Genre : Documentaire (l’Amérique profonde)
Durée : 1h35
Avec la participation de Godfrey Hogson (journaliste, historien), Pierre Hodgson (réalisateur), Saladin Muhammed (syndicaliste révolutionnaire), Stanley Lee (ouvrier et syndicaliste), Jim Wrenn (ouvrier et syndicaliste), Barbara Evans (ancienne syndicaliste), Esther Brown (militante associative), etc,.
Au-delà de la surface des choses et des idées, Pierre Hodgson a souhaité nous faire connaître ce que l’on appelle communément l’Amérique profonde. Loin des clichés, des idées toutes faites, se cache une société qui intéresse finalement assez peu les grands médias. Vision quasiment Platonicienne, le documentaire s’attache surtout à ne pas montrer les ombres dont les chaînes TV habituelles nous abreuvent de reflets incohérents ou imparfaits mais vise la rencontre avec des êtres humains bien réels.
D’ouvriers noirs tentant de créer une section syndicale indépendante à une militante luttant contre la peine de mort, les parcours individuels se succèdent et interrogent forcément le spectateur. Un lien, si ténu soit-il, existe-t-il entre ces différentes personnes, une motivation, un désir d’œuvrer positivement ? Le documentaire n’y répond pas franchement, Pierre Hodgson préférant laisser le spectateur libre de toute interprétation.
On est donc plus dans le sensitif que dans le démonstratif. La caméra s’attarde sur les visages, les gestes, les mimiques, Pierre Hodgson ne coupe jamais ses interlocuteurs et les digressions du discours (prévisible) sont ainsi nombreuses (et passionnantes). En offrant la parole aux « petites gens » qui l’ont rarement, Pierre Hodgson leur permet bien souvent de dévier vers le centre de leur être. Interview psychanalitique ? Hum... Presque.
L’impression d’ensemble est dès lors étrange et inhabituelle. Elle peut donc déranger le spectateur en quête d’idées simples ou faciles dont le documentaire ne serait qu’une usine à information. Là, tout est un rien plus complexe et attirant.
« Daddy Daddy USA » est aussi un film dès plus intime. Le réalisateur a souhaité partir sur les traces de son père, correspondant de presse aux USA à l’époque de Martin Luther King. Le voyage, quasi initiatique, émerge donc entre les lignes du documentaire. Extraits de discussions entre le père et le fils, retour de l’un sur son passé (et aux USA aussi) et passage du flambeau (de la flamme ?) de l’un à l’autre, Pierre Hodgson mixe les pistes et en tire un chant à la fois choral et personnel. Filmer l’aculturation de la société américaine, ses petites peurs, ses grands combats, devient ainsi le moyen de retrouver un passé familial que l’on sent porteur d’une renaissance symbolique pour le réalisateur.
L’exercice était assez risqué, le mélange des genres et des thèmes fonctionne plutôt bien au final.
« Daddy Daddy Usa » est donc un film documentaire atypique, émouvant et riche de sens. Très éloigné sur le fond d’une école plus récente, volontairement combattante et politique, il en dit tout autant mais avec une grande finesse.
De l’art de la simplicité, en quelque sorte.
Stéphane Pons
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Pierre Hodgson
Scénario : Pierre Hodgson
Producteur : Marin Karmitz
Producteur Exécutif : Martine Saada (MK2TV)
Productrice exécutive USA : Dolly Hall (Dollface)
Photographie : Jérome de Missolz
Son : Patrick Genet
Montage : Ursula Lesiak
Production : MK2 Productions (France)
Participation : Canal+ (France) & Centre National de la Cinématographie (France)
Soutien : Procirep & Angoa-Angicoa
Diffusion & Distribution Internationale : MK2 Diffusion (France)
Presse : Monica Donati (Mk2, Paris, France)