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Dark Touch : Entretien exclusif avec Marina de Van
L’interview exclusive de l’auteur réalisatrice
19 mars 2014

Après deux films où le drame glissait vers l’horreur ou le fantastique, à savoir, Dans ma peau et Ne te retourne pas, Marina de Van, auteur réalisatrice anticonformiste surdouée, inverse le modèle en réalisant un film d’horreur fantastique qui glisse dans le drame.



« Dark Touch » s’ouvre sur une jeune fille au comportement étrange, comme si elle était victime d’une maison hantée. Et tu vas jouer avec cette ambiguité avant de révéler la vrai nature de son problème....

Oui, effectivement, le début du film joue sur l’idée d’un maison hantée et c’est après que l’on découvre qu’en fait il s’agissait de télékinésie. C’est toute la première demi-heure joue sur la convention de la maison hantée. Ca m’amusait de partir sur une chose classique qu’on identifie puis de le modifier un peu. Au début, on ne connait pas son problème, elle courre dans la forêt, tout ça, mais ça me parait un élément de suspens assez classique et naturel et de ne pas révéler tout de suite la nature de son problème.

Dès les toutes premières secondes, la musique de Christophe Chassol, la photo de John Conroy et ta mise en scène ancre ton film dans la logique d’un film de genre ?

Oui, tout à fait. Ca faisait partie de mon plaisir de réaliser un film de genre, de m’inspirer de ce que je connaissais pour faire quelque chose qui s’inscrive vraiment dans le genre, pour ensuite y injecter mon propre propos sur la maltraitance, qui est un plus du côté du film d’auteur mais que je voulais passer à travers le genre. Ca faisait partie de mon plaisir de jouer avec les conventions.

Un plaisir auquel tu t’adonnes souvent car dans tes films tu joues toujours avec les conventions ?

Oui, mais pas autant que là. Parce que là c’est vraiment un film de genre. Les précédents, ca flirtait avec le fantastique, l’horreur, mais sans être franchement dans le code.

La séquence du massacre de la famille de Neve se révèle très violente et très gore. Soudainement les beaux objets de leur luxueuse maison se transforment en objet de mort.

C’était l’idée de « Dark Touch ». L’idée que ce soit les objets qui tuent. Après ils se révèlent avoir été manipulés par la télékinésie. Mais au début ce sont des objets domestiques. C’est parce que j’ai l’impression, dans le cas d’abus d’enfants, que le confort, l’argent, masquent le malheur. On a un peu tendance quand un enfant grandit dans une famille aisée, avec de l’argent, des objets de consommation luxueux, de se dire qu’il a tout pour être heureux, qu’il est gâté. Du coup, pour casser cette idée, ça m’intéressait que les symboles du bonheur domestique deviennent les agents de punitions des parents.

Cette séquence est en tout cas très violente et très gore. As-tu mis longtemps à la filmer ?

Non. C”est surtout des histoires de maquillage, d’effets spéciaux, de prothèses.

Comme dans tes précédents films, tu mets en scène les félures et le malaise de ton héroïne, en l’occurrence la jeune Neve qui n’est pas muée par l’intention, l’envie de faire du mal.

Non, elle n’est pas diabolique.

Elle souffre plutôt d’un handicap émotionnelle et n’arrive plus à faire la différence entre ce qui fait part de l’affectif et du malsain. Sa famille adoptive va d’ailleurs en faire les frais ?

Tout à fait. C’est ce que j’avais envie de montrer sur un enfant abuser Que tout à coup, il avait un gros handicap pour décrypter les comportements des autre. J’avais envie parler d’une impossibilité a établir le contact parce que les autres sont très invasif et ne s’en rendent pas compte. C’est pour ça qu’il y a cette scène avec l’assistance sociale qui est la première à comprendre qu’elle doit être passive s’il veut que Neve vienne vers elle. J’avais envie de parler de cette impasse qui était mon ressenti par rapport à l’’abus d’enfants.

C’était ma question suivante. Seule l’assistante sociale va parvenir à nouer un lien affectif avec Neve. D’ailleurs dans la scène Neve vient lui avouer se penser responsable des déplacements d’objet, on sent à ce moment que le destin de Neve et du film aurait pu basculer dans autre chose.

Absolument. C’est le moment de ciel bleue, d’espoir, mais comme finalement l’assistante ne la croit pas, ça reste lettre morte. C’est normal qu’elle ne la croit pas.

A contrario de cette séquence où ça aurait pu basculer dans un autre sens, Il y a la séquence d’anniversaire avec les autres fillettes de sa classe qui torturent leurs poupées, et qui vont quelques part la conforter dans son attitude jusqu’au-boutiste.

Oui. Parce que tout d’un coup elle a l’impression que les autres enfants sont de futurs tortionnaires. Car elles ont comportement carrément sadiques avec leurs poupées, ce qui est courant ; Et du coup pour Neve cela prend un sens particulier. Très négatif.

As-tu enquêté sur des cas d’enfants abusés ? où as-tu laissé libre cours à tes émotions et à ton empathie ?

J’ai laissé libre cours à mes émotions à mon empathie. Je me suis mise à la place d’une enfant abusée et j’ai écris d’après la manière dont moi je réagirai.

Je n’ai pas vu ton « Petit Poucet », ni tous tes court métrages, mea culpa. En revanche, j’ai vu tes 3 longs métrages de cinéma et j’ai remarqué qu’ils étaient tous centrés sur un personnage féminin. Est-ce un choix, un choix conscient, un choix inconscient ?

A vrai dire, je ne saurai pas spontanément imaginer un homme. Je ne suis pas un homme. Je ne sais pas comment ça fonctionne un homme, comment ça réfléchi. comment ça ressent et donc tout naturellement je me projette dans des femmes.

Parles-nous un peu des comédiens de ton films. Quels étaient très critères de sélections pour la petite Neve, par exemple ?

Il n’y avait pas de critère. Il fallait qu’elle me plaise. C’est instinctif. J’ai fait des essais Elle m’a plu. J’ai trouvé qu’elle avait de la présence. Qu’elle était mystérieuse. Il n’y avait pas de critères très analysés. Il fallait qu’elle soit juste. Comme pour tous les acteurs. Il n’y avait pas de critères particuliers.

Tu ne recherchais apparemment pas une gamine fragile ?

Non, je ne voulais pas un choix misérabiliste.

Et alors pourquoi avoir choisit de tourner en Irlande et en Suède ?

Parce que j’avais pas l’autorisation de le tourner en France. J’vais pas l’autorisation de la DASS et l’Irlande et la Suède se sont des coproductions que nous avons trouvés et qui étaient motivées et intéressantes pour le tourner.

Et alors ton ressenti sur cette expérience ?

J’ai beaucoup aimé.

C’était une première expérience en langue étrangère ?

Pour ne te retourne pas, j’avais beaucoup tourné en italien. Mais j’avais jamais tourné en anglais. Mais a m’a beaucoup plu

Vous avez surtout tourné en Suède ou en Irlande ?

Moitié en Irlande, moitié en suède.

Est-ce que le fait de tourner à l’étranger t’a amené à retoucher ton scénario.

Non

C’est une expérience que tu voudrais renouveler ?

Avec plaisir.

Peux tu nous parler de ta musique et de ta collaboration avec Christophe Chassol ?

On a beaucoup discuté durant le montage. Je lui montrais des premiers montages, je lui disais ce que je voulais que raconte la musique à tel ou tel moment. Ce dont j’avais besoin comme rythme et comme émotion. Puis, il travaillait, me proposait et on décortiquait ensemble, puis il recommençait.

Et au niveau des décors, de la lumière ?

Pour les décors j’ai travaillé avec Tamara Conroy. Je lui ai dit à quoi je volais que ressemble les lieux. Et pour la lumière, j’ai dit que je voulais des clairs-obscurs et de la densité. Un peu dans le style du peintre Le Caravege. Et ensuite je les ai laissé faire leur boulot

Bon, tu avais l’expérience du « Petit Poucet », que je n’ai pas vu, mais est-ce facile de faire tourner des enfants ?

Oui, je trouve.

Même sur des sujets difficiles ?

Oui, ils n’en ont pas forcément conscience. La petite fille, par exemple, je ne lui ai jamais parlé de sexualité. Je lui ai expliqué qu’elle était battue. On simplifie. Non, je n’ais pas trouvé ça difficile. En même temps, je n’ai pas une expérience de 20 ans…. Mais sur ces 2 films s’était facile.

Et alors, l’accueil du film par le public dans les festivals ?

Très bien. Ca c’est très bien passé. Mantenant il faut voir comment va réagir le public français.

Du fait qu’il soit tourné en langue anglaise il va également sortir à l’étranger ?

Il es déjà sorti aux Etats-Unis. Il va surement sortir en Irlande, en Angleterre, mais je dois t”avouer que je suis pas très au courant.

As-tu déjà un projet, une idée d’un nouveau film ?

J’ai un projet de film qui serait une adaptation de la « Pitié Dangereuse » de Stephen Zweig.

Bon et bien, j’espère qu’on se reverra au moment de sa sorti.
Merci Marina.

LIEN(S) YOZONE

=> La critique du film
=> La bande annonce (vost)

INTERNET

La page facebook : https://www.facebook.com/DARKTOUCH....


Images © KMBO



Bruno Paul
21 mars 2014



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