Un petit village de montagne...
Ruhenheim, un petit village au sud de l’Allemagne, coincé au milieu des montagnes. Pas vraiment un lieu touristique d’ordinaire mais ces temps-ci, les étrangers se font plus nombreux. Et parmi eux, le commissaire Runge. Sa traque de Bonaparta l’a emmené dans cette petite bourgade qui ne paie pas de mine. Mais il n’est pas le seul à avoir traqué celui qui lava le cerveau de Johann jusque là. Grimmer arrive lui aussi à l’hôtel Versteck, devenu un haut lieu touristique soudainement. Mais cette charmante petite ville cache aussi de nombreux secrets peu avouables, comme le petit Wim battu par un père alcoolique et persécuté par les autres enfants, la charcutière qui ne pense qu’à fuir ce bled paumé aux bras d’un gentil garçon, ce couple ayant gagné au loto et qui devient totalement parano, convaincu que tout le village souhaite leur voler leur argent. Il suffirait d’une étincelle pour que toute cette poudrière explose...
... et arriva le chaos !
Le plan de Johann est terrifiant : il compte organiser son suicide et avec lui emporter tous ceux qui forment ses souvenirs, mais suivant un schéma très précis, celui du massacre de la villa des rosiers. Et le petite village de Ruhenheim devient la proie d’une crise de folie collective. Un bras arme en secret les habitants pour qu’ils s’entretuent. Et pourtant, tous les cadavres trouvés par Runge et Grimmer ne sont l’oeuvre que d’une seule arme. Quelqu’un met en oeuvre le plan de Johann, assassinant consciencieusement tous les habitants. Toutefois, la cible principale n’est pas le policier et encore moins Tenma. La cible première de Johann est évidemment Franz Bonaparta ou plutôt Klaus Poppe, devenu un simple gérant d’hôtel, si bon avec tout le monde. Qui pouvait penser que cet homme provoquerait un nouveau massacre dans ce coin reculé d’Allemagne, coupé du monde par une pluie torrentielle qui n’en finit pas ? Le temps de la confrontation finale est venu, tous les protagonistes sont bien présents, et Johann compte mettre fin à tout cela grâce à l’arme que tient Tenma...
La fin d’un chef-d’oeuvre
Il est toujours difficile de faire le résumé d’un dernier tome sans gâcher trop de suspense, surtout quand il s’agit d’une série policière comme « Monster ». Le génie de Naoki Urasawa va littéralement exploser dans ces deux ultimes tomes réunis dans ce volume 9 de l’édition deluxe de « Monster ». Toutes les pièces du puzzle qui restaient encore un peu disséminer de-ci de-là vont prendre parfaitement leur place, de façon terrifiante car le final que nous réserve le mangaka est tout bonnement prodigieux. Le plan qui va se refermer mécaniquement sur le village de Ruhenheim fait un peu penser à la mécanique que Stephen King avait mis en place pour se débarrasser de la ville de Castle Rock dans « Bazaar ». Mais là où King faisait intervenir le fantastique pour rendre fou la population de sa bourgade du Maine, Naoki Urasawa joue avec l’esprit des habitants sans besoin une seule seconde du surnaturel.
Et c’est là toute la force de cette série : tout est plausible. Qui peut savoir si de tels lavages de cerveaux sur des enfants n’ont pas réellement été réalisés dans les pays de l’Est durant la Guerre Froide ? Et le mangaka est parvenu à convaincre son lectorat que la réponse est certainement oui ! Le tome 17 met en place ce qui sera un nouveau carnage et, comme pour le roman de King, la question n’est pas si nos héros vont pouvoir empêcher le massacre mais bien qui va survivre au plan implacable de Johann. La raison des actions du monstre nous est aussi révélée et sa simplicité est terrifiante : effacer ses souvenirs. Naoki Urasawa n’a-t-il pas tout simplement trouvé la cause d’une grande partie des meurtres de tueurs en séries : mettre fin à leurs terribles souvenirs d’un passé monstrueux ? Non, ce serait très présomptueux d’oser insinuer une telle chose mais sa mécanique narrative est très efficace et implacable par sa crédibilité.
Le tome 18 composant la fin de volume sera donc une suite d’affrontements, de sacrifices, les héros subissant des pertes tout autant que les méchants. Mais surtout, le mangaka va introduire deux notions primordiales qui sont quelque part les fondations de cette série. Tout d’abord le pardon, car finalement cette course sanglante est bien une quête de rédemption pour les deux jumeaux, chacun à leur manière et qui a malheureusement entraîné bien des vies dans leurs sillages. Nina est de son côté convaincue que, si elle avait pardonné à son frère ses meurtres plutôt que chercher à le tuer, ils n’en seraient pas là. Tenma, même s’il est certain de vouloir abattre Johann, ne veut en fait que sauver ce garçon de son destin tragique...
Oui destin, un terme qui va prendre toute sa force en fin de tome avec une forme de boucle dans la vie de nos héros, mais aussi cette question éternelle dans le pays du soleil levant : peut-on échapper à son destin ? Et si Tenma défiait le destin en sauvant Johann et que celui-ci cherchait en fait à se rétablir par les meurtres du garçon ? Certes, cela ressemble un peu au pitch de la saga cinématographique « Destination Finale », et pourtant...
Evidemment, la série ne s’achèvera pas totalement sur un happy end car Naoki Urasawa est bien trop fin, trop intelligent pour nous laisser sur une conclusion trop triviale, il va continuer à nous interpeller, jusqu’à la dernière planche qui pourrait nous laisser penser que la boucle n’est peut-être pas bouclée.
Monster, édition Deluxe (T9)
Auteur : Naoki Urasawa
Traducteur : Thibaud Desbief
Éditeur français : Kana
Collection : Big Kana
Format : 140 x 213, noir et blanc - sens de lecture original
Nombre de pages : 476 pages
Date de parution : 24 août 2012
ISBN : 9782505015260
Prix : 15,90€
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