Première constatation : seuls les deux premiers prix ont été désignés. Contrairement aux précédentes années, pas de troisième prix, ce qui n’est pas bon signe sur la qualité des nouvelles reçues.
Quelques chiffres intéressants sur la participation nous sont donnés : trente textes pour la citation de Jack London, vingt-sept pour celle de Roland C. Wagner et 20 sur le thème Engrenage.
Étonnamment, les deux lauréats ont concouru pour la citation de Jack London. Pour faire bonne mesure, le jury a aussi désigné deux accessits et tous deux relèvent de la citation de Roland C. Wagner. Engrenage semble avoir très peu inspiré les participants, aussi bien en termes de niveau que de soumissions. Il y a vraiment un clivage entre les trois sujets.

Intéressons-nous aux quatre nouvelles publiées dans ce numéro, les deux lauréats et les deux accessits.

“Dark Rocks” de Marc Oreggia a remporté ce concours. Cette nouvelle n’est pas sans rappeler le roman « Étoiles, garde-à-vous ! » de Robert Heinlein ou peut-être encore plus l’adaptation cinéma de Paul Verhoeven, « Starship Troopers ». Une drôle de guerre nous est présentée, elle se déroule sur Terre et oppose les humains aux Hydres. L’auteur s’adresse au personnage principal en usant du tutoiement, comme pour mieux nous intégrer à cette lutte assez confuse qui n’annonce rien de bon.
Le procédé a déjà fait ses preuves mais ne m’a pas semblé des plus appropriés en l’occurrence, même si c’est ce qui a dû lui valoir la première place du podium.

Le second : Arnaud Cabanne avec “Point de fuite” m’a plus séduit. Colo et son père franchissent les limites de la ville pour y chercher à manger. La nourriture est si rare que l’homme est chassé dans cette civilisation post apocalyptique. Rentrer bredouilles rendrait la mère de Colo folle furieuse, alors mieux vaut ouvrir l’œil et ne pas laisser passer la moindre opportunité. Mais Colo éprouve du mal à tuer son prochain...
Cette plongée dans la survie à tout prix est bien rendue, Arnaud Cabanne la met bien en scène et ne s’en contente pas, rajoutant même une ultime touche d’horreur.
Personnellement, je lui attribue le premier prix.

Si dans les accessits : “Mamie Lucie” de Milora s’avère assez anecdotique, “L’Alif” de Morrad Benxayer est prenante. La question L’univers... est-il fini ou infini ? tarabuste tant le personnage qu’il ne recule devant rien pour la résoudre. Il se rend en Inde dans l’espoir qu’un gourou lui donne enfin la solution.
Réalité et vision se mêlent, donnant un ensemble intéressant, surtout qu’il se passe dans un pays fascinant. Il aurait été dommage que cette nouvelle reste dans l’ombre.

Un jeune homme se disant son neveu rend régulièrement visite à “Mamie Lucie”, mais elle a beau chercher, elle ne se souvient pas de lui et doute de ses assertions. Rien d’étonnant, sachant que Mamie Lucie souffre d’Alzheimer. Pourtant...
Il est difficile de comprendre le rôle que joue vraiment cet homme. Il est dommage que ce mystère masque la maladie et ses symptômes, bien rendus par Milora. La fin ne manque pas d’élégance, mais l’intérêt fait défaut.

Au final, j’avoue trouver le palmarès du concours Visions du Futur 2013 décevant. De loin pas le meilleur cru des dernières années. Comme juste les deux premières places étaient attribuées, on pouvait s’en douter.

Titre : AOC
Numéro : 30
Directeur de publication : Jocelyn Talureau
Couverture : Lodgraph
Type : fanzine
Genre : Science-fiction, fantasy, fantastique
Site Internet : le club Présences d’Esprits
Période : automne 2013
Périodicité : trimestriel
ISSN : 1772-3442
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 50
Prix : 3,50 €