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Trésors de Tsukasa Hojo (Les) : La Mélodie de Jenny
Tsukasa Hojo
Ki-oon

Automne 1943, Junpei Shirakawa n’a qu’un rêve : devenir pilote comme son grand frère et combattre pour l’Empire. Leur père n’a pu participer à l’effort de guerre à cause de sa maladie et c’est donc à ses fils de se battre pour la patrie. Des mauvaises langues racontent que le vieux fait semblant d’être malade pour ne pas partir au front mais Junpei a confiance en son père. Shohei, devenu un héros de guerre, est l’icone du jeune homme. Mais quand Junpei peut enfin rallier une escadrille, la guerre est quasiment perdue pour le Japon. L’état-major a alors décidé de mettre en place des escadrilles très particulières. Les pilotes devront accomplir l’ultime sacrifice pour l’Empire : couler les navires ennemis en écrasant dessus leur avion transportant un maximum de bombes. Ces escadrilles portaient le nom des vents divins sensés protéger le Japon des invasions : les Kamikaze.



Juin 1944. Devant les bombardements incessants sur la capitale, les Tokyoïtes envoyèrent leurs enfants à la campagne, pensant qu’ils y seraient en sécurité. Mais là-bas, ils devenaient les esclaves des paysans du coins qui, au lieu de les envoyer à l’école, les envoyaient au champs travailler à leur place pour rien. Ne supportant plus cette condition et en manque de leurs parents, Takashi et trois amis d’infortune décidèrent de s’enfuir, surtout que sa petite sœur, Kazuko, ne supporte plus ce traitement. Voila donc le petit groupe à la recherche de la voie ferrée principale qui doit les mener à Tokyo. Mais les jeunes finissent par se perdre et atterrissent dans une maison abandonnée... Ou pas tout à fait car un soldat américain, certainement évadé d’un camp, y dort paisiblement...

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Tsukasa Hojo fait partie de ces mangakas qui sont devenus cultes, et cela grâce à deux séries qui ont marqué plusieurs générations : « Cat’s Eye » et « City Hunter ». Le style de Hojo était alors humoristique, même si le mangaka parvenait sans problème à jouer avec les émotions de ses lecteurs. En tout cas, Tsukasa Hojo semblait alors être destiné à n’écrire que des histoires de policiers et de voleurs, de gentils tueurs à gages, surtout avec la séquelles de « City Hunter », « Angel Heart ». Les éditions Ki-oon ont choisi de nous montrer une autre facette de ce mangaka, un côté plus intimiste de Tsukasa Hojo, avec des œuvres qui témoignent de toute la palette en possession de ce génie de la BD. Car avec son style réaliste et ses scénarios toujours parfaitement mis en images, Hojo fait partie des incontournables, des maîtres en la matière.

« La Mélodie de Jenny » est un recueil de trois histoires dont le thème est loin des séries phare du mangaka : la Seconde Guerre Mondiale. Les trois nouvelles seront empreintes de mélancolie, mais surtout seront très pessimistes, ce qui n’est pas dans les habitudes de Tsukasa Hojo. Sa vision de la Seconde Guerre Mondiale est très objective et il est réellement sans concession que ce soit envers les armées nippones que les américains. « La mélodie de Jenny » est paru en 1995, pourtant ce one shot n’a pas pris une ride et, en faisant quelque part oeuvre de mémoire, Tsukasa Hojo est devenu presque éternel.

« Aux Confins du Ciel », la première nouvelle, nous explique qui étaient les Kamikaze, ces jeunes pilotes dont l’objectif était de se suicider sur les navires ennemis. Hojo nous montre comment l’état-major nippon a sacrifié ses jeunes hommes dans un combat qu’il savait perdu d’avance. Les Occidents ont parfois une idée fausse sur ces pilotes, pensant avoir affaire à des fanatiques, mais comme souvent , la réalité est loin d’être aussi simple.

« La Mélodie de Jenny » nous raconte un épisode de la guerre méconnu des occidentaux : l’exil des enfants tokyoïtes dans les campagnes et leur exploitation. Cette nouvelle n’est pas sans nous rappelle un épisode similaire qui se déroula aux Etats-Unis et qui nous ait relaté dans la série : « Le train des Orphelins ». On y découvre aussi la souffrance des couples mixtes américano-japonais, qui subirent sans l’avoir demandé la violence et la haine que le conflit engendra. Belle histoire entre cet homme et ces enfants, qui malheureusement seront rattrapés par l’horreur de la guerre. De même, peu de gens se rappelle que le Japon n’eut pas seulement à subir l’horreur des deux bombes atomiques mais aussi des bombardements réguliers qui n’épargnaient ni les militaires ni les civils.

« American Dream » s’attaque enfin au sort des émigrés nippons vivants aux Etats-Unis et qui furent traités comme du bétail avec le début de la guerre. Ces hommes et femmes, qui pourtant étaient américains, perdirent toute dignité et furent parfois traités pires que leurs frères noirs dans le Sud des Etats-Unis. Là aussi, Tsukasa Hojo ne prend pas de gants pour montrer le visage encore bien réel de cette Amérique prête à toutes les extrémités pour protéger son territoire. Si le personnage d’Hideo Murakawa n’a pas existé, il est loin d’être une pure imagination du mangaka qui utilisa un contexte bien réel et qui aurait très bien pu engendré la tragédie racontée dans cette magnifique histoire.

Pessimistes mais extrêmement émouvantes, les trois histoires de « La Mélodie de Jenny » ne vous laissera pas indifférent. Pour découvre une autre facette du génial Tsukasa Hojo.


La Mélodie de Jenny
- Série : Les Trésors de Tsukasa Hojo
- Auteur : Tsukasa Hojo
- Traducteur  : Ryoko Akiyama
- Éditeur français : Ki-oon
- Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 208 pages
- Date de parution : 4 juillet 2013
- Numéro ISBN  : 978-2-35592-484-2
- Prix : 7,90 €


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SHONENTACHI NO ITA NATSU - Melody of Jenny - © 1995 by TSUKASA HOJO / NSP Approved No. WA-31F All Rights Reserved. French translation rights arranged with North Stars Pictures. Inc. Tokyo through Tuttle-Mori Agency, Inc, Tokyo
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Frédéric Leray
9 août 2013




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