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Dernière Guerre (la), tome 1 : 49 Jours
Fabrice Colin
Michel Lafon, jeunesse, roman (France), 411 pages, novembre 2012, 16,95€

Floryan est mort dans un attentat dans le métro parisien en 2012. Il se « réveille » dans l’Intermonde, face à un Elohim, un ange qui lui laisse 49 jours pour choisir entre rejoindre le Royaume des Cieux ou plonger dans le Nihil, un maelstrom de brumes aux effets inconnus (réincarnation ? vaporisation ? oubli ?). Le temps de sa réflexion, Floryan explore cet Intermonde et rencontre les Egarés, un groupe qui lui révèle que ce choix n’est pas obligatoire. Le jeune homme va rejoindre la communauté et apprendre à utiliser les brumes du Nihil pour explorer le temps. Mais les contraintes et les interdits sont nombreux, et Floryan ne tarde pas à comprendre que les secrets sont aussi nombreux que les jeux de pouvoirs dans le village.
Mais très vite, Floryan va se mettre beaucoup de monde à dos en bravant les interdits majeurs : se servir du Nihil pour retrouver ses proches et aller dans le futur.
C’est là qu’il fait une grande découverte : 20 ans après sa mort, une guerre totale ravage la Terre, suite à la diffusion d’un virus qui a rendu les femmes stériles...



Fabrice Colin est capable de nous surprendre à chaque livre. Il mélange ici les genres, commençant avec du fantastique en faisant réincarner son héros sur un autre monde, puis basculant dans les codes de la fantasy avec son village pseudo-utopique, ses montures-dragons qui volent au-dessus du gouffre qui permet de visiter d’autres époques, ou encore le pouvoir d’onirisation, grâce auquel les Egarés fabriquent les objets dont ils ont besoin.
On revient au fantastique teinté d’anticipation lorsque Floryan, plus ou moins fantomatique, avance dans le temps, d’abord sur les traces de ses parents, puis en s’attachant aux pas de Rain, une jeune fille qui vit « chez lui » ans ans plus tard, lorsqu’éclate une guerre qui pourrait bien être la dernière. Les lecteurs ou spectateurs des « Fils de l’Homme » (le roman est de P.D. James, le film d’Alfonso Cuaron avec Clive Owen) retrouveront cette menace qu’est la stérilité mondiale et l’extinction annoncée de la race humaine. La vraie nature des Elohim, révélée à la fin dece volume, donne une touche finale 100% SF.

Le rythme soutenu de l’action et les révélations et découvertes régulières de Floryan ne laissent aucune place à l’ennui. La narration à la première personne est immersive, et quelques commentaires saupoudrés au fil des courts chapitres laissent très vite envisager que tout n’est pas si rose qu’il y paraît. Car Floryan écrit cette histoire a posteriori, et glisse parfois une remarque qui aiguisera la suspicion du plus naïf des lecteurs envers tous ces protagonistes dont le discours est souvent biaisé, et qui à défaut de mentir occultent certaines informations. Car dans l’Intermonde, où Floryan vient d’arriver, savoir c’est pouvoir. De l’Elohim qui, immédiatement, dicte les premiers a priori du héros à Télémaque, le chef des Egarés, qui interdit l’écriture pour mieux contrôler un savoir qu’il diffuse au compte-gouttes, Colin nous offre une belle brochette de vilains. Mais certains seconds rôles, aux allégeances changeantes ou mystérieuses, redorent un peu le blason de cet échantillon d’humanité.

La fin de ce volume m’a quelque peu surpris. Si les actes de Floryan sont tous ceux auxquels on s’attend, leur raison m’échappe. Car le héros, amoureux et presque incarné dans le futur, s’imagine destiné à protéger Rain, et l’auteur semble sous-entendre que c’est là le grand dessein qui lui a valu d’atterrir sur l’Intermonde. Je serai sidéré que Fabrice Colin nous produise une pirouette du genre « cet amour pur et sincère va sauver le monde », même si c’est l’impression générale qui domine en fin de volume. Il a montré qu’il était plus retors que cela, y compris en littérature jeunesse, et « 49 jours », par les thèmes abordés tant que par l’âge du héros (marqueur souvent révélateur), se situe dans le créneau charnière du « roman pour jeunes adultes ». Donc si la suite, « Seconde vie », sortie en fin d’année 2013, aura probablement des accents de romance sur fond d’apocalypse, cela ne sera, je n’en doute pas, qu’un décor propice à réflexion sur la liberté et le libre-arbitre.
À suivre donc.


Titre : 49 jours
Série : La dernière guerre, tome 1/2
Auteur : Fabrice Colin
Couverture : Marc Simonetti
Éditeur : Michel Lafon
Collection : Jeunesse
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 411
Format (en cm) : 22 x 14 x 3,5
Dépôt légal : novembre 2012
ISBN : 9782749916545
Prix : 16,95 €



Nicolas Soffray
8 février 2014


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