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Alice in Borderland (T1)
Haro Aso
Delcourt-Akata

Alice est ce qu’on appelle un raté. C’est d’ailleurs lui-même qui se qualifie ainsi. Avec son ami Chota, ils sont un peu les losers de base de l’école. Heureusement, ils ont leur pote Karube, un peu comme leur grand frère toujours là pour leur sauver la mise. Ensemble, ils rêvent de quitter ce monde d’adulte chiant, qui ne leur offre aucun avenir. Un soir, un étrange feu d’artifice les accompagne dans leurs pensées, mais le grand final est bien plus violent que prévu. En se réveillant suite au choc, les trois amis ne reconnaissent plus la ville, où la nature semble avoir repris tous ses droits. Pour Alice, c’est le monde idéal et si c’est un rêve, il souhaite ne plus se réveiller. Mais ce monde est loin d’être celui des merveilles et encore moins Neverland...



Quand nos trois amis pénètrent dans la fête foraine, seul lieu semblant habité, ils ne s’imaginent pas dans quel pétrin ils sont tombés. Mais ils n’y sont pas seuls, une jeune femme, qui semble plus habituée qu’eux à ce lieu étrange, tente de les mettre en garde contre cette aire de jeu. Mais il est déjà trop tard, le jeu est commencé. A travers des écrans placés un peu partout sur le site, les quatre joueurs découvrent les règles à suivre : chacun devra tirer une augure et répondre à la question se trouvant sur le papier. Selon leur niveau de chance, la question sera plus ou moins dure. Mais toute mauvaise réponse donnera lieu à une punition : pour chaque écart entre leur réponse et la bonne réponse, ils seront criblés de la différence en nombre de flèches enflammées. Que l’épreuve commence !

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Haro Aso est loin d’être un inconnu, ayant déjà sévi aux éditions Akata avec « Hyde and Closer ». L’ancien assistant de Makoto Raiku (« Zatchbell !! ») a fait du chemin et sa nouvelle série remporte un franc succès au Japon, au point qu’un spin-off vient d’être créé.

« Alice in Borderland » peut sembler un titre un rien trompeur. Haro Aso nous précise au début du tome que ses héros ont le syndrome de Peter Pan, une angoisse de devenir adulte et souhaitant rester un enfant comme le personnage de J. M. Barrie. En appelant son personnage principal Alice, le mangaka, là aussi, entraîne l’esprit du lecteur vers l’héroïne de Lewis Carroll et de son pays des merveilles. Et le début du manga joue sur cette ambiguïté et ce malentendu, avec cette ville revenue à la nature, façon « Je suis une Légende ». Mais il ne faut surtout pas se fier aux apparences, car la série de Haro Aso n’est pas un voyage sous acide de trois gamins désœuvrés, d’une génération perdue. Non, la logique que va suivre Haro Aso nous ramène plus vers des séries comme « Psyren », où les protagonistes se retrouvent contre leur volonté dans un jeu où l’échec signifie la mort.

Les trois personnages partent pourtant avec de sacrés boulets aux pieds, se qualifiant eux-même de ratés. Bien évidemment, comme dans tout bon shonen, ce n’est qu’apparence là aussi, car chacun recèlera en lui une qualité qu’il mettra en avant pour sauver le groupe. Encore une notion bien classique : le groupe, le « scooby band » pour reprendre ce terme cher à nos cousins américains, et qui finalement colle plutôt bien à la situation d’Alice et ses amis. Le suspense est bien mené et l’intensité dramatique augmente crescendo, n’offrant en réalité que peu de répit au lecteur, véritablement immergé dans ce Borderland. Ce nom fait à la fois penser, évidemment, au Neverland de Peter Pan, mais aussi au jeu vidéo éponyme. Car nos héros semblent bien bloqués dans un jeu vidéo grandeur nature, avec des règles que ne renierait aucun rôliste.

Graphiquement, « Alice in Borderland » est plutôt impressionnant. Certes, les personnages se cherchent parfois un peu côté traits, mais soutenus par d’excellents décors, les designs « shonen » des protagonistes collent parfaitement au sujet. Ce côté semi-réaliste permet évidemment d’atténuer la violence des dessins et d’introduire une dose d’humour par des versions caricaturées des différents protagonistes. Chota a clairement le rôle du bouffon du roi, alors que Karube a celui du beau ténébreux, toujours présent au bon moment. Alice a un rôle plus général, étant le héros qui doit découvrir ses véritables qualités grâce au jeu. Finissons avec le seul personnage féminin, pour le moment, de la série : Saori Shibuki. La demoiselle est l’élément mystère car connaissant déjà le jeu et ses règles... voir plus. En tout cas, elle génère nombre de questions chez les autres joueurs et évidemment chez le lecteur.

« Alice in Borderland » est clairement une vraie réussite, alliant suspense et fantastique.


Alice in Borderland (T1)
- Auteur  : Haro Aso
- Traduction : Ryoko Sekiguchi
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Akata
- Dépôt légal : 12 juin 2013
- Format : 112x176 mm
- Pagination : 192 pages
- Numéro ISBN : 978-2-7560-3703-5
- Prix public : 6,99 €


IMAWA NO KUNI NO ALICE © 2011 Haro ASO / SHOGAKUKAN
© Editions Delcourt - Tous droits réservés



Frédéric Leray
20 juin 2013




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