Le nouveau Eoin Colfer est un bon cru. Après 8 tomes d’« Artemis Fowl », il était temps de changer de héros. Son nouveau duo n’en est pas très loin : l’elfe Holly Short est remplacée par l’agente Chevie Savano, 17 ans et pressée d’intégrer le FBI. Un peu tête brûlée, elle n’en demeure pas moins concentrée et malgré les circonstances exceptionnelles, sa formation autant que sa débrouillardise sortiront nos deux nouveaux héros de bien des situations. Le jeune Riley est quant à lui aux antipodes d’Artémis. Orphelin recueilli par Garrick (le méchant de cette histoire), il répugne à tuer. Mais l’assassin prestidigitateur est sa seule famille, et leur relation oscille entre respect et frayeur. Calqué sur Oliver Twist autant que David Copperfield, il se démarquera tout de même de ses modèles classiques. Et ce premier volume lève le voile sur ses origines troubles, un vrai plus à l’intrigue.
Une intrigue qui, on le devine vite, sera coupée en deux : après la traque au XXIe siècle, où Chevie fait appel au FBI pour échapper à un Garrick omniscient (Londres a peu changé en profondeur en un siècle), les deux héros n’ont plus qu’une solution : fuir dans le passé. C’est au tour de Riley de prendre la tête du duo, dans ce monde qui est le sien et dont Chevie ne maîtrise pas les codes.
Contrairement à nos attentes (mais après tout, nous n’avons pas affaire au premier écrivaillon venu), ce n’est pas tant le choc des âges qui sauvera régulièrement nos héros (quoiqu’une fille qui connaît les sports de combat, ça aide au XIXe). Au contraire, ils seront ballottés au gré des hommes de pouvoir des deux époques, jusqu’à échouer de mal en pis, chez un grand méchant loup au visage d’ange, une sorte de devin qui en connaît trop sur le XXe siècle pour ne pas paraître suspect aux yeux de l’agente Savano.
Eoin Colfer tourne et tord à merveille son histoire pour emboîter toutes les pièces d’un puzzle temporel complexe, où les paradoxes sont escamotés avec intelligence pour notre plus grand plaisir.
Mais en parlant d’escamotage, le mot de la fin sera pour Albert Garrick, le méchant. S’il apparaît tantôt comme un psychopathe ou un professionnel exécutant froidement sa tâche, Colfer nous en dit beaucoup sur son passé, de son enfance difficile à ses débuts de tueur, pour en faire le personnage le plus creusé de ce premier tome. Et malgré toute l’antipathie qu’il peut provoquer, on en vient souvent à le comprendre, voire à le considérer comme le personnage principal de ce livre.
Des aventures trépidantes, une traque sans pitié, une peinture du Londres de Dickens et Conan Doyle plus vraie que nature, voici les ingrédients du nouveau succès d’Eoin Colfer. La fin ouverte laisse envisager moult complots du passé comme du futur, il ne reste plus qu’à patienter...
Titre : L’assassin malgré lui (The Reluctant assassin, 2013)
Série : W.A.R.P., tome 1
Auteur : Eoin Colfer
Traduction de l’anglais : Jean-François Ménard
Grand format
Couverture : Owen Richardson
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Grand format
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 391
Format (en cm) : 22,5 x 15,5 x 3,7
Dépôt légal : janvier 2014
ISBN : 9782070656585
Prix : 18,50 €
Poche
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Pôle Fiction
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 416
Format (en cm) : 18 x 11
Dépôt légal : février 2015
ISBN : 9782070656592
Prix : 7,75 €
Tome 2 : « Le complot du Colonel Box »