Tel père, tel fils. Tel est le dicton qui pourrait s’appliquer à ce cher Keaton car, comme son père, il n’y comprend pas grand chose aux femmes. Comme son père, il divorça de la femme de sa vie quand son enfant eut 5 ans. Et comme son père, il est toujours amoureux de son ex-femme. Pourquoi se sont-ils séparés ? Difficile à savoir, et quand on est père d’une collégienne à l’esprit rebelle, ce n’est pas tous les jours de tout repos. Surtout quand la jeune fille vous présente son petit ami... Finalement, se retrouver sans eau, au milieu du désert avec un groupe d’archéologues peu diplomates, ce n’est peut-être pas pire... Certes, risquer ainsi sa vie à cause d’un mur du XVIe siècle, c’est un peu excessif, mais devoir arrêter son instructeur du SAS, voila une mission qu’aurait bien évité Keaton.

Naoki Urasawa est, depuis des années, un maître du manga. Il a obtenu une célébrité internationale avec sa série devenue culte : « Monster ». Il nous montre aussi son respect pour le père du manga moderne, Osamu Tezuka, en adaptant une nouvelle d’« Astro Boy » : « Pluto ». Actuellement, il continue de nous surprendre avec sa série fantastique « Billy Bat ». Mais avant de devenir ce monument du manga, Naoki Urasawa s’était lancé dans des séries plus légères en ton, où il a pu développer son talent aussi bien scénaristique que de dessinateur. C’est entre 1988 et 1994 qu’il publie « Master Keaton », une série qui comprendra 18 tomes.
Les éditions Kana nous avaient déjà offert un retour dans le passé de cet incroyable auteur avec le recueil « Histoires Courtes de Naoki Urasawa », on retrouve d’ailleurs le style graphique de cette époque, de la jeunesse de Urasawa. Mais pour la publication de cette série du maître, les éditions Kana ne vont pas mégoter et reprendre l’édition deluxe nippone, en ne lésinant pas sur les dorures et reprenant, bien sûr, les pages couleurs de l’éditions originale. L’histoire sur laquelle Urasawa va apposer ses dessins est de Hokusei Katsushika, une seconde génération d’histoires verra Urasawa collaborer avec Takashi Nagasaki, son compère sur « Billy Bat ».
« Master Keaton » est un personnage vraiment atypique, mélange d’Indiana Jones et de James Bond, le tout dans une ambiance proche de Lupin. Bourré d’humour, les histoires se veulent aussi intéressantes par le côté historique qui y est développé, nous donnant l’occasion de nous confronter à des civilisations ou des œuvres parfois imaginaires, parfois réelles. Le côté nonchalant de Keaton tranche avec son passé de militaire d’élite, son caractère réservé en fait parfois une sorte de Columbo version manga. L’humour, les situations rocambolesques se mélangent à l’émotion comme l’histoire de ce séjour entre père, fille et grand-père, ou l’aventure comme l’histoire du Kahriman du désert. On sent déjà le style tout en finesse dans le dessin de Naoki Urasawa et son découpage cinématographique. C’est aussi un petit retour aux années 80, mais sans que cela soit trop prégnant, rendant la série comme atemporelle, sorti des références qui la fixent dans son temps.
« Master Keaton » est un petit bijou enfin réédité, à découvrir que l’on soit fan ou non de Naoki Urasawa.
Master Keaton (T1)
Auteur : Naoki Urasawa
Sur un histoire de : Hokusei Katsushika, Takashi Nagasaki
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Kana
Collection : Big Kana
Format : 148 x 210, noir et blanc - sens de lecture original
Nombre de pages : 322 pages
Date de parution : 15 mars 2013
ISBN : 9782505017646
Prix : 15€
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