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Maison Sans-Pareil (la), tome 2 : L’Homme au Masque
Elliot Skell
Flammarion, grand format, roman traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), aventure gothique, 458 pages, mars 2013, 14€

(Attention, si vous n’avez pas lu le premier tome « L’Oiseau noir », je vous déconseille de lire la suite : malgré tout mon art de la dissimulation, certains détails seront sans doute trop révélateurs)
Quelques semaines après les évènements tragiques qui ont secoué la maison Sans-Pareil et le démasquage du coupable, les choses semblent s’être tassées. Mais ce n’est qu’une apparence : au cours d’une des innombrables fêtes qui jalonnent le calendrier de la maison (soit en gros tous les 15 jours), l’un des trois Sous-Majordomes, qui épaulent le jeune Bobert, est retrouvé mort.
Qui est l’assassin ?
Difficile à dire, car tous les Capelan et les domestiques étaient déguisés pour l’occasion. Mais on parle d’un masque de panthère plutôt effrayant.
Omnia demeure sur ses gardes. Les Sous-majordomes l’ont sermonnée pour son implication dans les récents évènements, et menacée de certaines conséquences désagréables si on la reprenait à fourrer son nez dans les affaires des adultes. Enfin, des domestiques, parce que les Capelan adultes sont bien trop occupés par leurs passions respectives...
Et Omnia de se demander qui dirige vraiment la maison.
Déjà peu encline à leur obéir, un autre point la convainc de ne point les écouter et mener sa propre enquête : Basilica a disparu ! Déménagée, sa cage plus ou moins dorée...

C’est tout d’abord sa nouvelle amie qu’Omnia va chercher. Et tandis que la révolte gronde parmi les domestiques, attisée par un petit nombre de fauteurs de troubles, la jeune fille va croiser la route du masque de panthère, dans le labyrinthe du Flocon de Neige. Et il est clair qu’il n’y a pas que les Sous-majordomes, dont un second est retrouvé mort, sur sa liste...



Mais cette fois encore, Omnia s’interroge : quel est le rôle de Cornélius Halodule ? Il a fait mine de la protéger auparavant, mais si ce n’était, comme elle commence à le croire, qu’un moyen de la mettre en confiance ? Et quand elle tombe dans un piège, à un rendez-vous connu seulement de Cornélius, ses soupçons se font de plus en plus solides.

Tandis que la maison sombre dans le chaos et la rébellion, Omnia va avoir besoin d’alliés loyaux et courageux. Elle peut compter sur Étergrand, et sur Balisica, qui lui apprendra de grandes choses. Mais son principal atout,c’est qu’elle semble bien être l’élue : à chaque génération, il y a un Capelan capable de faire quelque chose (ce qui en dit long sur les autres, là encore.) Sans crainte, la gamine va secouer les traditions, outrepasser des façons de faire surannées, et jouer avec les règles de la maison : il faudra au moins cela pour mettre hors d’état de nuire l’homme au masque et ramener la paix dans la maison Sans-Pareil.

Comme on s’y attend presque naturellement, Elliot Skell passe au cran au-dessus dans ce deuxième volume.
La folie douce des lieux étant établie, on peut maintenant apporter quelques réponses aux questions non formulées, à toutes ces traditions qui n’ont pas l’air méchantes mais qui enserrent la maison Sans-Pareil. Le lecteur, même jeune, aura bien sûr deviné ce que sont les Éterfuis, dont l’ombre plane au-dessus de ce 2e tome (comme l’indique mieux le titre original).

On appréciera de voir qu’Omnia, toujours débrouillarde, ne sera pas ménagée. Certes, dans « L’Oiseau noir », on la jetait du haut d’une tour, mais ici elle est traquée, et la scène dans le palais labyrinthique (les scènes devrait-on dire, puisque si elle s’échappe la première fois, les choses ne seront pas si faciles par la suite) est parfaitement réglée, et on tremblera autant que l’héroïne. Le livre n’est déjà pas facile à lâcher, mais ce passage-là provoque un tel stress qu’on se sent presque aussi traqué qu’Omnia, aussi perdu, et autant en danger.

L’autre facette d’Omnia, le culot, a également pris de l’ampleur. Avoir entrevu le bureau du Majordome l’a rendue plus hardie, et la sensation qu’elle est la seule à voir les choses virer à la pagaille est un coup de pouce presque superflu pour l’envoyer secouer les quelques personnes qui ont le pouvoir et les moyens de ramener le calme dans tout cela.

Avec un finale encore plus intense, L’Homme au masque nous laisse pantelant, le cœur battant, à la fois soulagé que tout finisse bien (enfin, « bien » est une manière de dire... parce qu’entre les morts et les dégâts de la rébellion, la Maison mettra du temps à s’en relever), et impatient que cela recommence.

Hélas, pas de suite en vue pour l’instant chez l’éditeur anglais alors que ce volume est paru en 2011. Croisons les doigts, car entre la plume et l’imagination que déploie Eliott Skell, ce serait vraiment dommage de s’arrêter là.

On notera toutefois qu’il s’agit d’une traduction « abrégée », fait qui me semble assez rare pour être remarqué, d’autant que ce tome 2 fait bien 100 pages de plus que le précédent. Certains passages étant parfois un peu longuets (les passages les plus calmes, en fait) ou répétitifs (nous rappelant les grandes lignes du tome 1), on ne peut que remercier la traductrice de les avoir sans doute alléger.
On peut se poser la question sans réponse : traduire, est-ce trahir ? Ou bien faire comme beaucoup ont pris le pli depuis Harry Potter : lire la version originale.

Le volume de Flammarion a enfin un dernier atout et non des moindres, une couverture d’Aurélien Police encore plus captivante, avec un masque qui inspire un malaise profond et indistinct, comme toute bête dangereuse à demi homme, et un morceau de ce fameux labyrinthe dans lequel on frémira au rythme de la course d’Omnia...

Parce que c’est bien écrit et un peu fou comme du Neil Gaiman, que ça lève le voile sur les dessous des mécaniques trop bien huilées, et que ça ne prend pas le lecteur pour un enfant, « La Maison Sans-Pareil » est une pépite que j’ai été enchanté de découvrir. Espérons en trouver d’autres du même filon.


Titre : L’Homme au Masque (Mask of the Evergones, 2011)
Série : La Maison Sans-Pareil (Neversuch House), tome 2
Auteur : Elliot Skell
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Alice Marchand
Couverture : Aurélien Police
Éditeur : Flammarion
Collection : Grand Format
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 458
Format (en cm) : 20 x 14,5 x 3
Dépôt légal : mars 2013
ISBN : 9782081286559
Prix : 14 €


- Voir le tome 1 : l’oiseau noir


Nicolas Soffray
28 août 2013


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