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Icônes, tome 1
Margareth Stohl
Hachette, Blackmoon, traduit de l’anglais (États-Unis), fiction post-apocalyptique, 405 pages, octobre 2013, 18€

Après le succès de la série des « Enchanteurs », Margareth Stohl aurait pu jouer la sécurité en continuant l’écriture à quatre mains ou, en tout cas, en restant dans le même domaine. Cependant, il n’est pas toujours facile de faire du neuf avec du vieux. Alors, la co-auteure de « 16 Lunes » reprend la plume avec une fiction post-apocalyptique un brin torturée tout de même.



Pourquoi torturée ? Eh bien parce que l’on a tout de même beaucoup de mal à comprendre certaines choses. La trame de l’histoire est simple : des extra-terrestres ont atterri sur Terre, placés les humains en esclavage et la Rébellion, après quelques années difficiles, vient enfin de découvrir le moyen de les affaiblir, voire de les chasser. Mais, à côté de cela, il y a tellement de pourquoi et de comment dans ce livre que le plaisir est un peu gâché. Pourquoi les extra-terrestres ont débarqué ? Pourquoi ne les voit-on jamais ? Pourquoi et comment le “ don ” des enfants Icônes les protège-t-il ? Comment ont-ils choisi les familles qui allaient accueillir ces enfants ? À quoi servent les Chantiers ? Comment les enfants concernés peuvent se qualifier, dès le départ, d’enfants Icônes, alors qu’ils ne connaissent ni leur passé, ni leur capacité, ni leur nombre, ni leur destinée ?

En effet, dès que le lecteur cherche à appréhender les détails qui fixent les trames, les choses se complexifient : les extra-terrestres, qui se font aussi appeler les Seigneurs, ont placés de gigantesques machines, les Icônes, au cœur même de villes d’importance. Quelques jours après leur arrivée, certaines de ces Icônes ont été activées et il en a résulté un champ électromagnétique qui a stoppé toute activité électrique à des kilomètres à la ronde, entraînant la mort de tous les animaux (donc les humains) par un arrêt cardiaque immédiat. Depuis les hommes, surtout les citadins, vivent sous la menace de la réitération de cette tragédie tandis que des transporteurs patrouillent dans les campagnes où une vie cachée, mais aussi la Rébellion, s’est organisée. Ces individus sont traqués, capturés et envoyés dans les Chantiers, où ils triment pour les Seigneurs.
C’est au sein de l’une de ces communautés que vivent Dol et Ro, deux adolescents. Quand les Sympathisants, des humains à la solde des Seigneurs, attaquent le village, c’est eux qu’ils cherchent. Emmenés à l’ambassade de leur zone, ils sont mis en contact avec deux autres adolescents ; tous possédant certains pouvoirs liés à leurs émotions. Tels les quatre Cavaliers de l’Apocalypse, les quatre adolescents sont nommés selon leurs sentiments affiliés : il y a Doloria (Dol, la Pleureuse), Furos (Ro, la Fureur), Timora (Tima, la Terreur) et Lucas Amare (Amoris, l’Aimant, le seul qui détonne car ce n’est pas son prénom mais son nom de famille). Tous les quatre sont capables de différentes actions en concentrant leur émotion clé. Et, ensemble, il semblerait qu’ils pourraient vaincre les Icônes.

Bon, il faut être honnête et admettre que dans ce (long) résumé, il y a déjà des problèmes de cohérence sur l’histoire. Et, quant au récit lui-même, il présente des aller-retours qui créent des longueurs forcément dommageables dans un récit jeunesse. Des informations, données par note entre les paragraphes, ne sont pas toujours d’une grande utilité, mais le style est fort sympathique, de même que le personnage impliqué est tout à fait… particulier. Les méchants de l’histoire sont très peu présents et le lecteur finira par avoir l’impression de voir Don Quichotte se battre contre des moulins à vent. Quant au final, il est légèrement capillotracté. Bon, complètement en fait.

Attention spoiler : c’est vrai que Margareth Stohl prend bien soin de nous dire que personne ne connait les pouvoirs ultimes d’une Pleureuse et d’un Aimant, mais quand même, vacciner toute une ville contre l’effet électromagnétique des attaques des Seigneurs, c’est violent. Tout comme gérer une invasion avec une demi-douzaine d’Icônes et un vaisseau mère en trois volumes, sachant qu’en un seul volume, ils n’en détruisent qu’un et manquent se tuer. Fin du spoiler.

D’un point de vue stylistique, le récit reste très fluide. Les phrases sont courtes, bien structurées. Seuls les dialogues laissent un peu à désirer dans le sens où ils sont souvent enfantins. De plus, s’il est vrai que les acteurs principaux d’ « Icones » sont des adolescents pour la plupart fort peu instruits, leurs échanges ne dénotent aucune différence d’éducation. Et ce, alors même que l’un d’eux est le fils de l’Ambassadrice !

Allez, laissons les lecteurs se faire une idée par eux-mêmes. Une dernière chose toutefois, comme dit précédemment, il s’agit encore d’une trilogie, pourtant ce premier tome se suffit amplement à lui-même… Si on met de côté les questions sans réponse, bien sûr.


Titre : Icônes (Icons, 2013)
Série : Icônes (Icons), tome 1/3
Auteur : Margareth Stohl
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Luc Rigoureau
Couverture : Roine Magnusson
Éditeur : Hachette
Collection : Blackmoon
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 405
Format (en cm) : 13,7 x 21,5 x 2,5
Dépôt légal : octobre 2013
ISBN : 978-2-01-203528-7
Prix : 18 €



Emmanuelle Mounier
14 janvier 2014


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