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Kyo-Ichi
Motoro Mase
Kaze Seinen

Masuda ne parle plus avec son fils Koji que par mail. Il a baissé les bras depuis que sa femme met une pression hallucinante au niveau scolaire, même en primaire. L’enfant est sous la tyrannie de sa mère, subissant ses brimades et plutôt que de le défendre, Masuda a fui, comme il le fait ce soir en partant boire un verre avec ses collègues de travail. Sur le chemin, ils croisent un couple tabassé par un inconnu. Le chef de Masuda décide d’intervenir mais l’homme est un fou furieux et il faut que tous ses collègues interviennent. Mais même cela ne suffit pas et l’homme parvient à poignarder Masuda à la jambe. Par réflexe de protection, il shoote dans la tête de son agresseur et lui brise la nuque. Le groupe décide d’abandonner le corps et d’oublier l’accident mais Kyo-Ichi ne meurt pas si facilement.



Qu’est-il arrivé au chef de Masuda ? Il est retrouvé tailladé dans le métro puis mort à l’hôpital ? Est-ce vraiment un hasard, de pures coïncidences ? Mais quand un autre membre du groupe qui s’est occupé de Kyo-Ichi est retrouvé mort, Masuda commence à s’inquiéter. S’il était seul, cela irait mais il y a sa femme et son fils. Et quand il reçoit par la poste, comme cadeau de Kyo-Ichi, la tête de son chien et qu’il retrouve Koji tagué avec le dessin de cet oeil que Kyo-Ichi avait tatoué dans le cou, Masuda est sûr d’une chose : s’il veut que son fils soit en sécurité, il va devoir s’occuper de ce fou et de sa bande. Mais comment se débarrasser d’un homme qui devrait être mort à cette heure ? Est-il réellement immortel ? Grace à son fils, Masuda découvre ce que cache cet étrange symbole et cela n’est pas fait pour le rassurer. Il doit se préparer au pire, leur tendre un piège. Toutefois, comme souvent, rien ne se passe comme il l’avait prévu.

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Motoro Mase a explosé en France grâce à la série « Ikigami, Préavis de mort ». Cette série d’anticipation a séduit par son idée originale mais aussi le côté très humain, très réaliste des histoires qu’il contait. La dernière histoire de « Kyo-Ichi » est en fait la nouvelle qui sera à l’origine de cette série. Et elle est assez représentative des idées qui y seront développées par la suite. Dans cette histoire, nous suivons deux condamnés à mort, mais pas de trace de fonctionnaire livrant l’Ikigami, Fujimoto étant une création pour la série. Mais le ton et les sujets évoqués dans cette histoire montrent la voie : que feriez-vous si il ne vous restait que 24 heures à vivre ? Deviendriez-vous un démon, sans morale, ou feriez vous le bien ?

« Kyo-Ichi » change totalement d’« Ikigami, Préavis de mort ». Dans cette nouvelle, Motoro Mase s’attaque au fantastique avec un récit très sombre et horrifique. La première partie, dédiée au personnage de Masuda, nous présente Kyo-Ichi et ses pouvoirs de mort vivant. Comme dans tout bon film d’horreur, nous ne connaîtrons pas l’origine de ses pouvoirs, ni trop comment ceux-ci se communiquent aux autres personnes. Motoro Mase nous montre la violence à l’état pur, le pire côté de l’être humain, mais en relativisant les tortures perpétuées sur les collègues de Masuda par la folie et le côté morts-vivants des acolytes de Kyo-Ichi.

Ce mode horrifique donc non réaliste est plus vicieux dans la seconde partie dédiée à Koji. Cette fois, Mororo Mase s’attaque aux sectes et aux conséquences que cela peut avoir sur des esprits manipulables comme ceux d’enfants ou d’adolescents. La scène où le jeune garçon tue sa mère avec une télévision est très forte et met le lecteur dans l’état d’esprit qui restera le sien jusqu’à la fin de l’histoire. On peut penser à des films comme « The Children » à la lecture de cette seconde partie de « Kyo-Ichi » ou encore « Le Fléau selon Clive Barker », l’age des personnages étant plus proche. C’est aussi l’occasion de parler de la maltraitance à l’école, des élèves devenus boucs-émissaires et l’aveuglement des professeurs sur leur sort, comme dans la série « Life ».

« Kyo-Ichi » date de 2008, et les dessins de Motoro Mase montrent parfois certaines faiblesses dans les petites cases. Toutefois, cela n’a rien de problématique et n’enlève rien à la lecture qui est vraiment addictive, car avant tout, Motoro Mase est un conteur né et son dessin réaliste plonge dès la première case le lecteur dans son univers et ne lâche plus jusqu’à la dernière planche.

« Kyo-Ichi » est une histoire originale qui montre l’étendu du talent de ce mangaka, à l’aise dans le réalisme comme dans le fantastique.


Kyo-Ichi
- Auteur : Motoro Mase
- Traducteur  : Jacques Lalloz
- Éditeur français : Kaze Manga
- Collection : Seinen
- Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
- Pagination  : 320 pages
- Date de parution : 26 septembre 2012
- Numéro ISBN  : 978-2-82030-511-4
- Prix : 8,89€


A lire sur la Yozone :
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Ikigami, Préavis de mort (T3 et 4)
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KYO-ICHI © 2008 Motorô MASE / Shogakukan Inc.
© Edition Kaze Manga- Tous droits réservés



Frédéric Leray
3 novembre 2012




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