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Appleseed, le film
Japanimation de Shinji Aramaki (2004)
31 août 2005


Genre : Animation Japonaise (SF)
Durée : 1h40

Avec les voix originales de Ai Kobayashi (Deunan Knute), Juurouta Kosugi (Briareos), Emi Shinohara (Dr. Gilliam), Mami Koyama (Athena), Miho Yamada (Nike), Takehito Koyasu (Hades), Yuki Matsuoka (Hitomi), etc,.

En 2131, sur une Terre dévastée par une guerre mondiale non nucléaire, une jeune guerrière survit en poursuivant le combat. Mais ce que ne sait pas la jeune Deunan Knute, c’est qu’après avoir été secourue par une unité d’élite, l’ES.W.A.T, elle va découvrir Olympus, la cité mythique où humains et bioroïdes tentent de vivre ensemble.
Cependant, les guerres du passé n’ont visiblement pas laissé de leçons suffisamment dissuasives. A Olympus aussi, le soupçon et la révolte grondent. Entre Gaïa, l’ordinateur géant qui gère cette cité, les Sept Sages qui l’aident dans cette lourde tâche, les bioroïdes incapables de se reproduire et les forces civiles et militaires, les conflits sont latents et n’attendent qu’une occasion pour se révéler au grand jour.
L’arrivée de Deunan Knute et ses retrouvailles avec Briareos Hecatonchires (son ancien amant mortellement blessé et transformé en Cyborg mécanisé) ne sont-ils pas les alibis que toutes les parties attendent pour lancer les dés de la vengeance afin de plonger Olympus dans un chaos sans fin ?

Adaptation du célèbre manga de Masamune Shirow (5 tomes chez Glénat) et première réalisation de Shinji Aramaki (un spécialiste de l’animation 3D pour jeux vidéos), « Appleseed » propose un scénario très influencé par la mythologie grecque (versant artistique) et les toutes dernières trouvailles de l’animation ; Toon Shading et Motion Capture à tous les étages pour la technique.
Pour ce qui est du sujet, le fan de Manga devrait s’y retrouver et ne pas sentir l’esprit de l’œuvre originelle trahi. Le profane risque d’être plus hésitant dans son appréciation. S’il est un passionné de SF et d’imaginaire, le scénario risque de fort peu le surprendre tant il remet au goût du jour des plats maintes fois dégustés par le passé (la cité du futur, le complot, le super ordinateur, le conseil des sages et cie). Le spectateur lambda risque par contre de se perdre dans ces histoires d’humains, de bioroïdes (des clones humains recréés génétiquement), d’unité d’élite (l’ES.W.A.T), d’armée régulière, de Cyborgs au look de Goldorak, d’ordinateur omniscient et de sages qui déjantent passablement.
Par contre, le fan d’animation touchera une fois de plus son Saint Graal car « Appleseed » ne manque pas d’attraits. Outre l’utilisation massive du Toon Shading (une transformation d’images 3D en 2D de haute qualité) et de la Motion Capture (numérisation des mouvements humains et capture par un ordinateur afin de les recréer sous forme animée), les décors réellement très beaux, les personnages aux morphologies travaillées et individualisées ainsi que le rendu global de l’animation ne cessent d’impressionner.
Comme le tout bénéficie d’une réalisation rythmée et d’une BO intéressante (Ryuichi Sakamoto, Boom Boom Satellites, Atom, Akufen, etc,.), on peut aussi décider de savourer pleinement cette animation.

Afin d’approfondir le débat, on pourra aussi se pencher sur quelques sujets clefs abordés par « Appleseed » en particulier et l’animation japonaise en général.
D’une part et tout comme dans « Ghost in the Shell » ou sa suite, « Appleseed » aborde une fois de plus la problématique de la transformation de l’humanité en une autre entité, fusion difficile d’Adam avec la génétique moderne matinée d’un zeste de mécanique futuriste, sans oublier de s’interroger sur l’éventuelle (ou non) subsistance de l’esprit (le fameux Ghost)après ce mélange détonnant.
Or, il semble bien que les cinémas contemporains encore capables de se préoccuper de questions métaphysiques ne soient pas si nombreux sur la place... Certains utilisant plus fréquemment les délices (délires ?) bien faciles de la pyrotechnie. Influences directes du créateur originel (Masamune Shirow) de ces deux mangas emblématiques (« Ghost in the Shell » et « Appleseed ») ou questionnement artistique plus global ? Le doute subsiste mais on n’est pas loin de penser que l’animation japonaise tient un lièvre qu’elle ne lâchera pas de sitôt !
D’autre part, la capacité des créateurs japonais a s’imprégner des mythologies occidentales pour les retranscrire dans un univers futuriste tout en maintenant les particularités et les codes de la culture japonaise (personnages aux grands yeux omniprésents, importance des ancêtres, persistance de la violence comme source définitive de règlement d’un conflit) devient là aussi une marque de fabrique incontestable. Ces pistes, reconnaissables entre mille, ne trompent pas. Le Japon n’a pas fini de nous étonner artistiquement et de nous défier techniquement -bravo les gars !

Certes, « Appleseed » n’est pas totalement réussi, on pourra lui reprocher quelques approximations scénaristiques que le manga contournait plus facilement en cinq tomes. Ce qui était logique sur la durée devient plus tangent en 1h40...
Néanmoins, « Appleseed » s’insère lui aussi dans un cadre créatif réel et finalement typique. Le résultat cinématographique est donc tout à fait respectable et devrait satisfaire les appétits de nombreux fans tout en titillant la curiosité des spectateurs aventureux.
C’est déjà pas si mal et ça peut faire beaucoup de monde !

PS : Pour les fans, une petite info en passant, « Appleseed 2 » est sur les rails avec Shinji Aramaki aux manettes et John Woo est fortement concerné par le projet en tant que producteur.

FICHE TECHNIQUE
Titre : Appleseed, le film
Titre original : Seinshinsha
Réalisation : Shinji Aramaki
Scénario : Haruka Handa, Tsutomu Kamishiro
D’après les mangas de : Masamune Shirow

Producteur : Fumihiko Sori
Producteur du design : Shinji Aramaki

Musique : Boom Boom Satellites, Ryuchi Sakamoto, Paul Oakenfold, etc,.
Dessins des personnages : Masaki Yamada
Dessins des Cyborgs, machines, etc,. : Takeshi Takatura
Effets spéciaux : Yasuhiro Otsuka
Images de synthèse : Yusaku Toyoshima
Son : Dolby Digital et DTS (suivant les salles)

Droits : Masamune Shirow & Seishinsha Appleseed Partners, Kase SA
Production : Digital Frontier - Geneon Entertainment (USA) In
Distribution : Toho (Japon), Eurozoom (France)
Presse : 213 Communication, Laura Gouadain & Emilie Maison (Suresnes, France)

SITE INTERNET
http://www.appleseed.fr


Stéphane Pons
29 août 2005



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