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Prince de l’Orage (Le) (T1) Le Cœur de la Tempête
M. Bichebois & G. Zeloni
Les Humanoïdes Associés

Le premier triptyque, « L’Enfant de l’Orage », nous présentait les origines de Laïth, ce jeune garçon capable de créer des éclairs pour ressusciter les morts. Le scénario de ce premier cycle en avait séduit plus d’un. La suite, initialement prévue en 2011, était donc particulièrement attendue.
Il aura finalement fallu attendre trois ans pour, depuis la sortie de précédent opus, « Où Portent les Courants », pour voir apparaître ce volume dans les rayons de nos meilleurs libraires. Cette attente était-elle légitime ? Oui incontestablement, même si cet album ne plaira pas à tout le monde.



Tout d’abord, bien que “Le Cœur de la Tempête” se présente comme le premier épisode d’une nouvelle série, il me parait difficile, voire impossible, d’appréhender cet ouvrage sans avoir lu les trois tomes du cycle précédent. Les références aux trois précédents livres sont bien trop nombreuses et la page d’introduction, au début de cet album, ne suffit pas à comprendre l’univers créé par Manuel Bichebois. C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison que l’éditeur a sorti en 2010 ces trois livres au format intégral. Un moyen facile et économique d’acquérir ces épisodes.
Le scenario du premier cycle avait plu à de nombreux lecteurs. De prime abord assez classique, cette quête initiatique présentait un univers riche et des personnages attachants. Son style proche du steampunk lui conférait une touche d’originalité intéressante. Bien sûr, pour de nombreuses raisons (raccourcis narratifs, caricatures de certains personnages…), cette histoire ne faisait pas l’unanimité, mais l’esthétisme des planches suffisait à convaincre les derniers septiques. Qu’en est-il aujourd’hui ?

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Dans ce nouveau cycle, Laïth est un jeune adulte, fraichement papa, qui profite des journées paisibles avec sa femme et ses amis retrouvés. Sept années se sont écoulées depuis la mort accidentelle de leur dernier compagnon, à la fin du tome trois. Tous vivent sous le même toit, sur une petite île isolée de Nâmo. Même s’il ne maîtrise pas ses pouvoirs, Laïth, aidés par ses proches, apprend à les catalyser. Une potion du jeune chercheur Dalün minimise les effets des orages sur le jeune homme et sa descendance, visiblement sensible aux mêmes phénomènes.
Depuis l’affaiblissement de leurs ennemis il y a sept ans, ils profitent ensemble de ces moments de paix bien mérités. Mais leurs adversaires ne s’avouent pas vaincus pour autant. Dans l’ombre, ils préparent tous leur riposte. Le sombre Fïnhras s’approche des portes de Nâmo, son fils décédé toujours caché dans sa roulotte et raccordé à la machine diabolique du savant. Le nouveau président de Frätt, Alghärd, dictateur sanguinaire régnant sur cette contrée industrielle, entend toujours étendre son territoire, conquérir le monde. Enfin, Tuhitep, ancien compagnon de Laïth rongé par la haine, attend le bon moment pour assouvir sa vengeance. Ces trois compères sont prêts à tout pour atteindre leur but funeste, y compris unir leurs forces…
Laïth et ses compagnons n’ont plus le choix. Ils doivent fuir. Rejoindre Medillum en passant par Vuenthal. Mais peut-on se cacher d’une telle alliance maléfique ? Le pouvoir de Laïth fait décidément beaucoup d’envieux.

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Le scénario de cet album est l’occasion de retrouver certaines vieilles connaissances. Les personnages et les lieux ne seront pas des découvertes pour le lecteur connaissant la précédente trilogie. On regretterait presque que la petite équipe, dans sa fuite, n’empreinte pas un nouvel itinéraire, ne croise pas d’autres autochtones. Ceci aurait sans doute enrichie le récit et nous aurait fait profiter d’une autre vision de ce monde fantastique. Dommage. Néanmoins, malgré ces lieux connus, les décors ne sont pas strictement identiques à ceux du cycle précédent. Pourquoi ? Tout simplement parce que le dessinateur à changer. Didier Poli, graphiste historique de la saga, a changé de maison d’édition. Pour ce livre, sa participation se limite à la couverture. Giulio Zeloni, jeune dessinateur italien, prend la succession aux crayons. Cet ouvrage constitue son premier album comme dessinateur. Du coup, il est intéressant de comparer les travaux des deux artistes, les différences de cadrage, d’expressions des personnages...
Même si le trait est différent, ce nouvel épisode s’inscrit parfaitement dans la continuité des précédents volumes. Non seulement les personnages et les lieux sont facilement reconnaissables, mais le talent de Giulio Zeloni est indéniable. Ses décors débordent de détails et d’effets visuels. Ses costumes sont originaux et crédibles. Les lignes sont maîtrisées. Il a parfaitement su s’imprégner de l’univers visuel créé par Didier Poli.
Pour garantir une certaine continuité malgré tout, les éditeurs ont judicieusement conservé le même coloriste que le dernier tome : “Où Portent les Courants”. Et la qualité des teintes de Tatto Caballero est incontestable.

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Le choix du nouveau graphiste n’a pas dû être facile pour l’éditeur. D’ailleurs, en janvier dernier, sur le site internet des Humanos, on pouvait lire un autre nom en tant que dessinateur de la série. De même, les planches présentées comme étant des extraits de ce nouveau tome, ne sont pas celles que l’on retrouve dans l’album. Durant la phase de sélection, plusieurs artistes ont visiblement dû réaliser des planches de la BD. Le choix de Giulio Zeloni semble donc parfaitement légitime. Cependant, un tel changement, ne pourra pas plaire à tout le monde.

D’autres éléments pourraient décevoir les plus critiques. Le scénario onirique reste très classique. « Encore une histoire de vengeance, de combat pour sauver les siens et de pouvoir à maîtriser » diront certains. Certes. Par ailleurs, comme dans les précédents opus, quelques raccourcis narratifs gênent parfois la lecture. Toujours le même dilemme. Faut-il condenser une histoire en un seul volume, et ne pas développer certains aspects du récit, ou, à l’averse, multiplier les albums pour enrichir la trame narrative au risque de perdre les lecteurs dans une histoire sans fin ? L’équilibre est très subtil et toujours difficile à trouver. Contenter tout le monde est impossible.

Mais ces rares défauts ne suffisent pas, selon moi, à détourner le lecteur. L’univers de Manuel Bichebois reste captivant et les dessins de Giulio Zeloni sont dignes de son successeur. Cette série mérite votre attention. Le prochain épisode s’intitulera “Les Brumes Assassines”. Aucune date de sortie n’a été annoncée pour le moment.


(T1) Le Cœur de la Tempête
- Série : Le Prince de l’Orage
- Scénario : Manuel Bichebois
- Dessin : Giulio Zeloni
- Couverture : Didier Poli
- Couleurs : Tatto Caballero
- Éditeur : Les Humanoïdes Associés
- Dépôt légal : 18 avril 2012
- Format : 240 x 320 mm
- Pagination : 48 pages couleur
- ISBN : 978-2-7316-2284-3
- Prix Public TTC : 13,10 €


A lire sur la Yozone :
Intégral L’Enfant de l’Orage


Illustrations © Zeloni et Les Humanoïdes Associés (2012)



Allison & Julien
16 novembre 2012




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