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Galaxies n°19 (Nouvelle Série)
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Revue, n°19, SF, nouvelles - articles - critiques - entretien, septembre 2012, 192 pages, 11€

Le dossier de cette dix-neuvième livraison est consacré à Joëlle Wintrebert et occupe presque 80 pages ! Autant dire qu’il s’annonce prometteur et source de bien des découvertes sur l’auteure.
Trois morceaux de choix s’en dégagent. En plus de l’interview avec de nombreuses interventions extérieures et la nouvelle “L’enfant du lignage”, Ketty Steward est allée rendre visite à Joëlle Wintrebert, nous permettant ainsi de partager son univers créatif. C’est ici la première apparition de la rubrique “Du côté de…”



Que trouve-t-on vraiment dans ces 80 pages sur Joëlle Wintrebert ? Une introduction de Lucie Chenu, deux extraits d’un mémoire de DEA écrit par Jean-Christophe Hoël et s’attardant sur les trois romans : « Les Maîtres-Feu », « Chromoville » et « Le Créateur Chimérique ». Bernard Blanc, qui a publié la première version des « Olympiades Truquées » chez Kesselring en 1980, nous livre un papier à l’humour des plus lourds et des plus dispensables. Suit une bibliographie commentée de ses parutions.
C’est avec plaisir que j’ai retrouvé le type d’interview apparu à l’occasion de la première collaboration Lunatique – Galaxies. En plus des questions – réponses, de nombreux intervenants apportent leur point de vue sur Miss Univers, surnom que lui a donné Roland C. Wagner à l’époque où l’écrivaine s’occupait de l’anthologie « Univers » chez J’Ai Lu. C’est intéressant tout du long.
Mon seul regret, c’est le peu d’iconographie qu’on y trouve, même si les apartés occupent un peu cet espace.

L’enfant du lignage” nous présente une Terre qui a considérablement évolué, car une solution drastique pour l’avenir de la planète a été utilisée. Niall découvre peu à peu l’histoire de la société dans laquelle il vit, du rôle joué par ses ancêtres et surtout qu’il y a des autres, qui aimeraient changer l’ordre des choses.
Une fois commencée, cette nouvelle nous happe littéralement. Le monde décrit, cet enfant dont le regard se dessille petit à petit, la politique et ses enjeux, un passé terrifiant… tout concourt à en faire un texte fascinant et d’une grande profondeur. Une preuve supplémentaire du talent de cette écrivaine attachante.

Pour inaugurer la nouvelle rubrique : “Du Côté de chez…”, quel meilleur choix que celui de Joëlle Wintrebert pouvait faire Ketty Steward ? Elle nous convie à partager l’intimité de l’auteure en passant quelques jours à ses côtés. Intéressant.

Pour le reste du sommaire, en plus des habituelles chroniques de livres et de bandes dessinées, Philippe Ethuin nous parle du Capitaine Danrit, de son vrai nom Émile Auguste Cyprien Driant (1855-1916), et de ses récits faisant la part belle à la guerre contre tous et à une idéologie critiquable. Lors de la Grande Guerre, il a même repris du service pour affronter les Allemands et c’est sur le champ de bataille de Verdun qu’il meurt en février 1916. On peut parler d’une découverte vraiment étonnante.
Notons également un agréable passage par Babel, une exposition aux palais des Beaux-Arts de Lille.

Restent les six nouvelles.
Philippe Heurtel part d’une très bonne idée. Le silicium a vécu, vive l’eau ! Le terme eaurdinateur est entré dans le langage courant. L’eau véhicule à présent les informations. En cas de problème, il ne faut plus s’adresser à un électronicien, mais à un plombier apte à manier toutes ces micro-vannes et autres siphons.
D’une grande originalité, “Ghost in the shellfish” se lit avec plaisir.

Gagnant du Prix Alain Le Bussy 2012 (anciennement Prix Infini) : Olivier Caruso avec “Les quatre saisons de la Baleine”. À l’occasion des textes parus dans « Borderline 19 » et « AOC 22 », Olivier Caruso se démarquait déjà par une prédilection pour le bizarro et un style certain. “Les quatre saisons de la Baleine” confirme cette impression.
Difficile de raconter l’histoire de ces deux enfants dont la vie dérape. Et quel est vraiment le rôle de la Baleine, un obèse détenant le commerce de la drogue ultime sur Mars ? Entre rêve et réalité, Olivier Caruso prouve qu’il est à suivre.

Philippe Curval nous parle d’une étrange forme de vol : celui des mots ! Un écrivain en oublie un, ce qui le tracasse ; une femme perd peu à peu le langage, car trop de son vocabulaire a disparu. Mais pourquoi ces délits ?
En partant d’un postulat de départ plutôt simple, Philippe Curval imagine toute une histoire, dépassant le cadre initial. “Terreur sur l’oubli” s’avère original, mais ne parvient pas à marquer durablement le lecteur, ce qui est d’ailleurs le cas de la majorité des nouvelles au sommaire.

Dans “Les lupins bleus” de Patricia Anthony, une fille sur le départ doit donner l’accord pour l’euthanasie de sa mère. Selon la société, elle a fait son temps, mais la décision appartient tout de même à sa fille, qui se souvient des rapports avec sa maman. Cette dernière ne l’a jamais reconnue comme artiste, l’a toujours brimée, lui montrant très rarement de l’affection. Pourtant, elle peine à dire oui.
Récit intimiste, manquant de mordant et de rythme.

Darko Macan signe aussi un texte sans grand rythme, mais l’ambiance est telle que je le trouve génial. Ce Croate nous initie à une drôle de guerre. Tout se passe sous terre, dans un couloir se terminant sur une porte à garder. Qui est derrière ? D’ailleurs, qui est l’ennemi ? Les années passent, le soldat prend sa mission toujours plus à cœur.
Jusqu’au bout, le mystère demeure intact et nous pousse à la réflexion. “Le Couloir” est une incontestable réussite et une véritable découverte.

Pour finir, Arvind Mishra ne nous livre pas un papier sur la science-fiction en Inde, mais une nouvelle : “Amertume”. Il y pose la question pleine de bon sens : qui, de l’homme ou de la machine, est le plus humain ? En effet, un professeur constate que les robots prennent bien plus soin de lui que sa famille qui a des visées plus intéressées et plus matérielles.
Court, interrogatif, mais ne laisse pas grandes traces.

Un numéro de « Galaxies » dominé par l’important dossier sur Joëlle Wintrebert et la très bonne nouvelle de Darko Macan.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 19 (61 dans l’ancienne numérotation)
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Couverture : Michel Borderie
Type : revue
Genres : SF, articles, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : septembre 2012
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
7 novembre 2012


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