“Piège sur Zarkass” est une adaptation d’un roman de Stefan Wul, auteur de SF du siècle dernier. Cette transposition de l’écrit à la BD s’inscrit dans une série d’adaptations des romans de l’auteur chez Ankama.
On comptait déjà “Niourk” par Olivier Vatine, prévu en 3 tomes et « Oms en série » par Jean-David Morvan (scénario) et Mike Hawthorne (dessin), en 2 tomes. C’est au tour de “Piège sur Zarkass” d’être adapté, cette fois-ci par le duo Yann à la plume et Didier Cassegrain aux crayons et pinceaux.
Et côté adaptation, Yann s’est bien lâché : l’intrigue du roman éponyme publié 1958 est, certes, suivie globalement, mais contrairement à l’original, les deux personnages principaux sont des femmes, la Terre étant devenue une société matriarcale.
Ce traitement de la société moderne semble une volonté de remise au goût du jour du récit de base, certes d’anticipation, mais qui date un peu. Yann fait le choix d’une société matriarcale poussée à l’extrême, caricaturale au possible. Il ne s’agit en fait que d’une société gynocratique et dominatrice, où le sexe fort a simplement changé d’organes génitaux : les militaires sont toujours de gros bourrins, la hiérarchie toujours aussi inflexible, le sexe « faible » dominé et cantonné à certains rôles. D’ailleurs, le seul mâle que l’on aperçoive est « le » nounou de la fille de Louis.
Mais cette société plus ou moins nouvelle n’est qu’entre-aperçue : hormis quelques flash-backs et une conversation interstellaire, la majorité du récit se déroule sur la planète Zarkass, sous protectorat terrien. C’est là que Louis et Marcel, la première officier scientifique, la seconde son garde du corps, se lancent dans une traversée de la jungle extra-terrestre dans des buts plus ou moins avouables. Leurs péripéties seront saupoudrées d’action et de concepts écolos, entourées d’une aura plus mystique que scientifique, ce qui pourrait étonner dans un titre tagué science-fiction.
Toutes ces idées sont pleines de promesses, et la mise en images de Didier Cassegrain est assez efficace : les illustrations sont colorées, la jungle est fournie, les personnages expressifs et animés. Le découpage des cases est maîtrisé, présentant par moments des illustrations en page pleine. Dommage que le rythme narratif soit par moment un peu lent !
Mais Yann se rattrape sur la justesse des dialogues, collant aux personnages (même si le parler « autochtone » des chevaucheurs de chenilles pourrait en énerver quelques-uns). Il glisse d’ailleurs dans les échanges quelques jeux de mots pas toujours faciles à débusquer. Le côté misandre poussé à l’extrême est à prendre au second degré, comme une bonne blague potache, sous peine d’exaspérer rapidement certains lecteurs.
En bref, cette troisième adaptation des œuvres de Stefan Wul convainc un peu moins que les précédentes, mais se laisse malgré tout agréablement lire. La fin laisse porte ouverte sur un tome 2 que l’on espère plus fourni concernant la trame globale de l’histoire, avec un rythme narratif un peu plus rapide !
(T1) Une chenille pour deux
Série : Piège sur Karkass
Scénario : Yann
Dessin & couleurs : Didier Cassegrain
Éditeur : Ankama
Dépôt légal : 17 janvier 2013
Format : 233 x 312 mm
Pagination : 56 pages couleurs
ISBN : 978-2-35910-369-4
Prix Public : 13,90 €
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