La jeune Anne Hathaway est tombée amoureuse d’un notable de Stratford, mais en tombant en plus enceinte, elle risque d’être jetée au ban de la société car jamais le père de l’enfant ne le reconnaîtra. Sur une idée de sa tante, elle envoie son jeune frère trouver un gogo qui devra assumer la paternité de son rejeton. Le hasard allait désigner ce pauvre William Shakespeare. Piégé dans une maison abandonnée en compagnie de la jeune femme, il ne résiste pas aux charmes de la demoiselle et se fait dépuceler. Mais les choses s’enchaînent à une vitesse folle : accusé de l’avoir mise enceinte, il est forcé de l’épouser et de s’occuper de la petite Susanna. Son ami John Combe a beau ne pas croire une seule seconde à cette histoire, il ne peut malheureusement rien empêcher.
« 7 Shakespeares » s’approche tranquillement mais surement des fameuses années perdues du dramaturge, cette période obscure qui a donné naissance à la série. Cette fois, ce tome sera sous le signe des épreuves que la foi du jeune garçon va subir. La première sera l’arrestation du père Thomas Cottam. Ce dernier fut réellement exécuté le 30 mai 1582 pour être un catholique. Fut-il réellement soumis à la question par le terrible Richard Topcliffe, surnommé « le chasseur de prêtres » ? Rien n’est moins sûr mais ce tortionnaire fanatique de prêtres catholiques aurait pu le faire. En tout cas, la foi en Dieu du jeune William en prend un sacré coup. Il commence à se poser les véritables questions qui fondent en fait la véritable croyance : pourquoi un Dieu sensé protéger ses brebis du Mal laisse-t-il un de ses fidèles serviteurs être ainsi assassiné ?
La deuxième épreuve est par contre une version très personnelle de Harold Sakuishi de la rencontre avec Anne Hathaway, de huit ans l’aîné de William, et qui deviendra sa femme. Que celle-ci fut enceinte le jour des noces semble bien être un fait historique, que l’enfant ne fut pas de Shakespeare est une tout autre paire de manches. Surtout que le mangaka la montre comme une femme infidèle qui trompera dès la naissance de son enfant ce pauvre William. En tout cas, d’adolescent le jeune William va passer au statut de mari et de père sans s’y être réellement préparé. Le piège dans lequel tombe William est aussi quelque part un moyen de justifier la différence d’age entre les deux amants par Harold Sakuishi, une forme de politiquement correct, historiquement incorrect.
Et pour finir par l’utilisation de mauvaises rumeurs, le mangaka va utiliser une théorie issue du premier biographe du dramaturge selon laquelle Shakespeare dut fuir Stratford après avoir été accusé de braconnage sur les terres du Sir Thomas Lucy. Nous n’avons dans ce tome que la première partie de cette interprétation de l’origine de la disparition de Shakespeare en 1585. Encore une fois, la foi du jeune homme est sévèrement touchée car pourquoi, lui un fidèle croyant, se voit-il injustement accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Les scènes dans la prison près de la demeure de Sir Lucy sont très fortes, même très dures car elles montrent le désarroi et un début de perte de foi du jeune William. Il ne doit son salut qu’à la présente de John Combe, cet ami fidèle qui semble toujours présent dans les pires situations.
« 7 Shakespeares », même s’il joue allègrement avec la vérité historique, n’en demeure pas moins une intéressante vision de la vie de l’écrivain et surtout nous permet d’avoir une idée, par contre bien réelle, de cette période de l’histoire de l’Angleterre.
7 Shakespeares (T5)
Auteur : Harold Sakuishi
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Kaze Manga
Collection : Seinen
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 260 pages
Date de parution : 8 mai 2013
Numéro ISBN : 978-2-82030-678-4
Prix : 9,99 €
A lire sur la Yozone :
7 Shakespeares (T1)
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SHICHININ NO SHAKESPEARE © 2010 Harold SAKUISHI / Shogakukan Inc.
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