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Cerisiers fleurissent malgré tout (Les)
Keiko Ichiguchi
Kana

Le tsunami japonais du 11 mars 2011 a laissé d’indélébiles traces, même chez les occidentaux. Nous nous souvenons tous de ces images, diffusées abondamment au journal télévisé ou sur Internet, où l’on voit une vague de boue et de débris déferler avec violence dans les champs, les centres commerciaux, les aéroports… Alors imaginez l’impact de ces images chez les japonais expatriés.



Keiko Ichiguchi vit et travaille à Bologne, en Italie. Pour se ressourcer et voir sa famille, elle retourne régulièrement au Japon. Cette auteure de manga imaginait depuis longtemps un récit nostalgique compilant certains de ces souvenirs d’enfance. Les événements de mars 2011 ont évidemment influencé et accéléré son travail. Avec beaucoup de retenu, la jeune mangaka nous offre un récit subtil et riche en émotions.

Son héroïne, Itsuko Sonoda, vit également en Italie et avait promis à son ancienne institutrice de venir lui rendre visite à la période des cerisiers en fleur. Ce phénomène magnifique ne dure que quelques semaines au Japon et débute en général à la fin de l’hiver. En mars justement… Le 11 mars 2011, à 8h30, à quelques jours de son départ, la jeune femme découvre sur les écrans italiens son pays ravagé par un tremblement de terre historique. Elle est bouleversée. Comment va sa famille restée au pays ? Et son institutrice ? Comment les contacter maintenant que le pays est coupé du reste du monde ? Beaucoup de souvenirs lui reviennent en tête. Un fort sentiment d’impuissance l’envahit. Et comment croire ces images occidentales visiblement très mal informées ? Doit-elle rentrer au plus vite au Japon ? Abandonner ses proches en Italie ?
Pour ne rien arranger, certains spécialistes évoquent la possibilité d’un tsunami le long de la côte pacifique du Japon. Faut-il s’inquiéter ? Après tout, les populations de la côte sont entrainées et sauront se comporter dans ce genre de situation. Non ?
A l’annonce de l’explosion dans la centrale nucléaire de Fukushima, les informations s’emballent. La panique est totale. Fixée à son écran d’ordinateur, Keiko tente de comprendre, de faire le tri parmi la montagne d’informations invérifiables et contradictoires. Et si le nuage radioactif atteignait la ville d’Osaka, où habitent ces parents… Que faire ?

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On comprend rapidement que Keiko Ichiguchi a réalisé cette BD pour exorciser ses doutes, ses peurs. Le projet initial a été bouleversé par l’actualité. Le résultat est parfois un peu confus. Ce récit intimiste, presque introspectif, peut ainsi en refréner quelques uns. Il est vrai que l’on se sent assez peu concerné par les problèmes de santé juvénile de l’héroïne. Pourtant, la narration reste captivante. Tout d’abord, l’ambiguïté entre la part fictive et la part autobiographique évidente de l’histoire augmente l’empathie du lecteur pour ces personnages. De plus, et surtout, les événements de 2011, qui constituent la majeure partie de l’ouvrage, ont une portée universelle indéniable. La poésie qui se dégage de ce roman graphique parlera à tous.

Les dessins de Keiko Ichiguchi sont fluides, simples et percutants. Dans la pure tradition nippone quoi. En gros plan, les visages des personnages sont fins et expressifs. De plus loin, le trait se veut minimaliste et les visages disparaissent, comme on le voit sur la couverture du livre. Ses personnages aux aspects fantomatiques sont esquissés intelligemment lors des scènes tragiques. Comme dans de nombreuses publications de ce type, plusieurs styles graphiques se mélangent. Les décors sont parfois réalistes et détaillés, parfois plus effacés, voire invisibles. Ces différences visuelles, si elles n’apportent rien à l’intrigue, ne gêne en rien le plaisir de lecture.

A noter, pour ce one-shot, la collection Made in de Kana a fait l’effort de repaginer intégralement le manga au format européen. Cette édition est par ailleurs enrichie de quelques pages en couleurs, à la fin du livre, dans lesquels l’auteure propose quelques esquisses, commente son scénario et sa méthode de travail, et présente certaines photos utilisées comme référence.


Les Cerisiers fleurissent malgré tout
- Scénario : Keiko Ichiguchi
- Dessin : Keiko Ichiguchi
- Éditeur : Kana
- Collection : Made In
- Dépôt légal : 1 mars 2013
- Format : 170 x 240 mm
- Pagination : 128 pages noir et blanc
- ISBN : 978-2-5050-1920-6
- Prix Public : 15,00 €


Les Cerisiers fleurissent malgré tout © Keiko Ichiguchi / Dargaud-Lombard S.A.



Allison & Julien
16 septembre 2013




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