Pour la deuxième fois, Martial Caroff nous prend par les tripes et nous immerge dans une noirceur étouffante.
Le ton reste identique au premier tome avec une sorte de froideur qui tente de garder le lecteur à distance et en même temps qui l’attire dans les abimes de la vie.
Dans cette histoire, les faux-semblants ont la part belle. Impossible de savoir qui est mauvais, et qui l’est encore plus. L’auteur ne laisse plus vraiment de place au bonheur et à la chance. Il n’épargne aucun de ses personnages, qu’ils soient secondaires ou de premier plan. Et n’épargne pas non plus le lecteur qui cherche une bouée un peu chaleureuse à laquelle se raccrocher.
Mais quelqu’un a-t-il vraiment envie d’être sauvé ?
Même la candeur de Ronan est égratignée et prend des teintes de noir. On ne peut plus compter sur lui pour nous donner une bouffée d’air radieuse.
Au milieu de toute cette nasse, un petit tic devient agaçant, celui de faire parler Karl comme un type de banlieue avec l’argot de la téci. Mais il en fait tellement qu’on ne le comprend plus et qu’on se lasse de ce parler ringard. On ne tient pas à ce qu’il récite du Molière dans le texte, mais ce langage nuit à l’intelligence de ses propos. Et ayant côtoyé quelques lascars, ils ne plongent pas autant dans la caricature.
Ceci étant dit, on s’y habitue et on prend la claque de ce second tome en pleine face. On est tenu en haleine. On ose à peine croire à certains virages qu’a osé prendre Martial Caroff dans son histoire, tellement on aimerait que ce ne soit pas possible, et que lui, là, il se relève, parce que bon… Ce n’est pas possible autant de noirceur ?
Peut-être se dit-on ça car le livre est censé s’adresser à des adolescents et que le politiquement correct de ces dernières années nous a amenés à une sorte d’autocensure. Mais finalement, on apprécie qu’un auteur écrive du polar noir pour les ados, ces polars que je devais à cet âge aller chercher dans les rayons « adulte » et qui ne m’ont pas rendu fou (enfin je crois). Juste un amateur de la vie, même sous ses pires aspects.
C’est avec beaucoup d’attente, et de souffle retenu, que j’attends la conclusion de cette trilogie, qui donnera, je l’espère, des idées à d’autres éditeurs…
Et à voir la production qui arrive, c’est peut-être déjà en marche.
Titre : Layla
Série : La Trilogie Noire – Tome 2
Auteur : Martial Caroff
Couverture : Mark-Erwann Tarisse
Éditeur : L’Archipel
Collection : Galapagos
Pages : 215
Format (en cm) : 14 x 21 x 1,8
Dépôt légal : septembre 2012
ISBN : 978-2809807806
Prix : 14,95 €
Martial Caroff sur la Yozone :
« Karl : La Trilogie Noire - T1 »
« Exoplanète »
« Antarctique »
« Les profanateurs »