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Galaxies n°26 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°26, SF - nouvelles - articles – critiques, novembre 2013, 192 pages, 11€

Pour ce rendez-vous semestriel avec « Lunatique » hébergée par « Galaxies », l’imaginaire italien est mis en avant avec 13 nouvelles au sommaire et un article sur le sujet. Pierre-Jean Brouillaud, grand connaisseur du domaine, est en charge de cet imposant dossier, couvrant les trois quarts du numéro.
À la lecture du sommaire, il faut reconnaître qu’à part Valerio Evangelisti, Serena Gentilhomme, signant ici tout comme dans « Solaris 188 », un texte très court, vite écrit, vite lu et aussi vite oublié, et dans une moindre mesure, Ugo Malaguti, les autres auteurs sont des quasi inconnus en France.



Le démarrage est assez laborieux. Sur les quatre premières nouvelles, seule “La plus belle façon de mourir” de Selene Verri sort du lot. Elle nous fait partager les dernières 24 heures de la vie d’une religieuse, désignée par tirage au sort pour mourir. Victime de ce moyen de lutte contre la surpopulation, elle a décidé de partir en beauté. Délicieusement immorale !

Andrea Viscusi nous livre une belle historiette sur les voyages temporels. Dans “La recrue”, Rob écume le temps pour voler des objets d’art. Depuis plus de 10 ans, il échappe au policier Emmet. La conclusion est très bien trouvée et donne un autre éclairage sur l’ensemble. Bel angle d’attaque sur un sujet mainte fois traité.
Bruno Vitiello a écrit un des deux plus longs textes du numéro. “Le Réparateur” n’accepte pas ce principe d’obsolescence inscrit dans les circuits imprimés, programmés pour donner aux objets une brève période d’existence. Vive la consommation, vive le neuf, à bas l’ancien à ramener pour destruction ! Ce n’est pas sa philosophie, il préfère redonner une seconde chance aux appareils défectueux. Il garde son identité secrète, car il sait que les grandes multinationales n’approuvent pas du tout son action de l’ombre, même à petite échelle et pour les moins nantis.
Bruno Vitiello nous plonge dans cette société dédiée à la surconsommation, selon le point de vue du Réparateur vieillissant aux abois. Ce Robin des Bois moderne combat l’injustice frappant les plus pauvres, rejetés en marge car ne pouvant suivre l’inflation néfaste du progrès. Très bonne nouvelle nous laissant songeur sur le thème évoqué.

Collateral damages” nous présente une Venise dépeuplée, la faute à une bombe nucléaire. Un homme y survit tant bien que mal avec ses souvenirs. Renato Pestriniero narre la vie de cet homme qui nous touche, surtout quand on découvre les événements qui l’on conduit à cette situation. Très belle inspiration autour de la cité des Doges.
Les égaux” se déroule essentiellement à l’école, les élèves stigmatisent une fillette, car elle est une clone de sa défunte mère. Le monde de l’enfance est cruel, mais les adultes, à de rares exceptions près, ne montreront pas plus de considération pour son cas. Anna Feruglio Dal Dan titille une corde sensible au fond de chaque parent qui aimerait protéger cette petite fille qui ne demande qu’à vivre comme une enfant comme les autres. Pas de grands effets dans ce texte, mais effet maximal.

Ugo Malaguti signe le plus long récit de ce numéro. “Le jongleur” se passe sur une planète consacrée aux plaisirs. Y aller revient à tout oublier et, attention à l’accoutumance, le voyageur aura le plus grand mal à partir. Carpe Diem résume bien la philosophie d’Elinora où chacun vit selon ses désirs. Trente pages qui nous emportent, nous font oublier les soucis quotidiens pour nous transporter dans une fête de tous les instants.

Direction la Lune avec Antonio Bellomi et son personnage du professeur Uriel Qeta. Une menace terroriste sur la Lune va mettre ses capacités à l’épreuve. Heureusement qu’il est là pour résoudre le dilemme rencontré par les autorités. “Terreur à Luna City” bénéficie d’un sympathique développement avec une opposition entre le raisonnement froid et pragmatique des militaires et celui plus réfléchi de Qeta.
Valerio Evangelisti aborde un sujet qu’il aurait été étonnant de ne pas voir traité par les Transalpins : la Maffia. Prendre la place du chef constitue le rêve de chaque sous-fifre, alors prêt à tout pour atteindre cet objectif. Mais se mettre en avant est forcément risqué.“ L’homme de main” ne manque pas d’humour, il faut bien cela pour contrebalancer les magouilles en tout genre émaillant le texte.

Huit nouvelles sur treize se détachent, les autres ne se révèlent pas à la hauteur d’un spécial Italie qui s’avérait prometteur. Il faut remarquer que les textes sont dans l’ensemble assez courts et que, dans ce cas, il faut avoir une bonne idée pour marquer le lecteur. Pour certains, l’objectif n’a pas été atteint. Dommage, mais l’intéressant article de Jean-Pierre Fontana “Pour une petite histoire de la fantascienza et de l’imaginaire italien” trouve un triste écho dans cette sélection. En effet, dans le bilan, il avoue : « En fin de compte, le bilan que l’on peut tirer, avec le recul d’une cinquantaine d’années, n’est pas des plus brillants. »

La particularité de « Lunatique » réside aussi dans ses chroniques consacrées aux sorties au cinéma et non en librairie.

Ce spécial Italie a le grand mérite de nous offrir un panorama d’une science-fiction peu connue en France, alors qu’elle provient d’un pays voisin. Hélas, un tiers des nouvelles ne réussit pas à convaincre...


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 26 (68 dans l’ancienne numérotation)
Sous titre : Lunatique 87
Directeur de publication : Pierre Gévart
Rédacteur en chef délégué pour ce numéro : Jean-Pierre Fontana
Couverture : Giorgio Sangiorgi
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens...
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : novembre 2013
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
8 février 2014


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