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Even dead things feel your love
Mathieu Guibé
Éditions du Chat Noir, Griffe Sombre, roman (France), fantastique, 274 pages, mars 2013, 19,90€

Lord Scarcewillow, le dernier de la lignée, est un vampire qui fuit Londres en proie au progrès et les ennuis que sa soif de sang génère. En compagnie de Rudolf, son majordome à qui il a fait don de la vie éternelle, Josiah se rend à la demeure familiale du Gloucestershire, laissée un temps à l’abandon pour ne pas éveiller les soupçons sur sa jeunesse conservée.
En se promenant sur sa propriété, il rencontre Abigale Bellflower, une jeune femme qui lui fera voir l’existence sous un autre angle...



Mathieu Guibé est un jeune auteur qui signe là son second roman. En plus d’« Atalan, chronique d’un ange déchu », on lui doit aussi deux recueils de nouvelles, dont un, « Quintessence Hiémale », écrit en collaboration avec Cécile Guillot.

Au premier abord, le choix d’un titre en anglais pour un roman français me semble discutable. Cela peut se comprendre pour une traduction, mais non dans ce cas, même si l’action se passe en Angleterre. Je regrette aussi que tout le potentiel de l’illustratrice Alexandra V. Bach n’ait pas été mis à profit pour la couverture, mais elle présente tout de même bien le personnage de Josiah, Lord Scarcewillow, bien sur lui, sachant en imposer dans la bonne société.

L’histoire débute dans les années 1850 lorsque Josiah quitte Londres, préférant la sécurité de la campagne anglaise. Lui qui ne connaît pas la pitié, lui pour qui une personne se consomme, la rencontre d’une jeune femme le change radicalement. Il se découvre un sentiment jusque là inconnu. Il va alors chercher à mieux la connaître. Est-ce raisonnable, au vu de sa condition de vampire, de s’enticher ainsi d’une mortelle ?
Alors « Even dead things feel your love », une histoire d’amour ? Il serait simpliste d’uniquement la résumer à cela. Mathieu Guibé possède l’art de la faire rebondir, permettant ainsi à Josiah d’évoluer, de montrer les différentes facettes de sa personnalité.
L’immortalité à côté de la personne que l’on aime peut être une bénédiction, mais seul, elle peut se transformer en malédiction, surtout avec l’instinct de conservation possédé par un vampire.

« Even dead things feel your love » se décompose en quatre parties, apportant chacune leur lots de découvertes. Josiah y passe par différents états, oscillant entre le bonheur et la plus profonde tristesse, souvent synonyme de plongée dans l’abîme, d’une soif insatiable pour se punir et oublier...
Ce roman explore aussi d’autres figures du fantastique que celle du vampire, ce qui le rend d’autant plus intéressant et attachant. Mathieu Guibé réussit la performance de dépasser le simple cadre de départ, sans que cela soit forcé. Il colle à son idée de romance aux apparences impossibles. L’évolution des rapports entre ces deux amants maudits est très bien rendue, me réconciliant avec les histoires vampiriques souvent stéréotypées et dont on se lasse vite. À l’image de Josiah, « Even dead things feel your love » alterne entre dureté et tendresse.

Ce qui n’est pas forcément bien transposé, c’est le passage du temps. Si le cadre de départ est très bien ciblé, après il est plus difficile de se rendre compte de l’époque, moins décrite et se résumant souvent à des allusions des deux personnages centraux. Alors que l’auteur parle à l’occasion de siècles passés, la fin se déroule de nos jours. Petit bémol bien timide au regard des mérites de ce livre.

Pour son second roman, Mathieu Guibé signe là un titre tout à fait recommandable, qui surprendra sûrement les amateurs de bit-litt et ravira ceux d’un fantastique plus large.

Au fait, comme il nous l’est indiqué dans la préface de Georgia Caldera, Even dead things feel your love peut se traduire par Même les choses mortes ressentent ton amour.


Titre : Even dead things feel your love
Auteur : Mathieu Guibé
Couverture : Alexandra V. Bach
Éditeur : Éditions du Chat Noir
Collection : Griffe Sombre
Directrice de collection : Cécile Guillot
Site Internet : Roman
Pages : 274
Format (en cm) : 21 x 14,5
Dépôt légal : mars 2013
ISBN : 979-10-90627-15-4
Prix : 19,90 €



François Schnebelen
25 mars 2013


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