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Géante Rouge n°21
Rédacteur en chef : Patrice Lajoye
Fanzine, n°21, SF - nouvelles - entretien, 3ème trimestre 2013, 192 pages, 11€

Il faut reconnaître que le fanzine créé à l’origine par Pierre Gévart a bien changé depuis ses débuts. Même si depuis la reprise de la revue « Galaxies », il s’en est détaché, il en est toujours le directeur de publication. C’est Patrice Lajoye qui est en charge du contenu et qui nous explique dans l’éditorial tout le travail que cela nécessite et comment il s’est fait aider par des blogueurs dans le choix des nouvelles.
Il insiste aussi sur une donnée que l’on aurait tendance à oublier : malgré sa présentation impeccable proche de « Galaxies », « Géante Rouge » est toujours un fanzine, fonctionnant sur le principe du bénévolat.



16 nouvelles, dont 2 de Thomas Geha en plus de son entretien, et une poésie figurent au sommaire. Autant dire qu’il y a matière à lecture, mais le contenu est inégal et une semaine après lecture, il y a déjà de nombreux titres qui sont tombés dans l’oubli, faute d’avoir imprégné mon esprit par une idée ou un traitement original. Cette chronique ne traitera donc que des œuvres les plus marquantes.

Ce numéro met en avant Xavier Dollo / Thomas Geha, ce qui est intéressant à plus d’un titre. En effet, il dispose de plusieurs casquettes (il est aussi bien auteur, libraire qu’éditeur). L’entretien est donc instructif, car il traite de plusieurs métiers s’articulant autour du livre.
L’interview s’accompagne de deux nouvelles : “Psychindus” et “Elle(s)”. La première nous présente un nouveau genre de musique accessible uniquement en boîte et qui se vit plus qu’elle ne s’écoute. Agréable plongée dans le cyberpunk, mais sans nous passer loin au-dessus de la tête comme souvent.
Le second texte se passe un jour de rentrée lorsque l’on observe ses nouveaux camarades. Une fille se démarque d’emblée et voilà notre personnage amoureux. La folie le gagne, il se monte des films... Nous avons une montée dans la passion, dans son délire, jusqu’à la fin qui cogne fort. Thomas Geha, indiscutablement marque là des points et nous fait attendre ses prochaines apparitions.

Mimétisme” de Frédéric Gaillard est court, ce qui convient bien à l’histoire exposée. Un alien échoué sur notre planète fait le forcing pour être récupéré par les siens. Le traitement suit ici parfaitement l’idée. 4 pages jubilantes.

Le récent vainqueur du concours Visions du Futur, Marc Oreggia, nous donne un “Vega’s bizarro” séduisant. Chuck tombe par hasard sur un extra-terrestre. Jouer au voyeur n’était pas une bonne idée et il partage désormais son corps avec un hôte encombrant. La virée à Las Vegas n’est pas de tout repos. Il y a un peu de bizarro dans ce texte qui ne se prend pas au sérieux, mais qui constitue un bon divertissement.

Didier Reboussin nous livre “Wannsee”, une étonnante nouvelle, dans laquelle Roland est envoyé du côté de Nevers pour enquêter sur deux nazis qui auraient détourné un trésor. Une drôle de découverte l’attend ! L’auteur nous immerge avec talent dans l’histoire qui est passionnante. Une des belles pioches de ce numéro.

Philippe Mollé s’inspire des différents tsunamis qui ont frappé l’Asie ces dernières années. Il le fait à une plus grande échelle dans “La rencontre”. Il ne faut pas trop creuser ; par exemple, les gens sont bien trop résignés, toutefois, l’idée fait mouche et ce dernier combat que livre un homme face aux éléments tient aussi bien du courage, du désir de vivre que de la folie.

Olivier Gechter et Sandrine Scardigli nous décrivent une société future où le cuir, le bois... sont des richesses que bien peu de personnes peuvent s’offrir. Et encore, elles envient toujours ce qu’a l’autre et cherchent à se l’approprier. Khadi est chargée par la Patronne de trouver l’identité du Capitaine du navire l’Amsterdam Red Light. Monde du luxe, de la luxure... l’immersion dans “Cent pour cent pur cuir” est grisante.

Denis Roditi nous décrit une société future à faire froid dans le dos. Dans “Acrobolis”, le chômage est éradiqué. L’humain ne choisit plus ce qu’il va faire, avec qui et où il va vivre. Fini de se casser la tête, un ordinateur central décide pour lui. Par contre, il faut être capable de changer tous les trois mois de boulot, d’avoir une femme un jour, pour ne plus en avoir le lendemain et même être gay pendant une période. Victor Kesselmann a parfaitement assimilé cette nouvelle vie. Aussi, lorsqu’il se retrouve désœuvré quelques jours, est-il perdu, honteux de cette situation d’oisiveté.
Denis Roditi fait preuve d’originalité à plus d’un titre. À mon avis, le cas de Victor sort de l’ordinaire ce qui, en plus du background, constitue une grande partie de l’intérêt de ce texte bien tourné et bien vu.

Jean-Pierre Guillet nous régale avec la découverte d’un lieu où se serait posée une soucoupe volante. Les scientifiques y trouvent un étrange objet. À force d’expériences, ils en trouvent quelques fonctions, mais il n’a pas fini de les faire réfléchir. La fin de “Même un enfant saurait s’en servir” est d’une belle élégance et nous rappelle que notre civilisation n’est pas forcément le sommet de l’évolution... Sans grands effets, un très beau résultat.

On peut encore citer l’ambitieux texte de Nicolas Lefebvre, “Chrysalide”, reprenant l’idée des animaux hôtes et “Une bibliothèque qui crashe” de Hugo Van Gaert qui montre à travers une belle extrapolation comment certains peuvent rester accrochés aux livres papier.

La fin du numéro regroupe les lauréats du Prix Pépin 2012 (à savoir des short stories de moins de 300 signes), ainsi qu’une sélection des meilleures propositions. On pourrait penser que l’inspiration pour quelque chose d’aussi court allait se tarir au fil des années, il n’en est rien, ce dont on ne peut que se féliciter.

Ce numéro 21 de « Géante Rouge » est consistant et nous offre un nombre important de nouvelles. La qualité n’est pas toujours la même, j’ai d’ailleurs trouvé que les textes montaient en puissance au fil des pages, mais le sommaire nous réserve de belles choses.
Dans l’ensemble, Patrice Lajoye et les blogueurs peuvent être fiers du travail effectué sur ce fanzine annuel qui a tout d’une revue.


Titre : Géante Rouge
Numéro : 21
Rédacteur en chef : Patrice Lajoye
Couverture : Pierre Le Pivain
Type : fanzine
Genres : SF, nouvelles, entretien
Site Internet : Géante Rouge
Dépôt légal : 3ème trimestre 2013
ISSN : 1778-011X
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
12 janvier 2014


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