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Évangile de Jimmy (L’)
Van Cauwelaert, Didier
Albin Michel, octobre 2004, 432 pages, 22 €


L’enfer de la satiété de masse

J’envie Van Cauwelaert depuis plusieurs années, sans doute parce qu’il est de Nice et que nous avons le même âge et la même passion d’écrire, mais lui, bien entendu, se débrouille autrement mieux. Je l’apprécie pour ses histoires étranges et totalement fluides, avec des fantômes, des morts qui parlent, des aventures douces, poétiques et intrigantes, présentés à la manière d’un Marcel Aymé. En un peu plus styliste, en un peu moins décapant.

Cauwelaert touche à peu près à tous les registres du romanesque et toujours avec le même bonheur. L’évangile de Jimmy ravira donc les amateurs de science-fiction, parce qu’il en relève, au plein sens du terme : une fiction élaborée à partir des derniers dérapages (in)contrôlés(?) de la technique biogénétique.
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Le sujet du roman est d’une simplicité biblique, puisqu’il s’agit de la réincarnation du Christ et de ses problèmes de gonzesses et de fric, quelque part à Los Angeles dans les années deux mille plus. Jimmy n’a aucune connaissance de sa filiation toute particulière, et plutôt que de marcher sur les eaux, il préfère les nettoyer et se contenter de son salaire misérable de pisciniste. Est-ce que les églises américaines superpuissantes et les empires de la communication pourront tolérer pareil scandale ? Est-ce que le fils de Dieu a les moyens de résister à ces tentations d’un nouveau genre ? Cauwelaert ne répond pas vraiment : il préfère laisser libres ses marionnettes, c’est-à-dire les laisser appréhender toutes les facettes absurdes de leur monde de contraintes.
La liberté contemporaine naît de la toute-puissance de l’ego de masse : elle est un asservissement voluptueux et consenti. Les hommes se repaissent des spectacles cheap et de nourritures light, dans la grande folie de la consommation frénétique. La grande force de Jimmy est d’échapper à tout cela, fût-ce au prix suprême du sacrifice. Tout n’est peut-être pas perdu : il y aurait une rédemption possible du futur. Belle conclusion.

Mais donner une fin heureuse à un délire si réaliste, n’est-ce pas cela la véritable invention de ce roman plus qu’inquiétant. Big Brother loves us. Ne vous réveillez pas !


Titre : L’Evangile de Jimmy
Auteur : Didier Van Cauwelaert
Nombre de pages : 432
Éditeur : Albin Michel
Site internet de l’éditeur : www.albinmichel.fr
Dépôt légal : 6 octobre 2004
Format : broché
Dimensions : 225 x 145
ISBN : 2226154973

Prix : 22 euros

Article paru dans Phénix Mag

Site Internet d’achat conseillé : Amazon - L’évangile de Jimmy (cf. lien col. de gauche).


Kentaro Okuba
6 septembre 2005


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L’auteur pendant une lecture



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