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Broken Flowers
Film américain de Jim Jarmusch
7 septembre 2005


Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h45

Avec Bill Murray (Don Johnston), Jeffrey Wright (Winston), Sharon Stone (Laura), Frances Conroy (Dora), Jessica Lange (Carmen), Tilda Swinton (Penny), Julie Delpy (Sherry)

« Broken Flowers » a obtenu le Grand Prix du jury au dernier festival de Cannes.

La cinquantaine, Don a un lourd passé de Don Juan derrière lui. Le jour où sa copine Sherry le quitte, il reçoit une lettre anonyme lui apprenant qu’il a un fils de 19 ans parti à sa recherche. Poussé par son ami et voisin Winston (Jeffrey Wright), il part sur les routes et rend visite aux quatre femmes qu’il a fréquentées vingt ans auparavant...

Le film narre une quête initiatique que le protagoniste n’a pas désirée. La cinquantaine bien tassée, Don vit une vie monotone et casanière. Il partage son temps entre son salon, la maison de Winston (son voisin) et le restaurant où Winston prend sa pause déjeuner. Le départ de Sherry et la réception de la lettre bouleversent sa routine et l’embarquent malgré lui dans un voyage.

Don est un homme qui ne vit plus : il se laisse vivre comme il laisse les fleurs se faner chez lui. Don porte toujours les mêmes survêtements, dort sur son canapé, comme si chaque jour n’était qu’un vague calque de la veille. Il n’y a que Winston qui puisse en tirer quelque chose. Il est le seul à le faire vivre. Ils se comprennent dans l’ironie. Winston apporte un humour vital et décalé au film. Détective amateur, il s’acharne à dévoiler les évidences sous le regard amusé de Don. Pourtant, Winston réussit à persuader son ami d’aller à la rencontre de ses ex.

Don Johnston (ne pas oublier le t, source récurrente de sourires !) est tel qu’il est et ne changera pas. Ce n’est pas un personnage qui évolue. On se demande même à la fin si son voyage a été bénéfique, s’il n’a pas été qu’une parenthèse. Si introspection il y a, elle n’est pas clairement montrée. Le personnage est imperméable. Il ne laisse transparaître aucune émotion à l’égard de son éventuelle paternité. Difficile de l’émouvoir. Les seuls moments du film qui témoignent de son humanité sont ceux pendant lesquels il rêve. Les visages des femmes qu’il a rencontrées pendant son voyage viennent le hanter pendant son sommeil.
Don est immuable, statique. C’est un anti-héros. Il est passif, vide. La normalité des autres déclenche ses plus belles réactions. Face à un personnage tel que Ron (le mari d’une de ses anciennes conquêtes), il fait preuve de cynisme et provoque l’hilarité des spectateurs. sa rencontre avec certains personnages normaux les rend fades mais drôles.
Don ne cherche pas à faire amende de son passé de Don Juan, il ne cherche surtout pas à se remettre en question. Jarmusch établit un parallèle entre le personnage de littérature et son héros avec le visionnage d’un film sur Don Juan en début de film, ce qui provoque une mise en abîme -un film dans un film.

Les seconds rôles de « Broken Flowers » sont des caricatures des visages de l’Amérique. Jarmusch en fait une critique ouverte mais ironique, pertinente et franche. Ces personnages sont attachants dans leurs faiblesses, aussi bien Laura (Sharon Stone)en mère célibataire d’une Lolita trop vite grandie que Carmen (Jessica Lange) en thérapeute animalière new-age sans oublier Dora (Frances Conroy) en épouse névrosée d’un promoteur immobilier de banlieue calibrée pour finir avec Penny (Tilda Swinton), rebelle, violente et écorchée vive qui incarne à elle seule tous les « oubliés » marginaux de la société américaine.
Bill Murray trouve en Don Johnston un rôle sur mesure. Il sait jouer à la perfection les personnages absents mais, ici, échappe à son habituelle torpeur. Il retrouve un jeu de comédien pur. La mise en scène s’attarde sur les réactions des personnages face aux situations ou aux personnes qu’ils rencontrent. Jarmusch enchaîne les gros plans ou les plans rapprochés fixes à ses classiques fondus au noir, le tout ambiancé par une musique recherchée.

Bill Murray au meilleur de sa forme, parfait dans un rôle d’anti-héros déboussolé. Jarmusch filme avec détachement et rigueur cette chronique semi tragique mais si amusante...

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Jim Jarmusch
Scénario : Jim Jarmusch d’après une idée originale de Bill Raden et Sara Driver

Producteurs : John Kilik, Stacey Smith
Co-productrice : Ann Ruark

Image : Frederick Elmes
Montage : Jay Rabinowitz
Décors : Mark Friedberg
Costumes : John Dunn
Musique : Mulatu Astatke

Distribution : BAC Films, Focus Features
Production : BAC Films, Focus Features

Presse : Jérôme Jouneaux, Isabelle Duvoisin & Mathieu Rey

INTERNET


Céline Bouillaud
Valérie Hoppenot
6 septembre 2005



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