femme qui a mené une révolution pour libérer son peuple du joug sous lequel il ployait. Les bots servaient, entre autres, à contrôler les Mhengs, mais entre les inconvénients et les avantages de ces petits concentrés de technologie, chacun n’a pas le même sentiment.
Éparpillés le long des rivières du ciel” se mérite, mais il en est souvent de même pour les autres œuvres d’Aliette de Bodard qui demandent un effort de lecture, ce qui n’est pas une critique. Ségrégation, lutte pour le pouvoir, contrôle des masses... bien des sujets sont ainsi abordés dans ce beau texte.

Un très bon dossier Étoiles montantes avec deux auteurs qui marquent à chaque apparition des points. En attendant leur retour dans les pages de « Galaxies »...

Autre mini-dossier avec un article sur la SF au Japon écrit par Denis Tallandier et un court texte de Hoshi Shin’ichi (1926-1997) : “Ohé ! Sors de là !” Un trou apparaît aussi soudainement que mystérieusement. Son intérêt apparaît vite et comme il semble sans fond, on y balance tout ce dont on veut se débarrasser. Mais où débouche-t-il ? La fin se révèle particulièrement savoureuse et laisse bien rêveur sur la suite.
Entre l’excellente et très instructive historique et cette nouvelle, cet accéléré de la SF japonaise fait bonne impression et nous laisse espérer un approfondissement futur du sujet.
Il renforce aussi cette volonté de la revue de s’ouvrir sur d’autres pays afin d’élargir notre horizon science-fictif.

Dans “La détresse des matières premières”, Fabien Tournel montre les dérives des liens entre le sport et les médias. Le sport spectacle mettant en scène des filles à la plastique parfaite est devenu la norme, le moyen incontournable d’attirer le public. L’imperfection physique est bannie, il ne suffit plus d’être douée, il faut aussi être plus que belle. Et tous les moyens sont admis pour fédérer les spectateurs.
Sous des airs des « Olympiades truquées » de Joëlle Wintrebert, Fabien Tournel nous sert une très belle histoire qui n’est pas sans illustrer la volonté de rendre le sport à la télé toujours plus attractif.

Avec “Le hamsty”, Leonid Kaganov a fait une première apparition remarquée. Avec “La chenillette”, il confirme cette bonne impression. Il met à nouveau en scène des enfants, des enfants enrôlés et formés pour défendre leur pays en guidant à distance des chenillettes durant leur temps libre. Ils ne connaissent rien de leur mission, ils ne savent pas où leur mini tank a été largué, à peine s’ils savent qui sont leurs supposés ennemis.
Tout simplement terrible ! Un auteur qui sait vraiment toucher le lecteur.

La gélatine, voilà la solution imparable de Noé Gaillard pour isoler les secteurs infectés. Lorsqu’un foyer est détecté, il est mis en quarantaine en le noyant dans la gélatine. L’idée de “Il n’y a plus d’après” est bonne, mais le récit en lui-même peine à laisser sa trace. Dommage !

Jean-Pierre Fontana nous livre la deuxième partie de l’histoire du fandom français. Si les propos sont des plus intéressants, la présentation n’est pas du tout à la hauteur. Les illustrations sont regroupées sous forme de pavé, il y a des notes de bas de pages. Dans le texte se trouvent donc de fréquents reports aux illustrations, pas forcément sur la même page, ou aux notes. On a deux types de numérotation, une n’étant même pas séparée des mots. D’ailleurs, les notes de bas de pages n’ont pas plus d’espace entre le numéro et l’explication !
La lecture se révèle pénible du fait de cette présentation catastrophique. L’intérêt de l’article est gâché par sa présentation bâclée. Espérons que pour la suite le tir soit rectifié.

Un « Galaxies » qui fait fort point de vue nouvelles, mais qui manque de rigueur pour un article au demeurant fort instructif et qui méritait un bel enrobage.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 28 (70 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Barpov
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : mars 2014
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
10 mai 2014


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