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Les Furies de Boras
Anders Fager
Mirobole Éditions, collection pourpre, traduit du suédois, 345 pages, janvier 2014, 21,50 euros

Nous ne ferons pas la chronique détaillée des « Furies de Boras » parce qu’il s’agit d’un recueil de nouvelles qui ne se décrit pas mais qui se lit. « Les Furies de Boras », c’est un peu le croisement entre les thématiques d’épouvante et le récit naturaliste, et Anders Fager le fruit d’une union contre nature entre Lovecraft et Zola. Car, si ce volume renferme sa dose de sexe et de violence, cela n’a rien, comme c’est hélas trop souvent le cas, de purement commercial ou même de gratuit. Car ces éléments ne sont qu’une partie d’un tout, d’une ambiance, d’un lot de thèmes et de lieux classiques de l’épouvante, des sous-sols, des escaliers, de la forêt, de la lande, et même des zones urbaines où la densité est telle que n’importe quel prédateur, ou presque, peut rôder. On a du sombre, de l’humide, du marécageux, de l’explicite et de l’à-peine-décrit, de l’innommable et des choses dont on préférerait ne jamais avoir entendu parler.



Une chose est sûre : quand ils auront lu « Les Furies de Boras », les ados de sexe masculin, plutôt que d’aller en boîte, préféreront rester chez eux à faire n’importe quoi, surfer sur le réseau, jouer sur leur console, relire leurs vieilles bandes dessinées ou même, allez savoir, préparer leurs examens – tout, plutôt que de laisser leurs hormones les conduire à prendre des risques aussi inconsidérés.

Quand vous aurez lu « Les Furies de Boras  », vous n’irez plus jamais acheter de poissons exotiques dans la boutique de cette jeune femme qui élève de si magnifiques spécimens. Mieux encore, si vous croisez par hasard ladite jeune femme dans la rue, vous détalerez en hurlant.

Quand vous aurez lu « Les Furies de Boras », vous ne vous soucierez guère de la réglementation sur les armes. Car après avoir vu dans la baignoire ce qui reste d’un combat singulier entre votre épouse et une entité d’outre-espace, vous aurez compris qu’il faut du lourd, du très lourd : gros calibre, grenades, explosifs. Au moins. Et aussi des renforts. Et tant pis pour votre salle de bains.

Quand vous aurez lu « Les Furies de Boras », vous vous méfierez de tout : des jeunes filles, certes, des boutiques de poissons exotiques, bien évidemment, mais aussi des enfants et de leurs amis imaginaires ; des gens que vous croisez dans le bus ou dans le métro ; des hospices pour personnes âgées ; de tout, absolument de tout.

Les insomniaques, pensons-nous, auront intérêt à lire « Les Furies de Boras » aux petites heures de la nuit. Une lecture qui les conduira à faire d’étranges constats : ils découvriront par exemple qu’il est possible d’avoir à la fois des insomnies et des cauchemars.


Hilaire Alrune
18 janvier 2014


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