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Galaxies n°22 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°22, SF - nouvelles - articles – critiques - entretien, mars 2013, 192 pages, 11€

Ce numéro thématique consacré au temps est paru sous deux couvertures différentes : l’une noire et l’autre blanche, toutes deux tirées d’un ouvrage de Gourmelin. Pour l’occasion, les abonnés pouvaient choisir la version qu’ils désiraient recevoir.
Une initiative très rare dans le paysage littéraire français, car forcément coûteuse, mais qui a le mérite d’attirer l’attention, d’autant que l’inspiration de l’artiste possède un côté étrange et fascinant.
Place au temps !



D’ailleurs le dossier annonce clairement la couleur : Tuer le temps ! Rien de moins. Alors que je craignais que les deux premiers articles “Les tueurs de temps” de Hugues Chabot et “Le présent refiguré” de Jean-Loup Héraud soient indigestes, au mieux soporifiques, il n’en est rien. Le premier revient sur la notion du temps et le second sur le thème classique du retour dans le passé à travers trois œuvres de science-fiction. Les bases sont posées et solides. On peut juste regretter qu’elles ne comportent aucune illustration, ce qui aurait aéré la présentation.
L’interview “Trois questions à Connie Willis” est de circonstance. Avec « All Clear » / « Black Out », « Le Grand Livre »... elle est coutumière du sujet.
François Manson intervient pour traiter de l’uchronie et Gérard Klein clôture le dossier avec “Gourmelin le chronophobe”. Son décryptage du recueil « Pour Tuer le Temps » (1972) de Gourmelin s’avère d’une grande érudition. Cet article est abondamment illustré (on peut voir deux exemples avec les couvertures), n’est pas toujours facile à suivre, car me semblant relever parfois de la philosophie, discipline qui en aura rebuté plus d’un. Mais le temps est une donnée si insaisissable qu’essayer de le dompter ne peut se faire à la légère.

Les nouvelles vont de pair avec le thème.
Michel Jeury en a écrit une pour la circonstance : “Colomb dans la nuit”. Tout commence dans une librairie avec une cliente venant régulièrement commander d’importantes et déconcertantes listes de livres. Lorsque Alice entre en qualité de secrétaire à son service, le mystère s’en trouve éclairci.
Même si l’ensemble fonctionne, qu’il est plaisant de voir qu’une situation ordinaire peut cacher quelque chose de bien plus étrange, que l’aventure peut donc se trouver à sa porte, il m’a semblé daté, c’est-à-dire que j’aurai bien vu “Colomb de la nuit” écrit dans les années 1970, mais pas de nos jours.

Autour de la cyclotation” d’Arkadi et Boris Strougatski a été publié en 2008, mais remonte en fait à 1963. Ce texte a connu un drôle de destin ce qui explique cet important décalage.
Un astronome y reçoit une curieuse visite. S’en suit une conversation dans laquelle se dévoile petit à petit l’arrivant.
Lire une nouvelle des deux frères est toujours intéressant. Celle-ci soulève bien des questionnements sur notre place : d’où vient-on ? Où va-t-on ? ainsi que sur l’idée d’un dieu créateur. Assurément, “Autour de la cyclotation” ne méritait pas de rester inaccessible au public. Très belle trouvaille !

Glissement de temps pour le professeur” porte bien son nom. L’assistante d’Albert Einstein, Emma, possède une capacité extraordinaire. En tentant d’en explorer les limites, Einstein joue avec le feu...
De son côté, Sergio Gaut vel Hartman joue avec les temps parallèles. Aller contre les lois de la nature change la donne et entraîne de nouvelles voies. C’est mis en scène de manière originale, presque intimiste.

Pierre Bameul nous amène dans un réserve indienne. Un personnage peu ordinaire nous est présenté. Il a mis son don au service de la communauté et, comme dans la nouvelle précédente, la trame temporelle s’en est trouvée bouleversée.
Conte du guerrier chétif” fait la part belle aux expressions imagées (télévision = boîte-à-images, téléphone = fil-magique...). Les noms propres sont aussi exprimés à la sauce indienne, ce qui apporte tout de suite une bonne dose de dépaysement. L’histoire est revisitée de façon très plaisante, ce qui en fait une incontestable réussite.

Si Chuck Berry n’avait pas été un fondu de twist, les contrôleurs du temps auraient pu dézinguer Hitler !” Autrement dit, si Mabel avait changé l’ordre de ses priorité, la menace du Führer aurait pu être éradiquée. Bon, avant d’être mis au rencard, aller danser le rock à Memphis dans les années 50 n’était pas une si mauvaise idée !
La nouvelle de C.C. Finlay s’avère particulièrement riche. Voyage dans le temps avec ses limites, le KKK sévissant à cette époque, cas de conscience pour Mabel tiraillée entre ses envies et ses devoirs... Un final en beauté !

La partie Chroniques recèle ses habituelles recensions de livres et bandes dessinées, ainsi que les rubriques “Le coin du bouquineur” et “Autres mondes”. Philippe Ethuin s’attarde sur « Les conjurés de l’île secrète » (1939) de Jean Kéry et Denis Labbé sur la facette science-fictive et fantastique de Sir Arthur Conan Doyle dont l’œuvre ne se résume de loin pas au seul Holmes.

Un numéro 22 de « Galaxies » consacré au temps, un thème fascinant et au grand potentiel, de très bonne facture, ce qui méritait amplement deux couvertures différentes.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 22 (64 dans l’ancienne numérotation)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Couverture : Gourmelin
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : mars 2013
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
14 juin 2013


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