Thérèse Figueur a un amoureux depuis son plus jeune âge. Ils ont gravé ce lien sur leurs mains, cette cicatrice devant leur servir de lien, de fil d’Ariane pour se retrouver quelles que soient les circonstances.
Séparés, Thérèse n’aura de cesse de chercher Clément Sutter, franchissant tous les obstacles malgré sa condition de femme. De royaliste, elle deviendra Dragon dans la Grande Armée, s’échappera d’un bateau anglais où elle était prisonnière, combattra plus d’une fois pour retrouver Clément Sutter, également enrôlé dans les troupes napoléoniennes.
À chaque obstacle sur sa route, elle se retrouve face au Minotaure, cette créature mythologique qui semble vouloir empêcher leurs retrouvailles.
Entre retours sur le passé expliquant ce qui les unit et présent où elle se démène, sabre au poing, comme une diablesse, les lecteurs découvrent cette femme si forte, allant jusqu’au bout de ses convictions. C’est là que je me demande : pourquoi ne pas s’être contenté d’un roman graphique retraçant fidèlement ses Mémoires mouvementés, reflets d’une époque tourmentée ?
Ici, le parti de rajouter une touche fantastique avec les apparitions du Minotaure a été pris, une manière de symboliser les événements (la guerre) cherchant à les éloigner et nécessitant une lutte de tous les instants. Certes, cet artifice renforce le propos, le rend plus tangible, mais la réalité était peut-être assez forte pour se suffire à elle-même.
En fouillant sur le net, on peut apprendre qu’elle a effectivement connu Clément Sutter dans sa jeunesse, mais plus tard que relaté dans cette bande dessinée, et s’est mariée avec lui après la guerre.
Cet Amour avec un grand A a peut-être été exagéré ici pour servir de fil rouge tout au long de l’album et apporter une part de sentiment au milieu du bruit et de la fureur, une légitimité (?) à sa carrière aventureuse. En tout cas, l’angle d’attaque est intéressant et donne toute sa dimension au présent récit.
On peut regretter que le format de 64 pages s’avère un peu étriqué pour s’attarder sur les différentes étapes par lesquelles passe Thérèse Figueur. Quelques pages de plus n’auraient pas été superflues pour mieux comprendre les différentes situations abordées.
Karl T. nous régale de superbes planches, il suffit de regarder la couverture pour s’en convaincre, mais de temps à autres, des dessins se révèlent imprécis par rapport à l’ensemble. Rien de rédhibitoire, mais vu ce qu’il nous montre tout du long, on peut s’en étonner.
Avec « Thérèse Dragon », le lecteur est plongé dans l’Histoire, dans la grande avec les campagnes napoléoniennes comme dans celle plus personnelle et romantique d’une personne se battant pour rejoindre son amour.
Étonnant destin que celui de Marie-Thérèse Figueur qui méritait bien cette mise en avant, même si certains regretteront la touche fantastique rajoutée. Malgré tout, ce one-shot fait forte impression aussi bien du point de vue scénaristique (forcément avec un tel destin, il y avait déjà une belle base), que visuel avec, entre autres, des scènes de batailles bien rendues et une Thérèse magnifiée.
Thérèse Dragon
Sous-titre : Récit de campagne napoléoniennes
Scénario : Damien Marie
Dessins & couleurs : Karl T.
Éditeur : Vents d’Ouest
Collection : Hors Collection
Dépôt légal : 22 janvier 2014
Pagination : 64 pages couleurs
Dimensions (en cm) : 24 x 32
ISBN : 978-2-7493-0697-1
Prix public : 14,95 €
Illustrations © Vents d’Ouest (2014)