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Légende de La Lune Sanglante (La), tome 3 : Sacrifice
Cayla Kluver
Le Masque, Msk, traduit de l’anglais (États-Unis), roman médiéviste, 439 pages, janvier 2013, 17,00€

La guerre a éclaté, Hytanica est vaincue. Annexée à son ennemi de toujours, la province est comme une casserole sur le point de déborder.
Placée à la tête de son ancien royaume par la Grande Prêtresse, Alera se retrouve entre deux feux. Désireuse de conserver un maximum de liberté pour son peuple, la jeune souveraine doit louvoyer pour satisfaire aux exigences de l’ennemi sans perdre la confiance des Hytanicains.
Et tout en préservant l’homme qu’elle aime...



« Sacrifice » est le dénouement de l’extraordinaire histoire d’Alera.
Une histoire d’autant plus extraordinaire que Cayla Kluver avait 16 ans lorsqu’elle a écrit le premier tome de « La Légende de la Lune Sanglante » (elle en a désormais 21). Une trilogie d’une grande cohérence, avec quelques rebondissements qui relèvent une histoire entraînante aux personnages attachants.

Ce qui est très étonnant aussi quand on connaît le jeune âge de l’auteure, ce sont les deux niveaux de lecture de cet ouvrage.
En effet, même si cela serait réellement dommage, le lecteur peut parfaitement se contenter de l’histoire d’amour, ou plutôt des histoires d’amour qui jalonnent le récit : Miranna et Termerson, de manière très discrète, il faut dire qu’ils sont déjà mariés ; London et lady Tanda ; bien sûr, il y a Alera et Narian, plus amoureux que jamais qui se cachent de tous, avec Steldor qui gravite toujours autour d’Alera comme un électron libre ; et celle que l’on attendait le moins : Shaselle, la fille de Baelic (le frère de Cannan pour ceux qui auraient du mal à suivre), mais nous y reviendrons par la suite.

Et, comme il en a déjà été fait mention lors les précédents volumes, il y a un second niveau de lecture dans le récit de cette jeune personne : la condition féminine, à l’époque certes, puisque le récit est franchement ancré dans le Moyen-Âge, mais aussi extrapolable à notre siècle où le patriarcat est encore largement répandu dans les pensées et dans les actes.

Dans ce dernier opus, la guerre entre Cokyri et Hytanica est terminée. Heureusement pour les Hytanicains, le seigneur de guerre de Cokyri est mort par la main de Narian. La Grande Prêtresse, qui savait son jumeau devenir ingérable, accepte assez facilement cet état de fait. De culture matriarcale, Nantilam place Alera à la tête de la Province d’Hytanica, et fait de Narian le commandant des forces cokyriennes. Comme à son habitude, le jeune homme fait tout ce qu’il peut pour limiter les pertes humaines et amener les Hytanicains à accepter pacifiquement la présence cokyrienne, tandis qu’Alera négocie aussi bien qu’elle en est capable le passage de reine potiche à responsable de tous les Hytanicains, une tâche qui n’est pas sans la terroriser, surtout lorsque les fortes têtes du royaume, entendez par là les hommes qui étaient à la tête du pays, décident de fomenter révolte après révolte.

Avant de finir l’histoire du royaume, un peu de fleur bleue, voulez-vous ?
En effet, si sur les deux premiers opus, « Alera » et « Le Temps de la Vengeance », la seule narratrice était Alera, dans « Sacrifice » Alera et Shaselle se partagent le devant de la scène. C’est probablement ce qu’il y a de plus perturbant lors de cette lecture. En effet, Shaselle n’a jamais été un personnage très important dans la série même si elle montrait un caractère encore plus rebelle que la jeune souveraine.

Le lecteur retrouve donc régulièrement au cours du récit cette jeune indisciplinée qui veut porter pantalons, monter à cheval, apprendre à manier une arme, être à l’égal des hommes et choisir son futur époux. Dilemme assez violent pour la jeune femme puisque, si elle voue une haine sans fin aux Cokyriens, qui ont tué son père et soumis le peuple auquel elle appartient, elle ne semble pas se rendre compte à quel point la vie à laquelle elle aspire correspond aux critères culturels de son ennemi.
Ce dilemme est rendu physique par le triangle amoureux dans lequel Shaselle se retrouve embarquée en cédant, sans vraiment le vouloir finalement, aux avances d’un cokyrien, et pas n’importe lequel, tout en acceptant de rencontrer les partis choisis par son tuteur.
Pas d’inquiétudes cependant, après moult péripéties, la situation finira par s’arranger. Bon d’accord, Shaselle n’était pas jusque-là un personnage important, mais la voir se débattre tout au long de cet opus avec les conséquences de ses inconséquences procure quelques petits délices et autres inquiétudes aux lecteurs.

Il est vrai que j’encense un peu la série, alors je dirais pour contrebalancer tout ce bien, qu’il est dommage qu’Alera ne prenne pas plus de poids politique. Les quelques coups de maître de la jeune femme sont présentés comme des coups de chance, ce qui est vraiment regrettable. Elle ne gère, ouvertement, que les doléances et la mise en place de fêtes. Certes, elle contrôle, autant que possible, les mâles de la série, mais au final, ce sont ces hommes qui vont mener à bien la révolution et lui rendre son royaume même si elle va finalement traiter de mains de maître avec la Grande Prêtresse.

Une série très agréable cependant, à l’écrit dynamique et fluide.
Cayla Kluver a su créer des personnages attachants, intelligents et reliés par une histoire cohérente. Certes quelques lacunes sont présentes mais quel adolescent de 16 ans qui n’aurait pas été formé pour cela saurait gouverner un royaume dites-moi ?

Cette auteure a très certainement de très beaux jours devant elle. Il sera bon de suivre son parcours.


Titre : Sacrifice (Sacrifice, 2013)
Série : La Légende de la Lune Sanglante, tome 3/3
Auteur : Cayla Kluver
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Anne-Sylvie Homassel
Couverture : Onemader & C.Rondinaud / gettyimages/Diana Hirsch
Éditeur : Le Masque
Collection : Msk
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 439
Format (en cm) : 14,8 x 21,4 x 2,8
Dépôt légal : Janvier 2013
ISBN : 978-2-7024-3804-6
Prix : 17,00 €


À lire également sur la Yozone :
- Alera
- Le Temps de la Vengeance


Emmanuelle Mounier
25 mars 2013


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