Une histoire de vengeance, de justice et de désarroi
La police ne dispose il est vrai que de très peu d’indices : des marques de pneus qui peuvent avoir été montés sur plusieurs types de véhicules, mais sont forcément ceux d’un modèle haut de gamme, ce qui a priori devrait permettre de retrouver l’automobile facilement, d’autant plus que l’accident a été tel qu’il a forcément nécessité des réparations. Mais les enquêteurs faisant chou blanc, puis la police ayant d’autres chats à fouetter, les soupçons de Francis et Maureen O’Mara se tournent vers la ville proche d’Aberdeen.
Aberdeen, car cette ville a bénéficié du formidable essor économique dû à l’implantation proche de plates-formes pétrolières en mer. Du travail, des emplois, de l’enrichissement pour tous. Mais, entre les notables préalablement riches, les entrepreneurs locaux qui se sont brutalement trouvés propulsés dans le monde de la haute finance internationale, et les ouvriers ou experts qui travaillent en mercenariat sur les plates-formes en mer à des salaires délirants, tout le monde ou presque a les moyens d’y rouler en véhicule de parvenu.
Mais Francis O’Mara ne lâchera prise pour rien au monde. Il fait jouer ses quelques relations, en vain, puis parviendra à se faire emmener sur la plate-forme de forage, où, pense-t-il, se trouve l’assassin, et l’intrigue se terminera sur un dénouement particulièrement dramatique.
De l’action et de l’émotion
La fausse piste qui se dessine dans la première partie du roman ne dupera pas les plus expérimentés des jeunes lecteurs ; elle intervient trop précocement et est trop apparente pour ne pas susciter la méfiance des lecteurs coutumiers des ficelles du récit policier.
Mais là n’est pas, sans doute, le but premier du roman qui appartient à juste titre à la collection « Émotions ».
Émotions, parce que la description du monde sans âme des parvenus des ressources énergétiques et les réflexions d’un jeune nanti qui n’est peut-être pas aussi absolument détestable qu’il le semble au premier abord (n’oublions pas que le social et le politique sont très présents dans l’œuvre de Maud Tabachnik) permet à l’auteur de faire sentir un univers trouble d’où l’humain est loin d’être exclu. Un univers où le carcan des affaires et des apparences enferme un univers de richesses mais dans lequel certains, qui sont devenus des parvenus un peu malgré eux, se retrouvent englués dans des difficultés inattendues, un univers où l’on découvre les tourments de ceux qui gèrent très bien les opportunités professionnelles sans parvenir à en faire autant pour leur vie personnelle.
Émotions aussi – et surtout – par une fin d’autant plus dramatique qu’inattendue, par le tour étrange que prendra le face-à-face final, par le désarroi de ceux qui malgré tous leurs efforts ne sont que des hommes avec leur faiblesse, leur folie, leurs principes, leurs remords, leur jusqu’au-boutisme, rien d’autre que des hommes perdus dans la furie des océans, rien d’autre que des fétus de paille livrés aux flots du hasard et du destin.
Titre : Si tu meurs elle reviendra
Auteur : Maud Tabachnik
Couverture : José Maria Mellado / Getty Images
Éditeur : Flammarion
Collection : Émotions
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 224
Format (en cm) : 135 x 210
Dépôt légal : janvier 2014
ISBN : 9782081308626
Prix : 13 €